Roland-Garros Après l’espoir, le gros flop des Bleus

AFP

2.6.2023

Au départ était l'espoir, bien vite transformé en désespoir: pour la deuxième fois en trois ans, il n'y a plus aucun Français en lice à l'appel du troisième tour à Roland-Garros, où ils étaient 28 engagés dans les tableaux principaux en simple.

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2.6.2023

Avant 2021, un tel échec n'avait jamais frappé le tennis français. La nouvelle équipe dirigeante de la Fédération française de tennis (FFT) a bien mis en place un système de détection de futurs talents sur une base élargie de jeunes joueurs, mais la route semble encore longue avant de faire briller une pépite. Cette année pourtant, l'histoire s'annonçait belle, même si le titre semblait objectivement hors d'atteinte en ce quarantième anniversaire de la victoire de Yannick Noah.

Caroline Garcia était là en chef de file avec son statut de N.5 mondiale, de jeunes pousses prometteuses étaient attendues chez les hommes avec Lucas Van Assche et Arthur Fils. Se sont ajoutées dans les premiers jours du tournoi l'épopée de Lucas Pouille et l'inespérée résurrection de Gaël Monfils, qui n'a rien perdu de son aura malgré ses mois d'absence et l'inéluctable avancée du temps (il aura 37 ans en septembre).

Dans les faits, le roman français a tourné triste très vite. Un peu par la force du destin, un peu par celle du sort, un peu par un niveau insuffisant en général ou sur le moment. Ce dernier point s'applique en particulier à Garcia, de nouveau victime de son mental.

«J'avais le premier set, j'avais un break (dans le deuxième) et à partir de ce moment-là, les choses se sont un petit peu enrayées. Je me suis tendue énormément», a-t-elle confessé après sa défaite au deuxième tour face à la Russe Anna Blinkova (56e).

«Humaine»

Décevant certes, mais pas si surprenant compte tenu de ses derniers résultats: Garcia n'a pas su assumer depuis le début de saison le statut acquis l'an dernier après avoir atteint les 8es de finale à Wimbledon, décroché le titre à Cincinnati, joué sa première demi-finale de Grand Chelem à l'US Open et remporté les Masters de fin d'année. Et ainsi retrouvé le Top 5 de la WTA.

«Je suis humaine, j'ai des émotions, il y a des choses qui se passent dans ton coeur, dans ta tête, et tu essaies de tout gérer, en même temps que de gérer une adversaire. Tu fais du mieux que tu peux. Aujourd'hui, ce n'était pas à la hauteur, ces dernières semaines non plus», a-t-elle reconnu. La relève, tant chez les hommes que chez les femmes, n'est pas là.

«Les jeunes, il leur manque du niveau tennistique. Mais un Yannick (Noah) peut être inspirant pour ses capacités mentales, sa capacité de travail», a analysé pour l'AFP la directrice de Roland-Garros, Amélie Mauresmo, elle-même ancienne N.1 mondiale et double lauréate en Grand Chelem (Australie et Wimbledon 2006).

Deux de ces jeunes pourtant, Van Assche et Fils, «ont le potentiel» de s'imposer en Grand Chelem «dans le futur», selon Ivan Ljubicic, l'ex-entraîneur de Roger Federer, qui a rejoint en décembre dernier la FFT pour aider le haut niveau.

Mais le sort a été particulièrement cruel pour eux puisque dans le meilleur des cas, ils se seraient affrontés au deuxième tour. Or le sort, encore lui, a mis sur leur route le redoutable espagnol Alejandro Davidovich (34e mondial) qui s'est chargé de sortir tour à tour les deux joueurs de la génération 2004.

Chauds les anciens

Heureusement, les «anciens» Pouille et Monfils ont joué les chauffeurs de salle et auront marqué l'édition 2023.

D'abord Pouille parce qu'après des années noires a combattre des blessures physiques et psychologiques, il a retrouvé le goût du tennis de haut niveau, de la victoire, de l'ambiance surchauffée des courts de Roland-Garros.

Sans aucune victoire sur le circuit ATP depuis mai 2022 et cantonné au circuit secondaire depuis le début de saison, il a enchaîné trois victoires en qualifications et une au premier tour avant de céder au deuxième face au N.13 mondial Cameron Norrie, pas de quoi rougir.

Et même de quoi nourrir ses ambitions avec désormais pour «objectif» d'entrer directement dans le tableau principal de l'Open d'Australie en janvier prochain. Classé 675e à Roland-Garros, il devra gagner suffisamment de matches pour faire un bond de près de 600 places à l'ATP...

Monfils, qui se remet lui aussi d'une blessure à un pied et n'avait plus gagné de match sur le circuit ATP depuis son abandon en août à Montréal, a offert lui au public un combat d'anthologie pour passer le premier tour alors qu'il était mené 4-0 dans le cinquième set face à Sebastian Baez (42e). Mais moins de 24 heures après son triomphe, le 394e mondial a dû annoncer son forfait en raison d'une blessure au poignet. Quand ça ne veut pas...