Daniel Yule s'apprête - enfin - à lancer ses Championnats du monde dimanche à Cortina à l'occasion du slalom masculin. Le Valaisan prendra le départ avec l'ambition de "sauver" une saison pour le moment en demi-teinte. Interview.
Daniel Yule, vous n'étiez pas totalement sûr de participer à ces Championnats du monde. Est-ce un soulagement d'avoir été retenu par Swiss-Ski ?
"J'avais quand même bon espoir d'être aux Championnats du monde. Quand six coureurs répondent aux critères, on sait toutefois que deux d'entre eux vont rester à la maison. Après le dernier slalom à Chamonix, j'avais pu discuter avec les entraîneurs et ils m'avaient dit ce qu'ils avaient en tête. Je savais donc à quoi m'attendre, mais je suis évidemment très content d'être là. La saison jusqu'à présent n'a pas répondu à mes attentes. Les Mondiaux me donnent l'occasion de rendre cet hiver très beau. C'est aussi ça la beauté du ski. Après ces joutes mondiales, il restera cependant encore deux courses - à Kranjska Gora puis aux finales à Lenzerheide - pour essayer de briller."
Vous l'avez évoqué, six slalomeurs suisses avaient répondu aux critères qualificatifs. Tanguy Nef et Sandro Simonet sont finalement restés sur le carreau. Est-ce une chose à laquelle on pense ?
"Non, ou en tout cas pas quand je suis au départ. Pendant les entraînements ces deux dernières semaines, je me sentais cependant privilégié d'avoir reçu la confiance des entraîneurs. Mes résultats obtenus cette année à certaines occasions ou lors des derniers exercices ont pesé, du moins je l'espère. C'est pourquoi je n'ai pas l'impression d'avoir volé ma place. Je suis toutefois conscient que cette décision n'a pas dû être facile à prendre pour les entraîneurs. On sait que seulement quatre coureurs par nation peuvent prendre le départ lors des grands rendez-vous. Cette loi laisse forcément à la maison d'habituels candidats au podium en Coupe du monde. On peut discuter de la justesses des règles, mais personnellement je suis déjà concentré sur la course de dimanche."
Dimanche justement, vous allez retrouver une piste raide. De bon augure ?
"C'est effectivement quelque chose qui me réjouit beaucoup. Ce n'est toutefois pas parce que ce sera raide que je vais skier vite. Le chrono partira à zéro pour tout le monde. Que ce soit raide ou plat, il faudra que je donne mon maximum et que je réalise deux bonnes manches. Mais c'est sûr que j'ai un peu plus le sourire quand c'est raide."
Les températures annoncées dimanche à Cortina sont par contre élevées, ce que vous n'appréciez pas forcément. Pensez-vous avoir trouvé les bons réglages au niveau du matériel ?
"On a fait un step en avant avec 'Fischer' à ce niveau-là. Le ski a l'air de bien fonctionner dans des conditions chaudes. On l'a vu lors des deux géants : le sel marche vraiment très bien avec le soleil et la piste a l'air de très bien tenir. On verra donc comment seront les conditions dimanche, mais j'ai bon espoir d'avoir trouvé les clés au niveau du matériel. J'ai d'ailleurs retrouvé de bonnes sensations ces derniers jours à l'entraînement. J'ai à nouveau de la légèreté dans mon ski et un meilleur timing. Si j'arrive à reproduire dimanche ces sensations, je serai dans le coup."
Dimanche, vous allez d'ailleurs pouvoir skier sur une manche piquetée par votre entraîneur. Un avantage ?
"Ce n'est en tout cas pas un désavantage. Je ne pense pas que les entraîneurs vont essayer de nous inventer un truc de tordu. Je reste toutefois persuadé que peu importe qui trace, les meilleurs sont généralement devant. A mon avis, ce sera à nouveau le cas dimanche. On sait peut-être un peu plus à quoi s'attendre lorsque nos entraîneurs tracent, mais il faut quand même skier."
Vous avez toujours connu l'élimination en individuel aux Championnats du monde. Allez-vous aborder différemment votre course dimanche ?
"En soi, ça ne change rien. Qu'on ait déjà des médailles mondiales ou pas, la course de dimanche reste celle des Championnats du monde de slalom. On ne peut pas y échapper. Si on est quelqu'un avec un palmarès comme Marcel Hirscher, on pourrait presque dire : 'Une de plus, une de moins, qu'est-ce que ça change ?' Je suis cependant sûr que tous les coureurs au départ dimanche seront là pour la gagne et pour donner leur maximum. Ce sera la même chose pour moi. Qu'on ait eu des médailles avant ou pas, ça ne fait pas de différence dans l'approche de la course."