L'Ecossais Andy Murray, qui n'aura officié que six mois et sans parvenir à le faire renouer avec la victoire, est le dernier nom en date de la longue liste des entraîneurs de Novak Djokovic. Ce dernier a été découvert par une compatriote, dégrossi par un Croate, et bâti par un Slovaque.... Passage en revue des entraîneurs du joueur le plus titré de l'histoire du tennis qui, à 37 ans, semble vraiment au crépuscule de sa très longue carrière.
Gencic, la découvreuse
La légende fait la part belle à la découverte d'un talent brut par Jelena Gencic, à l'occasion d'un stage de tennis dans une station de montagne serbe où les parents Djokovic sont restaurateurs.
Gencic, qui a couvé l'éclosion de la Yougoslave Monica Seles, prend en mains le gamin de six ans. En 2023, dix ans après son décès d'un cancer, Djokovic évoquera l'«influence incroyable» de Gencic, «pour le tennis comme pour le reste». En 2011, en signe de gratitude, il lui avait apporté chez elle à Belgrade son premier trophée de Wimbledon tout juste conquis.
Gencic a convaincu Djokovic de cesser d'imiter le revers de son idole Pete Sampras pour le faire à deux mains, geste qui restera une de ses marques de fabrique. C'est aussi Gencic qui a donné à Djokovic le goût de lire Pouchkine, d'écouter Tchaïkovsky, qui l'a sensibilisé au yoga. Une «seconde mère», dira Djokovic.
Pilic, le «père»
Gencic oriente en 1999 son protégé vers l'académie de l'ancien joueur croate Niki Pilic, près de Munich. Même si les cicatrices des guerres de l'ex-Yougoslavie restent ouvertes, le Croate n'hésite que brièvement avant de s'occuper du prodige serbe.
Pilic, décrit par le joueur comme son «père de tennis», a raconté comment Djokovic arrivait systématiquement en avance pour s'entraîner: «Allons-y, je n'ai pas de temps à perdre si je veux faire carrière», lui lâchait l'adolescent.
Vajda, l'historique
Premier entraîneur de sa carrière professionnelle, son compatriote Dejan Petrovic l'amène dans le top 100. Suivra brièvement Riccardo Piatti mais l'Italien aurait refusé de lâcher son poulain Ivan Ljubicic pour s'occuper exclusivement de lui et Djokovic s'en sépare.
Il se tourne alors vers le Slovaque Marian Vajda qui, en deux temps (2006-2017 puis 2018-2022), s'impose comme son entraîneur historique: sous sa baguette, Djokovic a remporté 20 de ses 24 tournois du Grand Chelem. Vajda «appartiendra toujours à ma famille», a assuré Djokovic.
Becker, le renfort de luxe
Vajda fut épaulé trois ans par Boris Becker (2014-2016). Avec l'Allemand à ses côtés, Djokovic a remporté le quart de ses titres (25), dont six du Grand Chelem et quatorze Masters 1000...
Agassi, rendez-vous raté
Après sa première séparation d'avec Vajda, Djokovic a recruté Andre Agassi. Mais malgré les renforts de Radek Stepanek et de Mario Ancic, leur courte collaboration (mai 2017-avril 2018) correspond à une des périodes les moins fastes pour le Serbe (un seul titre remporté, à Eastbourne).
Blessé à un coude, Djokovic a longtemps reculé devant une opération, préférant s'en remettre à des méthodes alternatives. Agassi laissera entendre au Guardian que ce choix de «guérison naturelle, holistique», a joué un rôle dans leur rupture.
D'autres anciens joueurs ont à un moment ou un autre rejoint son équipe, pour travailler des secteurs spécifiques: Ivo Karlovic (retour), Mark Woodforde (filet), Todd Martin (service).
Ivanisevic, plus qu'un adjoint
Arrivé au début de l'ère Vajda II, le Croate Goran Ivanisevic reste seul aux commandes au moment des victoires de 2023 à Roland-Garros et à l'US Open, celles du record du nombre de titres du Grand Chelem.
Les deux hommes montrent une complicité évidente, malgré des agacements démonstratifs de Djokovic pendant les matchs. Dans un entretien au média sportif des Balkans Sport Klub début 2024, Ivanisevic explique leur séparation par «un sentiment de saturation, de fatigue» après «cinq années difficiles et intenses».
L'échec Murray
Après un court intérim de son compatriote Nenad Zimonjic, Djokovic se tourne vers Andy Murray. À quelques jours près, ils ont le même âge, ils ont été no 1 mondial, se sont livré des duels historiques et ont toujours affiché leur entente, malgré leur désaccord public sur la vaccination au moment de la pandémie du Covid.
Mais l'expérience n'est pas suivie de résultats pour un Djokovic qui, à l'exception de sa victoire historique aux JO de Paris, n'a plus rien gagné depuis le Masters (ATP Finals) en novembre 2023. Leur collaboration se termine après deux éliminations dès le premier tour par des joueurs classés au-delà de la 30e place, à Monte-Carlo et Madrid. Un an après avoir abandonné son trône de no 1 mondial, il est désormais 6e.