Personne ne veut de matches se terminant à 2 ou 3 heures du matin. Pourtant, les parties à rallonge se multiplient et aucune solution n'est en vue.
Lundi, 2h15 du matin. Zheng Qinwen s'impose face à Donna Vekic en remportant le troisième set 6-2. Quelques centaines de fans, seulement, garnissent encore les tribunes. Des cas de figure de ce genre se sont produits à plusieurs reprises ces dernières semaines sur le circuit.
Lundi soir, Jannik Sinner est venu à bout de Tommy Paul en trois sets, peu avant minuit. Si elle avait été plus équilibrée, la partie aurait pu se terminer aux alentours des 1h, voire 2h du matin. En 2022, Carlos Alcaraz avait battu le même Jannik Sinner lors d'un match se terminant à 2h50, record de l'US Open.
«Tellement amateur»
Pourtant, les rencontres qui se jouent de nuit ont aussi de bons côtés. L'atmosphère y est particulière, l'ambiance monte facilement. Mais les athlètes ne sont pas des machines. Lorsqu'un match se termine vraiment tard, la récupération en prend un coup. Une partie qui se poursuit au-delà de minuit peut aussi poser des difficultés aux fans: certains seront tentés de quitter le court avant la fin pour attraper le dernier train, ou par souci de productivité le lendemain au travail.
Le néo-retraité Andy Murray a dénoncé sur X toute l'absurdité de cette situation. «Le calendrier du tennis est un véritable désastre. Ca fait tellement amateur d'avoir des matches qui se terminent à 2, 3 ou 4 heures du matin», s'est-il insurgé.
Quant au syndicat des joueurs, il met le doigt sur le risque accru de blessures. «La santé des joueurs doit être davantage au centre de l'attention, demande son représentant Romain Rosenberg. Il n'est pas étonnant que des joueurs soient fatigués et blessés lors des tournois, car la fatigue mentale et physique est réelle.» Rosenberg demande une meilleure «prévision» dans la construction du calendrier.
Durée des matches aléatoire
Le problème, c'est que la durée des matches est très difficile à prévoir: la victoire peut se jouer sans histoire en une heure et demie, ou en cinq heures pour un match très serré qui va au bout des cinq sets. Tout est possible entre ces deux extrêmes, et c'est bien là le coeur du problème. Les organisateurs de tournois sont bien conscients de cette difficulté, mais il n'y a pas de solution toute faite.
L'US Open a introduit cette année une règle selon laquelle un match qui n'a pas commencé à 23h15 peut être délocalisé sur un autre court. Cela n'est pas encore arrivé, mais même si un match débute «seulement» à 23h, la probabilité qu'il se termine à 2h restera importante.
«Nos fans adorent»
Sans compter que pour régler le dilemme, il faudrait une réelle volonté de la part des organisateurs. Existe-t-elle vraiment ? Pas certain. «Ca fait partie du plaisir. C'est quelque chose que nos fans adorent», a déclaré Lew Sherr, directeur de la Fédération américaine de tennis qui organise le tournoi. Et d'en profiter pour promouvoir New York: «C'est la ville qui ne dort jamais.»
Un discours qui semble balayer la requête d'Andy Murray et faire passer au second plan les revendications du syndicat des joueurs. D'ailleurs, parmi les neuf plus longues nuits de l'histoire de l'US Open, six ont eu lieu au cours des trois dernières années. Il y a trois mois, le match de Novak Djokovic au troisième tour de Roland-Garros s'est terminé à 3h06. Blessé au genou, le Serbe a été contraint trois jours plus tard à l'abandon.
La tendance à organiser des événements en soirée est bien réelle dans de nombreux sports. C'est à ce moment-là, après leur journée de travail, que les fans sont les plus disposés à se rendre au stade. Mais en tennis, l'impossibilité de prédire la durée des matches engendre bien plus de problèmes que dans les autres disciplines.