Gut-Behrami Lara Gut-Behrami : "Une manière incroyable de terminer mes Mondiaux"

Chris Geiger, à Cortina

18.2.2021

En remportant le géant des Championnats du monde, Lara Gut-Behrami a succédé à son idole Sonja Nef au palmarès suisse. Joyeuse comme rarement, la Tessinoise s'est confiée à l'issue de la course.

Lara Gut-Behrami a remporté l'or jeudi en géant.
Lara Gut-Behrami a remporté l'or jeudi en géant.
Keystone

Lara Gut-Behrami, vous êtes désormais championne du monde en géant. Quel sentiment vous habite ?

"Je suis tout simplement contente. C'est surtout une manière incroyable de terminer mes Championnats du monde. J'ai toujours eu cela comme rêve ou comme objectif. Je n'y travaillais pas vraiment, mais que j'aurais bien aimé gagner une médaille en géant. De plus, c'est toujours la dernière course aux Championnats du monde et on arrive fatiguée. C'est pourquoi c'est incroyable d'avoir réussi à gagner une course aussi serrée et aussi longue. C'était d'ailleurs le plus long géant que je n'ai jamais skié."

Vous vous êtes assise dans l'aire d'arrivée au terme de votre deuxième manche. Sentiez-vous alors que votre performance allait vous offrir le titre mondial ? 

"Non, je sentais simplement que mes jambes ne tenaient plus et que j'étais fatiguée. J'étais d'ailleurs surprise de me retrouver devant au moment de passer la ligne d'arrivée. Je me sentais pas bien en descendant. Quand tu es fatiguée, tu n'arrives généralement pas à faire courir le ski comme il faut et chaque virage est un combat. La moindre erreur peut coûter cher. A l'arrivée, je me suis dit : 'J'ai une médaille, c'est déjà incroyable !' C'est encore plus génial qu'elle soit en or."



Vous avez pu partager ce moment fort avec vos parents. Etait-ce important ?

"Je viens simplement de vivre quelques années compliquées lors desquelles peu de personnes m'ont aidée. Mes parents sont d'ailleurs les seules personnes que je veux avoir à mes côtés. C'est donc logiquement que je suis allée vers eux."

Vous avez beaucoup plus célébré ce titre que votre médaille d'or décrochée en Super-G. Comment l'expliquez-vous ?

"Je ne fais pas l'actrice. Je ressens ce que je ressens. Je crois qu'on peut être heureuse et ne pas le montrer, qu'on peut garder ses émotions pour soi. Le Super-G était plus compliqué jeudi passé. Le lendemain, il y avait à nouveau des courses et il fallait maintenir la tension. Là, je termine de manière incroyable mes Championnats du monde. Je vais désormais pouvoir me reposer. Si j'avais eu une course demain (ndlr : vendredi), ça aurait été compliqué." 

Justement, la gestion de votre corps et de votre physique était-elle primordiale ?

"Je suis satisfaite d'avoir pu résister à la fatigue. J'avais eu mal au dos à Crans-Montana. J'avais ensuite eu plusieurs jours où je ne me sentais pas au mieux. Aujourd'hui (ndlr : jeudi), j'étais éprouvée après la première manche. Je me suis d'ailleurs presque endormie dans la tente au sommet entre les deux manches. Heureusement, tout s'est bien passé sur la piste. Quand les sensations sont là, tout est plus facile. Tu n'as plus besoin de te battre contre tes skis, la neige ou la pente."



Le géant est souvent décrit comme étant la discipline de base. Cela rend-il votre succès encore plus spécial ?

"Oui, c'est génial. La dernière Suissesse à avoir gagné un titre mondial en géant était Sonja Nef (ndlr : à Sankt Anton, en 2001). Ce sont d'ailleurs mes premiers souvenirs de Championnats du monde de ski. A cette époque, j'avais d'ailleurs son poster dans ma chambre. C'est surtout une athlète qui m'a ensuite aidée durant ma carrière. C'est aussi la femme de notre ancien chef d'équipe, Hans Flatscher. Il est d'ailleurs l'un des premiers à m'avoir aidée à choisir mon chemin... Je pense qu'il m'a aussi indirectement aidée aujourd'hui (ndlr : jeudi). Je lui en suis donc reconnaissante. Plus globalement, cela a pris du temps pour que je retrouve mon virage en géant. Je savais d'ailleurs que je devais revenir forte dans cette discipline si je voulais briller sur les autres."

Plus globalement, vous aviez pu rentrer quelques jours à la maison en début de semaine. Etait-ce nécessaire ? 

"Cela m'a fait du bien. J'ai du plaisir à skier, mais tout ce qui est autour me bouffe pas mal d'énergie. C'était cool à 20 ans d'être trois semaines à l’étranger. Après cinq jours, je me réjouis désormais de rentrer à la maison. Cet équilibre entre ma vie et le ski n'a pas toujours été facile à trouver."

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