Président du FC Thoune «Le chemin pour en arriver là a été incroyable»

ssch, ats

24.5.2024 - 13:38

Andres Gerber a repris la présidence du Thoune après la relégation en Challenge League. Dans une interview accordée à Keystone-ATS, l'ex-international (4 sélections) évoque le chemin parcouru par son club avant le barrage de promotion/relégation face à Grasshopper. «C'est comme une finale de Coupe», lâche le Bernois de 51 ans.

Andres Gerber est le président du FC Thoune depuis 2020.
Andres Gerber est le président du FC Thoune depuis 2020.
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Keystone-SDA, ssch, ats

Andres Gerber, cette saison est la douzième avec 36 journées en Challenge League. Sept fois, les 76 points que le FC Thoune a récoltés auraient suffi pour une promotion directe. Est-ce frustrant de devoir encore disputer le barrage?

«Si nous sommes quand même promus, ce sera encore plus beau avec ces deux matches de barrage. Nous aurons une finale à domicile pour la promotion lors du match retour. Ce serait en fait dommage de ne pas avoir ces matches à jouer. C'est comme une finale de Coupe, et si on la gagne, c'est encore plus beau.»

Et si on la perd ?

«En fait, il est inutile d'en parler. Indépendamment de l'issue du barrage, nous avons fait une super saison. Nous avons eu beaucoup de plaisir et nous avons apporté beaucoup de joie. Ce que nous avons vécu cette année, personne ne peut nous l'enlever. Et si nous devions perdre le barrage, tout n'aurait pas été soudainement mauvais. Ce serait alors très dommage, mais nous avons quand même eu une bonne saison».

C'est aussi simple que cela ?

«Je suis bien conscient qu'il y a des gens qui ne pensent pas de la même manière, pour qui tout est noir ou blanc. Mais cela fait partie de mon travail de différencier cela. Il y a deux ans, nous avons dit que notre objectif était de monter dans les trois prochaines années. Comme il est toujours possible de retrouver une forte équipe reléguée de Super League comme avec Sion cette année, tu ne peux pas simplement avoir pour objectif de monter à tout prix. Ce serait un manque de respect envers les adversaires et aussi de l'arrogance.»

Thoune a obtenu dix points contre Sion, mais a toujours perdu des points contre des adversaires supposés plus petits. Cela vous agace-t-il ?

«Cela semble probablement étrange, nous en sommes conscients. Mais il s'agit bien plus d'aspects mentaux que de savoir qui a le plus de qualité dans les jambes. Dans ces matches, il s'agit très souvent du cœur et de la tête, et à cet égard, nous avons fait une excellente saison. Nous avons 33 points de plus qu'Aarau. Nous avons donc réussi beaucoup de bonnes choses. Nous avons eu une saison tellement stable qu'il n'y a pas lieu de discuter si nous perdions parfois un match. Nous ne sommes pas des robots.»

Thoune a été relégué en 2020 lors du barrage contre Vaduz, l'année suivante, la remontée directe a été manquée lors du barrage contre Sion. Une remontée aurait-elle été prématurée à l'époque ?

«A l'époque, il y avait trop de pression dans toute la structure. Après la relégation, presque tout était à terre, et nous avons essayé de forcer les choses pour remonter le plus vite possible. Maintenant, nous en sommes à un autre point. Tout le processus que nous avons vécu en tant que club pendant les quatre années qui ont suivi la relégation est incroyablement précieux.»

Dans quelle mesure ?

«Après la relégation, pas mal de gens disaient qu'après trois ans en Challenge League, nous n'aurions plus de fans et de sponsors, parce que le FC Thoune n'intéresserait plus personne. Nous avons plutôt obtenu le contraire: nous avons plus de spectateurs et plutôt plus de sponsors qu'immédiatement après la relégation. Il y a une certaine euphorie.»

A quoi attribuez-vous cette euphorie ?

«Les gens apprécient le FC Thoune parce que nous poursuivons notre chemin avec notre philosophie. Avec beaucoup de joueurs issus de notre propre relève, avec un football offensif. En étant indépendants et non dominés par des investisseurs. D'une certaine manière, nous allons à l'encontre de ce que font beaucoup d'autres clubs. Nous avons résilié le contrat avec l'investisseur sino-américain PMG pour fin 2024, alors que dans d'autres clubs, c'est plutôt l'arrivée d'investisseurs étrangers.»

Lorsque Thoune était encore en Super League, Markus Lüthi, votre prédécesseur à la présidence, ne cessait de répéter qu'une relégation pourrait signifier l'extinction des feux. Comment avez-vous réussi à lui donner tort ?

«Cela a été un chemin incroyable. Car financièrement, nous sommes toujours sous une énorme pression. Les gens ont parfois l'impression que nous nous plaignons lorsque nous attirons l'attention sur la situation financière tendue. Et ils disent que cela ira d'une manière ou d'une autre. Mais derrière ce «d'une manière ou d'une autre», il y a un énorme travail, aussi sur le plan mental. Toutes les frustrations, la colère, les peurs, les doutes de ces dernières années – c'était immense. C'est pourquoi j'apprécie énormément que nous soyons maintenant là où nous sommes. Une grande partie de cette évolution positive est due, en plus de nombreux autres soutiens et partenaires fidèles, à notre membre du Conseil d'administration Beat Fahrni, qui s'engage fortement pour le FC Thoune.»

Dans quelle mesure le fait que des figures d'identification comme vous ou l'entraîneur Mauro Lustrinelli occupent des positions centrales au sein du club aide-t-il ?

«Je pense que cela aide à ce que les gens puissent s'identifier au club. Par rapport à beaucoup d'autres clubs, c'est une grande valeur ajoutée du FC Thoune que l'on sache qui est derrière quoi.»

Vous avez été deux fois champion avec GC en 2001 et 2002. En quoi cette confrontation est-elle en fait particulière pour vous ?

«Cela fait si longtemps que je n'ai pas joué à GC, et j'ai déjà joué tellement de fois contre GC. Le GC d'aujourd'hui n'a plus grand-chose à voir avec celui de l'époque où j'étais joueur. Aujourd'hui, je veux monter avec le FC Thoune.»



Avez-vous pensé à quelque chose de spécial pour vous motiver ?

«Jouer avec les émotions est quelque chose de très délicat. On peut se stimuler à l'extrême et essayer de se motiver, par exemple avec des vidéos quelconques. Mais il faudrait aborder ces matches de barrage simplement, sans trop réfléchir.»