Depuis la débâcle autrichienne du week-end dernier en géant à Garmisch, les critiques envers les skieurs alpins ne cessent d'augmenter chez notre voisin de l'est. Une situation qui arrange bien la Suisse...
"C'est un jour très noir pour le slalom géant en Autriche. Mais je ne vais pas me voiler la face. Le travail continuera, la lutte continuera". Tels étaient les propos d'Andi Puelacher, l’entraîneur en chef de l’équipe masculine de ski alpin, après le géant de Garmisch-Partenkirchen. En effet, l'équipe autrichienne a subi l'une de ses plus lourdes défaites en Coupe du Monde.
Lors cette course dans la station allemande, remportée dimanche par Alexis Pinturault, la puissante fédération autrichienne (ÖSV) n'a placé qu'un seul concurrent dans les 30 premiers. Manuel Feller a ainsi été le "meilleur" mais a terminé dans les profondeurs du classement (28e). Du jamais vu depuis 1992 chez nos voisins de l'est.
Le spectre d'Hirscher
Un résultat collectif qui a passablement irrité Christian Mayer, vainqueur du globe de cristal de la discipline en 1994. Dans le colonne du quotidien alémanique "Blick", le skieur de Villach n'a pas hésité à pointer du doigt les coureurs de son pays. "Quand je regarde Manuel Feller, les larmes me montent aux yeux parce qu'il est si mauvais techniquement sur les skis", a-t-il maudit.
Le gagnant de sept courses en Coupe du Monde attribue aussi cet échec au fait que la relève tente d'imiter à outrance la légende Marcel Hirscher, qui a pris sa retraite l'été dernier. "Trop de coureurs veulent copier Marcel Hirscher. Tout le monde croit, par exemple, qu'il faut plus de 100 paires de skis différentes, tout comme Marcel", a-t-il dit.
"Dans le cas de Hirscher, cela a été en fait profitable parce que lui et son père Ferdinand avaient une connaissance extrêmement étendue du matériel. Mais comme nos coureurs de ski actuels sont loin d'être aussi bien informés, ils ne s'embourbent qu'avec une si grande sélection de skis", a illustré l'ancien skieur de 48 ans.
«Marcel Hirscher devrait remettre ses skis!»
Dans la presse autrichienne, Hans Knauss, qui compte aussi sept victoires en Coupe du Monde entre 1993 et 2005, n'a également pas caché son agacement vis-à-vis de ses compatriotes. "Aucune autre nation de ski ne dispose d'autant de moyens financiers que la nôtre. C'est pourquoi ça ne devrait pas arriver de n'avoir aucun athlète au sommet dans la discipline élémentaire du ski", a-t-il pesté.
Face aux conditions météorologiques compliquées sur la piste de Garmisch, l'ancien champion a mis en lumière l'une des raisons de cette débâcle. "Ils (ndlr: les skieurs autrichiens) s'entraînent toujours dans les meilleures conditions de piste. Et c'est pourquoi nos jeunes athlètes, en particulier, sont complètement dépassés lorsqu'ils doivent faire leurs preuves en Coupe du monde sur des pistes endommagées", a-t-il expliqué.
De leur côté, les médias autrichiens ne se sont également pas montrés très tendre après Garmisch. Le "Kronen Zeitung", l'un des quotidiens les plus importants du pays, a notamment jugé la "performance d'équipe catastrophique" et a même proposé une solution. Il a titré: "Marcel Hirscher devrait remettre ses skis!"
Une Autriche qui a donc de la peine à se relever depuis le départ à la retraite son héros, qui a remporté les huit derniers gros globes de cristal (entre 2012 et 2019). Une situation qui ne va pas forcément déplaire au camp suisse. Swiss-Ski est en effet en tête du classement de nations avec 299 points d'avance sur son homologue de l'ÖSV. Si cela perdure jusqu'à la fin de la saison, il s'agira d'une première depuis 33 ans...