Alessandro Mangiarratti est le premier surpris d'avoir obtenu son premier poste d'entraîneur en Super League à Yverdon. Mais le Tessinois se sent bien sur les bords du lac de Neuchâtel, et il entend bien se maintenir avec le néo-promu.
Lorsqu'Alessandro Mangiarratti est contacté fin octobre par les responsables yverdonnois, le Tessinois a été surpris. Reprendre le néo-promu alors qu'il se trouve en milieu de classement sous la houlette de Marco Schällibaum? Dans un entretien avec l'agence Keystone-ATS, Mangiarratti évoque cette surprise et raconte qu'il n'a pas réfléchi longtemps avant d'accepter le poste. Depuis son départ de Vaduz en Challenge League, le Tessinois est resté presque un an sans emploi.
L'envie de reprendre du service était trop forte, même si son nouveau lieu de travail est à près de quatre heures de sa famille restée à Bellinzone. «Le football est ma passion, ce qui fait que tu dois rester flexible et prêt, explique-t-il. Si tu veux rester dans ta zone de confort, ne fais pas ce travail.» Ce père de trois enfants déplace ainsi sa vie sur les bords du lac de Neuchâtel en faisant le plus de fois possible un détour par le Tessin.
Sortir de sa zone de confort, c'est une chose que Mangiarratti a déjà osé faire en tant que joueur. Début 2004, le défenseur de Wil est transféré à Belenenses, le troisième club de Lisbonne. Mangiarratti devient le premier footballeur professionnel suisse à jouer au Portugal. Il parle encore aujourd'hui d'une «superbe expérience», malgré une longue blessure au genou. Un an plus tard, il file au Mexique à l'Atlas Guadalajara. Mais après quelques mois, il termine sa carrière de joueur au Tessin, avant de faire ses premières armes en tant qu'entraîneur.
Ne copier personne
Huit ans et demi après, l'ancien défenseur est devenu un entraîneur qui vit sa première expérience en Super League. «Quand on t'offre une telle opportunité, tu ne peux que la saisir», lance-t-il. Mangiarratti sait qu'il entraîne un outsider, qu'on n'attend peu de son équipe. Mais juste avant la pause hivernale, Yverdon a pris sept points en trois matches. Cela signifie que quelque chose est possible. Et avec une tactique à l'opposé de nombreuses équipes promues. Mangiarratti est un entraîneur qui apprécie le jeu et qui aime voir son équipe posséder le ballon.
Le Tessinois explique qu'il a connu de nombreux entraîneurs. Roberto De Zerbi de Brighton le fascine tout autant que Pep Guardiola. Il a autant appris de son ancien coéquipier à Belenenses et actuel entraîneur du Sporting, Ruben Amorim, que de Martin Andermatt, qui fut son entraîneur à Wil, ou de Vladimir Petkovic du temps où il était à Bellinzone. «Je ne veux copier personne, précise ce prof de sport, qui a terminé ses études à Zurich alors qu'il était encore actif. J'essaie de tirer le maximum de toutes mes expériences.»
Confiance dans la direction du club
Sa philosophie de jeu correspond à celle des responsables du club autour du président Jeffrey Saunders et du directeur sportif Filippo Giovagnoli. On lui demande son avis dans les discussions, notamment lors des transferts. Car les 17 transferts de l'été ont soulevé pas mal de questions. Cet hiver, il y a eu cinq arrivées. «Ce n'est pas comme si, comme beaucoup le pensent, quelque chose est décidé en haut», explique-t-il. Dans ces discussions, il est question du type de football qui doit être pratiqué ou de nouvelles idées pour les méthodes d'entraînement. «Nous discutons constamment de l'équipe, enchaîne le coach. Et nous essayons tous de faire de notre mieux. Yverdon est en train de grandir».
Les échanges avec les propriétaires américains sont fructueux. La planification s'effectue sur le long terme avec l'ambition de construire quelque chose, y compris une académie. «Dans un tel projet, tu dois investir à moyen terme pour pouvoir continuer à te développer. Cela ne peut pas se faire du jour au lendemain». C'est pourquoi l'homme de 45 ans part lui aussi du principe qu'il restera encore un moment loin de son Tessin natal, qu'il assurera le maintien d'Yverdon en Super League avant de parvenir à l'y établir durablement.
Et ensuite? En route pour la prochaine aventure en dehors de sa zone de confort? «Il ne faut jamais dire jamais, conclut Mangiarratti. Mais je me concentre aujourd'hui totalement sur mon job à Yverdon.»