Le Vaudois Killian Peier (23 ans) a remporté une sensationnelle médaille de bronze aux Championnats du monde sur le grand tremplin à Innsbruck. Il est le septième Suisse à décrocher une médaille mondiale en saut à skis. Markus Eisenbichler et Karl Geiger ont permis à l'Allemagne de fêter un doublé.
Lorsque le chiffre 3 s'est allumé sur le grand écran de l'aire d'arrivée, Peier est devenu intenable. En quelques secondes, le Vaudois a été soulevé du sol par ses coéquipiers Simon Ammann, Andreas Schuler et Luca Egloff et transporté sur leurs épaules à travers le stade. La télévision autrichienne ORF a même choisi cette scène comme image du jour.
Peier a posé les bases de sa place sur le podium au cours de la première manche lorsqu'il a devancé toutes les stars avec un saut de 131 m. Le sauteur de La Sarraz s'est retrouvé soudainement dans le rôle de favori à la suite de son saut impeccable lors de la première manche. Ils étaient alors quatre à se partager les espoirs de médaille. Le grand dominateur de la Tournée de quatre tremplins, Kobayashi a complètement manqué son deuxième saut. Il a laissé la voie libre à Eisenbichler, qui attendait toujours son premier succès en Coupe du monde.
Avec le plus long saut de la journée – 135,5 m – l'Allemand s'est mis hors de portée de ses deux adversaires. Peier s'est élancé le dernier et a su conserver ses nerfs pour ne pas se désunir. Il a assuré le bronze avec un saut de 129,5 m. «C'est vrai que c'était nouveau pour moi de sauter en dernier. Mais je me suis dit que j'étais en forme. Alors j'y vais», relevait Peier au micro de la RTS.
«Cela a duré une éternité jusquà ce que le résultat soit annoncé», pouvait tout de même se réjouir Peier après que la tension soit tombée. Quelle tension ? Le sauteur romand s'est montré si cool comme il ne l'avait jamais été auparavant. «Je n'avais rien à perdre mais tout à gagner. Il n'y avait rien d'autre à faire que tout donner.» Le sourire qui illuminait son visage témoignait de la valeur de ce succès.
La déception des Jeux
Cette médaille de bronze est une récompense pour la progression éclatante observée cette saison quand on se souvient que l'an dernier, Peier n'avait même pas réussi à se qualifier pour les Jeux olympiques. Le sauteur vaudois s'est remis en question et a brillé dès les concours du Grand Prix d'été.
Cet hiver, il a sauté régulièrement dans le top 10, avec une 7e place dans le cadre de la Tournée des quatre tremplins à Innsbruck comme point d'orgue. Le Vaudois a prouvé tout au long de la semaine au cours des entraînements et de la qualification qu'il maîtrisait parfaitement ce majestueux tremplin du Bergisel, collé à la cité tyrolienne.
Il s'agit de la neuvième médaille suisse aux Championnats du monde, la première depuis Simon Ammann et sa 3e place en 2011 à Oslo. Simon Ammann, champion du monde à Sapporo en 2007, a pris la 15e place. Le troisième Suisse en finale, Andreas Schuler, s'est classé 26e.
Le nouveau champion du monde, Markus Eisenbichler a survolé la deuxième manche. «Je savais que j'étais en bonne forme. J'ai tout risqué au cours de la seconde manche», précisait le Bavarois de 27 ans. «Ce fut mon saut le plus fou de ma carrière», lâchait le médaillé d'or. Pour lui aussi, les Jeux olympiques de Pyeongchang avaient constitué une déception. Il avait assisté comme remplaçant à la conquête de la médaille d'argent du quatuor allemand dans l'épreuve par équipes.
