Grande championne sur les skis, Mikaela Shiffrin l'est également devant la presse. L'Américaine s'est longuement confiée après avoir remporté la médaille de bronze lors du Super-G des Championnats du monde de Cortina. La skieuse de Vail en a aussi profité pour féliciter chaleureusement Lara Gut-Behrami.
Mikaela Shiffrin, vous terminez en bronze après avoir commis une grosse faute sur le bas du parcours. Satisfaite ou déçue ?
"Il y a deux façons de voir les choses. Soit c'est vraiment dommage, soit je peux être heureuse d'être sur le podium malgré cette grosse faute. En arrivant en bas, je ne pensais plus du tout être dans le coup. Je ne m'attendais d'ailleurs pas à une médaille en me levant ce matin (ndlr : jeudi). Malgré ma faute, j'ai pris un plaisir fou sur le reste du parcours. A la fin, je suis très satisfaite avec cette médaille de bronze."
Comment expliquez-vous cette erreur ?
"C'était volontaire : je ne voulais pas gagner (rires) ! Plus sérieusement, c'est typiquement le genre d'erreur que tu fais quand tu n'as plus couru en Super-G depuis plus d'une année et que tu n'as eu que quatre jours d'entraînement dans la discipline. Même en étant parfaitement préparée, cela arrive souvent que tu commettes des erreurs en Super-G. C'est le jeu. Beaucoup de filles ont eu des problèmes parce que la neige ne pardonnait pas dès que tu sortais de la ligne idéale."
La ligne idéale, Lara Gut-Behrami l'a skiée durant cette course. Un mot sur sa performance ?
"Lara se devait de gagner cette course. Je ne crois pas trop au destin, mais c'était écrit aujourd'hui (ndlr : jeudi). Elle allait gagner. Cette saison, elle a fait preuve d'une constance hallucinante. Elle était favorite, un statut qui rajoute de la pression sur les épaules. Quand tu arrives à répondre présente alors que tu es aussi attendue, c'est un sentiment indescriptible. J'aurais bien sûr aimé gagner l'or, mais la médaille d'or est autour du bon cou. Elle a mérité de gagner, par rapport aussi aux courses qu'elle a eues jusque-là aux Jeux olympiques et Championnats du monde. Je ne parie pas, mais j'étais certaine qu'elle gagnerait. Je ne suis pas dans sa tête, mais j'espère pour elle que cette victoire a une saveur particulière. A sa place, je ressentirais des sensations incroyables."
Vous avez d'ailleurs beaucoup échangé les deux sur le "hot seat" en attendant les dernières concurrentes. De quoi avez-vous parlé ?
"La logistique nous pose un vrai défi. On doit attendre la fin du Super-G masculin avant la cérémonie protocolaire (ndlr : qui a finalement eu lieu à 15h00), alors que les descendeuses ont un entraînement vendredi. Avec le podium et le contrôle antidopage, on ne sera ainsi pas à l'hôtel avant 17h00, alors que la course était finie à midi. C'est difficile de rester là à attendre dans le froid. C'est même plus fatiguant que la course en elle-même. Ce d'autant plus qu'il reste encore beaucoup de courses durant ces Championnats du monde."
Finalement, un mot sur ce huis-clos. Qu'en avez-vous pensé ?
"Quand j'ai passé la ligne, j'ai pensé que j'avais été lente parce que personne n'a applaudi. J'étais donc un peu perdue. Après réflexion, je me suis rappelé qu'il n'y avait personne pour applaudir. L'ambiance et la foule me manquent évidemment. C'est drôle parce que cette atmosphère me rappelle un peu les deux derniers Jeux olympiques, à Pyeongchang et à Sotchi."