Grâce à sa deuxième place, Corinne Suter s'est adjugé le globe de la descente samedi à Crans-Montana. La Schwytzoise devient ainsi la première Suissesse depuis 1991 et Chantal Bournissen à triompher dans cette discipline. Interrogée à ce sujet, la Valaisanne s'est dite ravie de voir enfin une Helvète lui succéder. Interview.
Chantal Bournissen, vous étiez la dernière Suissesse à avoir remporté le globe de la descente. 29 ans plus tard, Corinne Suter vous succède enfin à ce palmarès. Quel est votre sentiment?
"Je suis très heureuse pour Corinne. Je ne la connaissais pas avant de la rencontrer samedi. J'ai évidemment profité de la féliciter. Quant à mon sentiment, j'ai surtout envie de dire: 'Il était temps!' Quand le premier journaliste m'a appelé, je ne savais pas ce qu'il me voulait. Je ne m'étais pas du tout imaginé que personne n'avait gagné ce globe depuis mon succès en 1991. Je trouve d'ailleurs assez étrange que Corinne n'était même pas née lorsque j'ai décroché mon globe."
Justement, comment expliquez-vous cette si longue attente?
"Il y a toujours des vagues dans les équipes. Honnêtement, je pensais que Lara (ndlr: Gut-Behrami) avait remporté ce globe. Elle avait en réalité triomphé en Super-G (ndlr: en 2014 et 2016), ce qui n'est quand même pas rien. Je pense qu'il n'y avait pas les bonnes coureuses au bon moment. Le globe est surtout la consécration de toute une saison. Il faut donc être épargnée par les blessures. Je trouve d'ailleurs que les jeunes subissent aujourd'hui plus de blessures qu'à mon époque, notamment à cause du matériel. C'est pourquoi je pense qu'il est encore plus difficile de remporter un globe maintenant."
Que pensez-vous de Corinne Suter? Est-ce que vous vous retrouvez en elle?
"J'ai remporté mon globe à 24 ans, alors que Corinne l'a glané à 25. Je trouve surtout qu'elle est rayonnante et douce. Je ne veux pas du tout me comparer à elle, mais on m'a rapporté qu'elle n'aime pas forcément se retrouver sur les premières pages des journaux. Je trouve que, sur ce point, je lui ressemble. Je n'aimais pas trop ça non plus."
La renaissance de l'équipe de Suisse vous réjouit-elle?
"Oui, c'est extraordinaire. Depuis un moment, on avait lâché le classement des nations. Cette année, ça revient et la Suisse est de nouveau au premier plan. C'est magnifique, surtout avec les petites guéguerres qu'il y a eues dans le passé. C'est toutefois mérité car il y a beaucoup de travail derrière ces succès. Swiss-Ski s'est également remis en question."
Les succès actuels vous rappellent-ils la période dorée qu'a vécue la Suisse lors des années 80-90?
"Oui, évidemment. A cette époque, on parlait beaucoup de ski. Je trouve d'ailleurs qu'aujourd'hui beaucoup de gens s'intéressent et parlent à nouveau de notre sport. Je ne sais pas si c'est lié, mais j'ai aussi l'impression que beaucoup de monde repratique le ski. Ce dernier et les autres sports de neige se trouvent actuellement dans une bonne phase."
Vous avez gagné le titre mondial du combiné en 1991 et donc ce globe de la descente lors de la même année. Lequel de ces deux succès a le plus de valeur à vos yeux?
"Lorsqu'on me présente, on m'introduit en qualité de championne du monde. A mes yeux, le titre de combiné a toutefois moins de valeur que le globe de cristal. Ce dernier représente le travail, le mental, le physique et la régularité qu'il fallait avoir sur toute une saison. Mais je ne crache évidemment pas sur mon titre!"