Novak Djokovic est bien présent en deuxième semaine à Roland-Garros, malgré les doutes nés d'un premier semestre traversé comme un fantôme. Jamais aussi motivé qu'en Grand Chelem, le no 1 mondial, impressionnant pour avancer en 8e, monte en puissance dans sa quête d'un 25e sacre majeur.
Ses jeunes rivaux qui ambitionnent de lui succéder au palmarès sont prévenus : que ce soit Alexander Zverev, arrivé en grande forme à Paris, mais passé près de la correctionnelle au 3e tour, ou Jannik Sinner et Carlos Alcaraz, en promenade de santé jusqu'ici.
Pendant qu'ils dormaient tranquillement dans la nuit de samedi à dimanche, le Serbe, dont on se demandait si la lassitude n'avait pas fini par le gagner et lui couper les jambes ces derniers mois, a réveillé sa rage de vaincre et son tennis pour écoeurer Lorenzo Musetti, 7-5, 6-7 (6/8), 2-6, 6-3, 6-0, au bout de 4h29 min d'un combat fini à 03h06 du matin. Jamais une rencontre n'avait été bouclée si tard dans l'histoire de Roland-Garros.
De quoi susciter l'admiration de nombre d'observateurs, tels Fabrice Santoro au commentaire sur Amazon Prime: «Il a 37 ans, il a 24 titres du Grand Chelem, il est deux heures du mat', et il se bat comme un guerrier».
«Comme LeBron James»
«Djokovic est comme Lebron James à 39 ans. Il se bat jusqu'au bout, il donne tout et il aime ça, c'est incroyable à voir», soulignait John McEnroe au micro de NBC.
Sans solution après la perte du troisième set – «J'étais en réelle difficulté. Lorenzo m'a rendu la tâche très difficile. Il était impénétrable. A un moment, je ne savais plus vraiment quoi faire» –, le Serbe est pourtant parvenu à élever son niveau de jeu et surtout à finir plus fort physiquement.
Comme d'habitude, serait-on tenté de rappeler. Or, rien ne semblait évident pour «Nole» avant le tournoi, abordé perclus de doutes, à la fois sur sa condition et son mental, faute d'avoir remporté le moindre tournoi au cours d'un premier semestre loin de ses standards.
«J'ai dit récemment que je devais me battre avec ma motivation, de sorte qu’elle soit constante. Je savais que ce moment arriverait, tôt ou tard», a-t-il convenu jeudi après son 2e tour remporté aux dépens l'Espagnol Roberto Carballes. «Dans mon esprit, je me concentre presque uniquement sur les Grands Chelems et, cette année, sur les Jeux Olympiques.»
Dans un Roland-Garros chamboulé par la pluie et marqué par l'élimination au 1er tour de Rafael Nadal, pour sa vraisemblable dernière, Djokovic s'évertue ainsi à maintenir une forme de normalité. Celle qui le voit depuis tant de saisons imposer sa loi, quels que soient les adversaires, les horaires, les conditions météorologiques.
«Besoin de cette énergie»
«Je sais ce dont je suis capable dans les Grands Chelems qui me font jouer mon meilleur tennis. Si je joue encore à ce niveau, c'est parce que je veux vraiment marquer l'histoire de ce sport. Il y a toujours cette conviction en moi que je peux en gagner un autre, c'est pour cela que je suis ici, c'est pour ça que je me bats», a-t-il encore rappelé cette semaine.
Djokovic a beau avoir le plus beau palmarès de l'histoire chez les hommes, il n'occupe pas la même place que Rafael Nadal (22 sacres majeurs) et Roger Federer (20) dans le coeur des amateurs de tennis.
Aussi n'a-t-il pas manqué d'exprimer sa gratitude après avoir été porté par les spectateurs du Philippe-Chatrier pour renverser Musetti: «Ce sont eux qui m'ont permis de revenir. J'avais besoin de cette énergie. A 2-2 au quatrième set, ils ont commencé à chanter mon nom et je suis devenu un joueur différent à partir de ce moment-là».
Ayant manifestement retrouvé la pleine possession de ses moyens et l'oeil du tigre à point nommé, Djokovic n'en sera que plus fort encore avec les faveurs du public. Car à ses yeux cela constituerait une cerise, qu'il n'espérait peut-être plus, sur sa pièce montée de trophées.