JO 2018Simon Ammann ou le fantasme d'un nouvel exploit
6.2.2018
Simon Ammann a quasiment gagné son pari: retrouver un bon niveau après sa chute et sa commotion cérébrale d'il y a trois ans, à Bischofshofen. Mais de là à faire de lui un candidat sérieux au podium aux JO de Pyeongchang, il y a un pas difficile à franchir.
Le Saint-Gallois a réveillé les fantasmes les plus fous avec ses derniers résultats: une 3e place à Tauplitz/Bad Mitterndorf à mi-janvier, son premier podium en Coupe du monde depuis trois ans, et une 5e le week-end dernier à Zakopane. L'épreuve de Tauplitz était toutefois du vol à skis, discipline où les notes de style - point faible d'Ammann - revêtent moins d'importance. Certes, la courbe de forme du quadruple champion olympique est ascendante. Mais sa 18e place au classement général de la Coupe du monde incite à grandement tempérer les attentes.
Le sauteur du Toggenburg reste irrégulier. Dans un bon jour ou sur une manche, il peut s'approcher des meilleurs, et l'expérience parle pour lui. Mais il n'a pas encore rassemblé toutes les pièces de son puzzle. Reste que sa peur subséquente à sa chute semble surmontée. En cela, son retour parmi l'élite élargie, après trois ans de vaches maigres, constitue déjà une victoire sur lui-même.
Pour ses sixièmes Jeux, un record pour un Suisse, la logique voudrait qu'il se situe quelque part entre ses exploits de Salt Lake City en 2002 et Vancouver en 2010, où il avait à chaque fois signé le doublé, et sa déroute de Sotchi il y a quatre ans (17e au petit tremplin, 23e au grand). Mais il n'y a pas toujours de logique en saut. En tout cas, Ammann (36 ans) s'est préparé avec la même passion et la même méticulosité qu'à ses grandes années. Il est même allé s'entraîner en début de saison à Pyeongchang, pour mieux appréhender les lieux. "Cela fait partie d'une bonne préparation", dit-il.
Il considère comme un privilège de toujours faire partie l'élite, vingt ans après ses débuts. Ammann a réussi à s'adapter à tous les changements - techniques, de matériel, de règlement - qui ont marqué son sport durant ces deux décennies. Un petit exploit en soi. Désormais, tout ne serait que bonus.
Déception pour l'équipe
Simon Ammann sera accompagné en Corée du Sud par le seul Gregor Deschwanden. La Suisse - et c'est une grande déception - a échoué à se qualifier pour le concours par équipes puisque seuls deux sauteurs ont obtenu leur qualification individuelle. Le Vaudois Killian Peier en particulier n'a pas répondu aux attentes, à commencer par les siennes. Deschwanden a connu un début de saison prometteur, avec une 7e place à Nizhny Tagil, en Russie, mais sans confirmer par la suite. Il est temps que le Lucernois se réveille.
Double champion olympique en titre et auteur du Grand Chelem sur la Tournée des Quatre-Tremplins, le Polonais Kamil Stoch part favori sur la papier. Mais l'histoire du saut est trop riche en surprises pour ne pas élargir le nombre des candidats à la victoire à une dizaine d'athlètes. Les Allemands (Andreas Wellinger, Richard Freitag...), les Norvégiens derrière Daniel Andre Tande, l'Autrichien Stefan Kraft, le Slovène Peter Prevc et le Japonais Junshiro Kobayashi méritent une mention particulière.