Killian Peier retrouve le tremplin d'Innsbruck, sur lequel il a décroché son premier top 10 un an plus tôt lors de la Tournée des quatre tremplins 2018/2019 (7e).
Ensuite, il avait décroché le bronze lors des Mondiaux en février. «Les émotions ont ressurgi» dès son arrivée, comme il l'a confié jeudi soir à Keystone-ATS.
Vous êtes arrivé jeudi à Innsbruck. Qu'avez-vous ressenti en revoyant ce tremplin?
«Les émotions ont ressurgi dès que j'ai aperçu le tremplin. Ce sont de magnifiques souvenirs, qui me donnent simplement du plaisir. Je me suis tout à coup énormément réjoui de sauter ici. J'aurai sûrement la chair de poule en sautant.»
Pouvez-vous expliquer pourquoi ce tremplin vous convient autant?
«Je ne le sais pas non plus exactement. L'an dernier, ses caractéristiques m'ont convenu dès le premier saut. Ce tremplin ressemble un peu à celui d'Einsiedeln. On prend très vite de la vitesse, la table d'élan est relativement courte. On se met très vite en mouvement jusqu'à l'impulsion, et ça me plaît. J'aime me retrouver très rapidement haut dans les airs et pouvoir apercevoir le tremplin. Je trouve un peu plus facilement la position idéale que lorsque je ne vois que l'horizon.»
En tant que spectateur, on a l'impression que vous sautez directement vers la ville depuis ce tremplin. Est-ce ce que vous ressentez?
«Non. Mais en nous envolant rapidement, nous voyons tout le stade d'arrivée avec la ville en arrière-plan. C'est déjà quelque chose de spécial pour nous.»
Qu'est-ce qui a changé pour vous depuis votre médaille mondiale?
«L'intérêt des médias est devenu un peu plus grand. Mais ma vie privée n'a pas vraiment changé. Je suis désormais plus confiant dans la vie de tous les jours, car je sais que j'ai accompli quelque chose et que je suis donc capable de le refaire.»
Etes-vous plus souvent reconnu en public?
(rires) «Pas du tout. Et je trouve d'ailleurs cela très bien.»
N'aimeriez-vous pas avoir la notoriété d'un Roger Federer?
«Non, définitivement non. C'est très agréable comme cela, et c'est ce qu'il y a de bien en Suisse. Par exemple, ce que vit un Kamil Stoch en Pologne est totalement différent.»
Votre médaille vous a-t-elle aidé à trouver des sponsors?
«Je l'espérais, mais cela n'a pas été le cas. J'ai dû me battre jusqu'au dernier moment avant le début de saison. L'intérêt des entreprises en Suisse était plutôt faible, et ça m'a déçu.»
La Suisse n'a pas connu de boom du saut à ski malgré les exploits de Simon Ammann. Comment l'expliquez-vous?
«C'est difficile à répondre. La base de la pyramide est plus étroite chez nous que dans d'autres pays où le réservoir de sauteurs est plus important. Le saut à ski n'a jamais été LE sport en Suisse.»
Que faudrait-il changer?
«On a définitivement besoin de plus de tremplins en Suisse. Notamment de petits tremplins qui permettent aux enfants de sauter dans leur propre région. On peut centraliser par la suite, mais c'est impossible pour des parents de devoir faire une heure de route depuis Lausanne pour amener un enfant au bord d'un tremplin. J'ai eu de la chance que mes parents le fassent. Mon père voulait lui-même être sauteur, mais sa mère le lui avait interdit car elle trouvait cela dangereux. Mais ce n'est pas le cas.»
Vous n'aviez même pas sept ans lorsque Simon Ammann a décroché ses deux premiers titres olympiques en 2002. Est-ce que vous vous en souvenez?
«Oui. J'avais regardé cela à la télévision, en famille. C'est cela qui a déclenché ma passion pour le saut à ski. Je ne serai pas devenu sauteur sans ses titres olympiques.»
Pouvez-vous encore vous inspirer de lui?
«C'est difficile, car nous travaillons de manière totalement différente. Il connaît probablement son corps encore mieux que moi. Il attache beaucoup d'importance aux détails, pour le matériel ou dans l'analyse vidéo. Je me concentre pour ma part avant tout sur les aspects mentaux, sur la manière de transposer l'énergie de la table d'élan jusque dans les airs. Pour moi, il s'agit surtout de créer une image globale et de travailler à partir de là.»
ATS