Avec l'annulation totale de sa nouvelle étape-phare de Zermatt/Cervinia, au pied de l'iconique Cervin, la FIS a perdu son pari face aux températures élevées. Elle connaît aussi ses premières critiques internes pour son manque de considération des réalités environnementales.
Alors que les sports d'hiver peinent à se réinventer et à embrasser la réalité du réchauffement climatique, le début de saison est marqué par l'absence de neige, et surtout l'impossibilité d'en créer en raison des températures élevées.
Un nouvel été caniculaire a aggravé en 2022 l'état des glaciers, qui ont par exemple perdu en Suisse plus de 6% de leur volume total, un record. C'est sur deux glaciers que la FIS avait programmé le début de la Coupe du monde 2022/23 du ski alpin, son sport vitrine.
A Sölden, hôte depuis plus de 20 ans de la reprise du ski alpin, le savoir-faire local en matière de «snowfarming» (conservation de la neige de l'hiver précédent durant l'été) a permis de compenser le recul du glacier et de proposer dimanche un géant hommes, la course dames de la veille ayant été annulée à cause des précipitations (pluie et neige).
«Trop tôt»
A Zermatt/Cervinia par contre, la FIS a eu les yeux plus gros que le ventre en voulant programmer entre fin octobre et début novembre quatre descentes, la discipline où la piste est la plus longue (plus de 3 km) et donc la plus difficile à préparer.
Après l'annulation pour les hommes (29 et 20 octobre) il y a trois jours, les organisateurs ont jeté l'éponge pour les femmes (5 et 6 novembre) mardi, invoquant les «températures anormalement chaudes» et le manque de «sécurité».
La FIS avait annoncé en grande pompe en début d'année ce projet de course spectaculaire, avec un départ à 3700 m d'altitude et une piste à cheval sur deux pays au pied de l'iconique Cervin, où un projet pharaonique de modernisation est en cours.
Résultat: aucune des quatre courses ne sera reprise, l'échec est total. «Il nous faut revoir tout le projet et trouver une meilleure solution pour le calendrier. Les courses ont sûrement été placées trop tôt», avait indiqué dès samedi le directeur des courses hommes de la FIS, Markus Waldner.
«Non-sens»
«Nous devons respecter Dame nature. Le climat change, nous avons des étés caniculaires, ce sont des signaux que nous devons observer et respecter», avait ajouté l'Italien, apportant une touche de lucidité rare sur ces questions parmi les dirigeants de la FIS. Le vice-champion olympique de descente Johan Clarey avait qualifié cette nouvelle étape de «non-sens» environnemental et logistique.
«On voit que les conditions sur les glaciers sont de pire en pire chaque année, cette étape demande des moyens énormes en hélicoptère (pour monter le matériel), des moyens humains pour boucher les crevasses, rendre une piste potable... Je ne comprends pas, ça ne va pas dans le sens dans lequel devrait aller la FIS», avait-il expliqué.
A Sölden, le président de l'instance, le Suédo-britannique Johan Eliasch a insisté vendredi sur l'importance de ce nouveau projet. «Après Sölden, il ne se passait rien pendant un mois. Nous voulions pouvoir combler les trous du calendrier. Zermatt est une superbe opportunité, une étape importante», a-t-il indiqué lors de la cérémonie de début de saison.
Sans course pendant deux week-ends, le ski alpin doit reprendre les 12 et 13 novembre à Lech en Autriche pour deux parallèles femmes et hommes. D'après les médias locaux, la piste située à environ 1500 m d'altitude est pour l'instant vierge de neige, les températures ne permettant pas d'utiliser les canons.