Moins d'une semaine après avoir décroché son deuxième globe de cristal en skicross, Fanny Smith a accordé une interview exclusive à Bluewin.ch. La Villardoue dresse forcément un bilan positif de sa saison 2018/2019.
Fanny Smith, quel sentiment vous occupe quatre jours après avoir remporté votre deuxième globe de cristal?
"Je ressens encore un peu cette folle énergie qui m'habitait en fin de saison. Je suis d'ailleurs parti lundi à Cervinia effectuer des tests de matériel et ne suis rentré que hier (ndlr: mercredi). J'ai encore beaucoup de choses à faire jusqu'en mai... Mais je pourrai célébrer ce sacre vendredi prochain à Villars avec mes fans et mes proches lors de ma fête de fin de saison."
Que représente ce titre à vos yeux? Quel bilan pouvez-vous tirer de votre saison?
"Ce globe est vraiment celui de la constance. C'est d'ailleurs ce qui est le plus important à mes yeux. Cet hiver, j'ai gagné à six reprises en onze courses (ndlr: son record personnel). Le bilan de cette saison est donc positif, mais j'ai toutefois encore une marge de progression. C'est d'ailleurs cela qui me motive à toujours avancer. Il me reste un gros travail à réaliser sur des neiges chaudes. Surtout qu'avec le réchauffement climatique, il y aura de plus en plus de courses avec ce genre de conditions."
Est-ce que vous vous attendiez à être sacrée cet hiver?
"Je suis une compétitrice: je prends chaque départ pour gagner et j'essaie de remporter le globe chaque année. Cette saison, j'ai pu me trouver plus rapidement et plus facilement en bonne position pour le gagner. Avec tout le travail que j'ai effectué l'été dernier, que j'ai réussi à mettre en place durant l'hiver, les résultats sont presque venus naturellement."
Ce qui vous a permis d'arriver le week-end dernier à Veysonnaz en position de force. Sentiez-vous la pression avant ces finales?
"Oui, énormément. Il s'agissait de la course où j'avais le plus de pression de toute la saison. C'était la première fois de l'histoire que la Suisse romande accueillait une étape de Coupe du monde de skicross. Je connaissais personnellement presque tout le monde. Mes amis et mes proches étaient tous venus me voir. Je voulais donc bien faire. J'étais d'ailleurs tellement stressée que, lors de mon premier run, j'ai complètement raté mon départ. Mais les encouragements m'ont finalement aidé à me calmer et à mieux skier."
Quelle différence voyez-vous entre votre globe remporté en 2013 et celui acquis cette année?
"En 2013, j'étais clairement plus insouciante. Il y avait déjà tout autant de travail, mais il y avait beaucoup plus de folie. Je ne me rendais pas forcément compte de ce qui se passait. Cette année, j'étais plus posée et plus réfléchie. C'est intéressant de comparer ces deux titres car je sens que j'ai grandi et que je suis devenue plus mature. Mais, avec l'âge, je dois désormais faire face à certaines peurs que je n'avais pas avant."
Votre grave blessure au genou en 2011 ainsi que votre déception subie aux Jeux olympiques en 2014 vous ont-elles aidé à conquérir ce deuxième globe?
"Depuis l'école, j'ai toujours dû me battre pour arriver à quelque chose. J'ai appris à me relever d'une déception dès mon plus jeune âge. En 2011, lorsque mon chirurgien me faisait part de ses doutes que je puisse à nouveau skier, je me suis dit que j'allais lui prouver que j'étais capable de pratiquer encore mon sport. La saison suivante, j'ai remporté la médaille d'or aux Championnats du monde et mon premier globe de cristal. Par contre, en 2014, j'étais en forme et je me savais capable de remporter une médaille à Sotchi ainsi que le globe en fin de saison. J'ai finalement tout perdu. Ces résultats ont été mes plus grosses blessures. C'était dans la tête et il m'était ensuite difficile de maîtriser mes pensées, qui étaient souvent négatives. Peu de personnes ont compris à quel point ces échecs m'avaient affecté. C'est ce qui m'a pris du temps pour revenir au plus haut niveau. L'engagement d'un préparateur mental, la restructuration de mon équipe et ma volonté de réussir m'ont permis d'avancer et de retrouver le sommet mondial."
De quoi viser le titre olympique en 2022, seule ligne manquant à votre palmarès (deux globes, une médaille olympique et quatre mondiales)?
"Après Pyeongchang, il était clair dans ma tête que je repartais pour quatre ans afin de vivre mes quatrièmes Jeux olympiques à Pékin où j'espère briller. Mais ce que je recherche en permanence, c'est la perfection. Je m'entraîne pour cela. Les sacres sont en quelque sorte la récompense du travail fourni."