Au lendemain de sa défaite en finale du tournoi d'Umag, Wawrinka nous a rappelé encore une fois à quel point celui-ci est sans aucun doute l'un des plus grands tennismen de l'histoire, mais plus encore, un très grand homme. Retour sur sa carrière.
Qui l'aurait cru ? La Suisse avait déjà son champion, sa star et son idole. Roger Federer a porté tout un pays à travers ses exploits durant près de deux décennies. Et pourtant, le pays portait en son sein un deuxième larron, longtemps tapi dans l'immense ombre du premier : Stanislas Wawrinka.
Un jeune bourré de talent
Son histoire commence sur le circuit professionnel en 2002, et si les premières années révèlent déjà un potentiel extraordinaire, avec un premier titre en 2006 au tournoi d'Umag, ce dernier prendra du temps avant de concrétiser son potentiel et de produire le tennis dont tout le monde le pressentait capable.
En 2008, le monde entier a les yeux rivés sur les performances de Federer et de son jeune rival espagnol, Rafael Nadal. La place occupée par le Bâlois dans l'espace médiatique est telle qu'en Suisse, on commence alors seulement à mettre un nom sur le Vaudois qui décroche, en effet, la médaille d'or aux JO de Pékin, aux côtés d'un maestro surmédiatisé.
Mental défaillant
Toujours dans l'ombre de Roger et aux prises avec son mental défaillant, Stan essuie quelques désillusions dans les années suivantes, de 2009 à 2012. Il vacille entre l'excellent et le moins bon et accroche tout de même quelques résultats notables, notamment en Grand Chelem, où il accède au quart de finale à l'Open d'Australie en 2011.
2013 et la rencontre Norman
Mais s'il échoue encore dans les grands rendez-vous, le Suisse sent qu'il a les armes pour se faire un nom tout en haut de l'histoire du tennis. Le match face à Djokovic, alors n°1 mondial, en huitième de finale de l'Open d'Australie 2013 en est l'incarnation : 6-1, 5-7, 4-6, 7-6(5), 10-12 en 5h02. Le Vaudois le sait à partir de cette date : il peut rivaliser avec les ogres du tennis.
Il ne manque alors plus que de quelques détails pour y parvenir. Au printemps 2013, il s'entoure de Magnus Norman pour former un duo complémentaire et, l'histoire nous le dira, gagnant.
De 2014 à 2016 : l'apogée de «Stan the Man»
Début 2014 se déroule, comme chaque année, le traditionnel Open d'Australie. Il rencontre alors en quart de finale, comme l'année précédente, Novak Djokovic, quadruple tenant du titre, qu'il vainc au bout de quatre heures d'un match d'anthologie sur le score de 2-6, 6-4, 6-2, 3-6, 9-7. Avant de disposer en finale en quatre sets du numéro 1 mondial, Rafael Nadal, et remporter son premier titre majeur.
C'est fait : «Stanimal» écrit alors sa propre légende et se détache progressivement de «Rodgeur» qui vit en parallèle une période délicate à vide sans Grand Chelem de 2013 à 2016.
Sur sa lancée, il devient alors le numéro 1 suisse et remporte aux côtés de Federer la Coupe Davis en 2014. Bien que le Vaudois ne soit pas considéré (et ne sera jamais considéré) à la hauteur du chouchou bâlois, désormais, les Suisses prennent connaissance de l'existence d'un nouveau champion issu de leurs terres.
De 2014 à 2016, «Stan the Man» remporte trois Grands Chelems, à chaque fois en finale face au numéro 1 mondial. Il participe lors de cette période à douze finales et en remporte onze. Le Vaudois produit alors un tennis d'exception et tutoie les sommets : son revers, son coup droit et son service se métamorphosent en coups de fusil lui permettant de façonner sa légende.
Une fin de carrière en grand homme
A la suite de cette apogée, Wawrinka vit encore des beaux résultats en Grands Chelems ou en Masters 1000, mais subit également de nombreuses blessures en 2017, 2020, 2021 et 2022. Mais passionné comme jamais, le Suisse s'est toujours relevé.
Qui l'aurait cru ? Sorti de l'ombre de Roger Federer, un autre Helvète a marqué le tennis de son sceau. Et si le maestro a toujours reflété la perfection et côtoyé les extraterrestres de ce sport, Wawrinka s'est frayé un chemin pour rejoindre la place des grands hommes, guerroyant contre les difficultés et devant s'arracher pour le succès, et le match de dimanche n'en est qu'une preuve de plus.