Il ne l'avoue pas ouvertement, mais c'est un secret de polichinelle sur le Circuit: Novak Djokovic est bien à la poursuite des vingt titres du Grand Chelem de Roger Federer. Cette quête est devenue aujourd'hui son unique raison de vivre sur les courts.
Dès lundi prochain à Melbourne, le Serbe cherchera à cueillir son quinzième titre majeur, son septième en Australie, pour réduire l'écart avec le Bâlois. Et malgré ses récents déboires - il n'a pas gagné un seul des trois derniers tournois qu'il a disputés -, ses contre-performances lors des deux dernières éditions de l'Open d'Australie - défaites contre Denis Istomin au deuxième tour et Hyeon Chung en huitième de finale - et la formidable impression laissée par... Roger Federer à la Hopman Cup de Perth, le no 1 mondial sera bien l'homme à battre lors du premier tournoi du Grand Chelem de l'année. "A mes yeux, il demeure devant", glisse ainsi Stan Wawrinka.
Sept matches en cinq jours
A défaut d'enlever le 73e titre de sa carrière, Novak Djokovic assure n'avoir pas perdu son temps la semaine dernière à Doha. "Je suis venu au Qatar dans l'idée de disputer un maximum de matches, explique-t-il. J'en ai disputé sept en cinq jours. C'est parfait pour moi." Il ne faisait pas un drame de son élimination subie le vendredi en demi-finale contre Roberto Bautista Agut après avoir pourtant mené 6-3 4-3 service à suivre.
"J'ai payé sans doute le prix des efforts fournis en double, glisse-t-il. Je le jouais au côté de mon frère Marko. Et c'était la première fois que nous passions un premier tour. On s'est vraiment pris au jeu, et il était normal que je porte vraiment ce double sur mes épaules." Le coup n'est pas passé loin. Les deux frères n'ont-ils pas bénéficié en demi-finale de trois balles de match contre Pierre-Hughes Herbert et David Goffin, les futurs vainqueurs du tournoi ?
Aujourd'hui âgé de 31 ans et père de deux enfants, Novak Djokovic atteint à son tour un stade de sa carrière où il entend fixer d'autres priorités. "J'espère jouer une saison pleine comme avant, mais ma famille compte aujourd'hui énormément, dit-il. Je veux voir mes deux enfants grandir. Je dois donc trouver un certain équilibre. C'est pourquoi mes objectifs sont mieux définis, plus restreints peut-être. Ce sont ainsi les quatre tournois du Grand Chelem qui comptent au final."
«Je ne veux pas surveiller les autres joueurs»
A Doha, Novak Djokovic ne s'est pas attardé sur la question d'évaluer la forme de ses principaux rivaux avant le rendez-vous suprême de Melbourne. Il a toutefois précisé qu'il fallait bien se garder d'enterrer trop vite Rafael Nadal. "Je ne sais pas combien de fois il est revenu de nulle part, lâche-t-il. Rafa sera toujours là", glisse-t-il.
"Je ne veux pas surveiller les autres joueurs. Je m'efforce de tout faire pour me présenter à Melbourne dans les meilleures dispositions. Si j'y parviens et seulement si j'y parviens, je sais que je peux gagner partout. Je crois en moi. Je crois en mes forces. Mais je sais aussi que je ne suis pas le plus fort. Et que, surtout, je n'ai pas une marge incroyable sur mes adversaires." Cette humilité n'est pas feinte. Et si elle s'inscrit en faux contre la remarque de Stan Wawrinka, elle illustre un point de vue que Novak Djokovic partage avec Roger Federer: le pire ennemi du champion, aussi grand soit-il, est bien l'excès de confiance.