Patinage artistique L'espoir d'un redémarrage

ATS

2.11.2017 - 12:03

Genève

Olivier Petitjean

Une fois de plus, le patinage suisse, faute d'un niveau suffisant, doit rester à l'écart de la saison des Grands Prix qui s'ouvre ce week-end à Moscou. Mais l'émergence d'une Alexia Paganini, en passe d'être retenue pour les Jeux, donne de nouvelles raisons d'espérer à la Fédération, qui s'efforce de démocratiser son sport.

A pas encore seize ans, Alexia Paganini représente une éclaircie tout autant qu'une aubaine financière pour Swiss Ice Skating. Sa récente 3e place au Nebelhorn Trophy d'Oberstdorf a permis à la Suisse de décrocher un quota olympique pour PyeongChang - après l'échec pour Sotchi - et offre la quasi-certitude que la Fédération continuera à figurer l'an prochain au 3e niveau dans la hiérarchie des sports de Swiss Olympic, déterminante pour l'attribution des subventions. Une rétrogradation à l'échelon inférieur induirait un manque à gagner de 50'000 à 100'000 francs, une somme importante pour une petite fédération comme Swiss Ice Skating, relève son président Thomas Haeni.

"Alexia Paganini, c'est pour nous un petit miracle", reconnaît-il. Cette fille d'un importateur en alimentation grison établi sur la côte Est des Etats-Unis et d'une Néerlandaise faisait partie l'an dernier des cinq meilleures juniors américaines. Soit un niveau élevé, mais juste pas assez pour s'imposer outre-Atlantique. Ses parents - elle est binationale - se sont alors approchés de Swiss Ice Skating.

"Nous nous sommes rencontrés à New York. Il n'y a eu aucun démarchage de notre côté", relate M. Haeni. Le processus de transfert d'allégeance sportive a vite été engagé. Et l'adolescente qui s'entraîne dans le New Jersey a remporté sa première compétition sous les couleurs suisses, la Coupe de Slovénie, avant son podium d'Oberstdorf. De quoi augurer des lendemains qui chantent?

Il faut dire que depuis la retraite en 2011 de la championne d'Europe Sarah Meier, le patinage helvétique féminin a vu poindre de nombreuses patineuses (Yasmine Yamada, Tina Stürzinger, Tanja Odermatt, Romy Bühler...), dont aucune n'a vraiment percé. Mais il pourrait en aller autrement avec Alexia Paganini.

Large panoplie

"Contrairement aux autres, elle maîtrise tous les triples sauts, notamment le lutz et le flip, même en combinaison avec le toeloop. Elle entraîne aussi le quadruple salchow. Tout dépendra de la façon dont les juges l'évalueront pour les composantes artistiques. Pour l'instant, ils la voient encore comme une junior. Mais elle a le potentiel pour faire partie des six à huit meilleures Européennes d'ici trois ans, voire mieux", estime M. Haeni.

Le patinage helvétique est à la recherche à la fois d'une nouvelle locomotive et d'une plus large base populaire. "Un de mes objectifs est de créer une forme de label suisse avec une véritable école de patinage pour les enfants, tout en nous attachant la fidélité des adultes", explique Thomas Haeni. "Nous devons aussi améliorer la détection des talents (scouting) et aiguiller les jeunes vers les bons coaches."

Le chemin à parcourir est encore plus long côté masculin: "Les meilleurs hommes aujourd'hui réussissent quatre ou cinq quadruples dans un programme. La concurrence est telle qu'il faut s'entraîner comme un professionnel dès un très jeune âge, avec un encadrement scolaire spécifique. Et avoir la bonne morphologie" (proche de celle des patineurs asiatiques par exemple).

Mais après tout, Stéphane Lambiel avait prouvé que la passion, alliée au talent (et avec un bon coach), pouvait renverser des montagnes, quelles que soient les structures!

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