Dans la lutte pour le titre de meilleure skieuse italienne de l'histoire, Sofia Goggia pourrait reprendre l'ascendant sur Federica Brignone à Cortina, nouvel épisode d'un duel palpitant qui ne se limite pas aux pistes.
Avec deux descentes et un super-G programmés à partir de vendredi sur la «Olympia delle Tofane» de Cortina d'Ampezzo, Goggia a l'occasion de prendre le large face à sa grande rivale. Elles affichent à leurs palmarès chacune 24 victoires en Coupe du monde, plus qu'aucune autre Italienne, loin devant Deborah Compagnoni (16) ou Isolde Kostner (15).
Déjà victorieuse à trois reprises à Cortina (2018, 2022, 2023) en descente, sa discipline de prédilection, «Turbo Goggia» a décroché cet hiver quatre podiums dont deux succès, le dernier mi-janvier à Zauchensee (Autriche) où elle collectionnait jusque-là les déconvenues.
Mais il ne faut plus la voir uniquement comme «la reine de la vitesse», championne olympique 2018 et vice-championne olympique 2022 de la spécialité, sans compter quatre globes de no 1 mondiale de descente, dont les trois derniers. La Bergamasque de 31 ans a profité de cette saison sans JO ni Championnats du monde pour élargir son registre et participer à tous les géants du circuit en prenant ses habitudes dans le top 10, à défaut de podiums.
En géant, la référence italienne reste Brignone, avec deux succès au Canada début décembre. Mais la Valdotaine, lauréate de la Coupe du monde 2020, a aussi gagné un super-G (Val d'Isère, avec Goggia à la 3e place) et ajouté un podium en descente (3e à St Moritz).
«Concurrence bienvenue»
C'est d'ailleurs l'aînée (33 ans, 320 départs en Coupe du monde) qui a le meilleur classement au général de la Coupe du monde, 4e avec 787 points, soit 205 de plus que sa cadette, no 1 mondiale de la descente. Leur rivalité met un peu de sel dans une saison écrasée une nouvelle fois par l'Américaine Mikaela Shiffrin (1209 pts).
«Nous sommes différentes, c'est une skieuse plus technique et moi, c'est plus la vitesse. Ctte concurrence entre nous est la bienvenue, car cela entretient l'intérêt pour notre sport et en Italie, on en a besoin», a résumé récemment Goggia.
Si leur palmarès les rapproche jusqu'au nombre de médailles dans les grands rendez-vous (4 pour Goggia dont un titre olympique, 6 pour Brignone dont un sacre mondial), toute le reste ou presque les oppose. L'une, Goggia, est volubile, de son propre aveu «têtue» et «a besoin d'aimer et d'être aimée», l'autre, Brignone, est plus discrète et a sa structure d'entraînement articulée autour de son frère.
Des piques régulière
Leur coude à coude depuis deux ans pour la suprématie italienne est pimentée par les piques qu'elles se lancent régulièrement depuis les Mondiaux 2017 de Saint-Moritz (Suisse) où Goggia n'aurait pas apprécié une petite phrase de sa compatriote («Les meilleures ont gagné») après sa déconvenue dans le combiné (1re de la descente, abandon en slalom).
Pour qui en doutait, «elles ne sont pas amies, résume-t-on au sein de l'équipe d'Italie, mais elles se respectent énormément». Dans deux ans, sur cette même piste de Cortina, elles pourront peut-être solder définitivement cette rivalité : c'est là qu'auront lieu les épreuves féminines de ski alpin des Jeux olympiques 2026 de Milan Cortina, sans doute leur dernier grand rendez-vous.