Le 13 mars 2008, Didier Cuche doit laisser le globe de cristal du super-G à Hannes Reichelt malgré une avance de 99 points avant l’ultime course de la saison. Une des raisons de cet échec : un coéquipier qui n'a pas respecté les consignes.
Lara Gut-Behrami et Marco Odermatt abordent les finale de la Coupe du monde à Saalbach ce week-end avec un matelas confortable en tête des diverses disciplines de vitesse. La Tessinoise et le Nidwaldien sont ainsi bien placés pour remporter les globes de cristal en super-G et en descente.
L’état des classements
- L'avance de Gut-Behrami en super-G : 69 points.
- L'avance de Gut-Behrami en descente : 68 points.
- L'avance d'Odermatt en super-G : 81 points.
- L'avance d'Odermatt en descente : 42 points.
En géant dimanche dernier, Gut-Behrami a pu assurer et, malgré la victoire de sa concurrente Federica Brignone, elle a obtenu les points nécessaires en se classant 10e lors de la dernière course, s'assurant ainsi le petit globe de cristal de la spécialité.
En géant, sa conduite prudente a fonctionné à merveille, d'autant plus que la skieuse de Comano avait deux manches pour mettre en place sa tactique. Ainsi, si elle avait été trop sur la retenue en première manche, elle aurait pu corriger le tir sur le second tracé. Dans les disciplines de vitesse en revanche, la marge de manoeuvre est moindre et tant la course que le globe de cristal peuvent être rapidement perdus.
«Je suis l’idiot»
Pour Gut-Behrami et Odermatt, un exemple doit leur servir d'avertissement : celui de Didier Cuche. Lors de la saison 2007/08, le Neuchâtelois abordait le dernier super-G de la saison avec 99 points d'avance sur Hannes Reichelt. Le seul scénario qui permettait à l'Autrichien de décrocher le petit globe de cristal était une victoire de sa part et un classement de Cuche en dehors du top 15.
Et c'est exactement ce qui s'est passé. Dider Cuche a skié trop prudemment, ne se classant finalement qu'au 16e rang, ce qui ne lui a pas rapporté de points (ndlr : seul les 15 premiers reçoivent des points lors des finales). Après la course, le skieur du Val-de-Ruz s'était même qualifié d'idiot. L’ambiance était tout autre chez son concurrent Hannes Reichelt : «Mes chances de gagner le globe étaient au mieux de cinq pour cent».
Évincé par son coéquipier
Tout s'est vraiment bien passé pour Hannes Reichelt, ce 13 mars 2008 à Bormio. L'Autrichien remporte la course et devance Didier Défago d'un seul petit centième. Reichelt a déjà rempli sa part du contrat : gagner. C'est maintenant à Cuche de se classer dans le top 15 pour s'assurer le petit globe de cristal. Mais le Suisse, qui porte le dossard 21, est trop prudent. Sa 12e place provisoire provoque le début du grand tremblement de terre. Cuche ne cesse de reculer, jusqu'à la 15e place. Si quelqu'un passe encore devant lui, il perd le globe de cristal.
A ce moment-là, il n'y a plus que deux skieurs dans le portillon de départ. Avec le numéro 27, le géantiste Ted Ligety, qui ne représente aucun danger en super-G, et, avec le numéro 26, Daniel Albrecht, un coéquipier de Cuche. Les entraîneurs suisses ont depuis longtemps demandé au Haut-Valaisan de tempérer, afin de ne pas priver Cuche du globe de cristal. Mais Albrecht ne l'entend pas de cette oreille et termine à la 10e place. Cuche n'est plus que 16e, Reichelt exulte en remportant le globe du super-G.
L'entraîneur-chef suisse de l'époque, Martin Rufener, n'en revient pas : «Dani doit comprendre qu'au cours d'une carrière, il y a des moments où on doit travailler pour son équipe. Le plan B était lancé, il savait qu'il devait lever le pied».
Cuche n'en veut cependant pas à Albrecht. Il s'en veut d'avoir skié trop lentement : «Le ski est un sport individuel. C'est moi seul qui suis idiot. Si ça avait marché, j'aurais été le héros».
Le cas de Didier Cuche de la saison 2008 devrait être un signal d'alarme pour Gut-Behrami et Odermatt. Ils sont tous deux dans une excellente position de départ. S'ils ne ralentissent pas leur course, la Suisse peut rêver de quatre nouveaux globes de cristal.