Adversaire de Belinda Bencic en quarts de finale de l'US Open, Emma Raducanu fait partie des chouchous du public new-yorkais. Son ascension soudaine, à 18 ans, et son aisance permettent un narratif dont spectateurs et médias raffolent.
Née à Toronto d'une mère chinoise et d'un père roumain, l'étoile naissante a grandi en Grande-Bretagne. Un pays qui a généralement tôt fait de s'enflammer dès qu'une championne ou un champion en herbe pointent le bout de leur raquette, en particulier chez les femmes, où le tennis britannique est en panne de stars depuis des lustres.
Cet été à Wimbledon, Emma Raducanu est devenue seulement la quatrième joueuse du Royaume-Uni à atteindre les 8es de finale sur les trente dernières années. Ce fut déjà un exploit, sachant qu'elle venait tout juste de disputer, un mois plus tôt, son premier tournoi WTA, à Nottingham.
De quoi lui valoir une invitation à Wimbledon, alors qu'elle n'était que 338e joueuse mondiale. Désormais 150e, et bientôt à la porte du top 50 surtout si elle bat Bencic, Emma Raducanu voit soudain les projecteurs braqués sur elle. D'autant que lors de ses sept matches disputés à ce jour à New York (trois en qualifications, quatre dans le tableau principal), elle n'a pas perdu le moindre de set.
Mardi, dans la salle de presse de Flushing Meadows, les médias se bousculaient pour voir et interviewer la jeune femme, souriante et apparemment détendue.
Après ses exploits de Wimbledon, elle est partie durant six semaines aux Etats-Unis, pour y voyager un peu mais aussi accéder à la finale d'un WTA 125 sur surface dure à Chicago - et accessoirement prendre un peu de recul et fuir les sollicitations.
A point nommé
La joueuse affiche fièrement son cosmopolitisme. Sur son profil Instagram, suivi par un demi-million de personnes, il est écrit «Londres, Toronto, Bucarest, Shenyang». Un profil qui plaît particulièrement outre-Atlantique.
Sa récente notoriété ne fait pas pour autant déjà d'elle une joueuse prodige. Des Martina Hingis, Monica Seles ou Tracy Austin n'avaient pas 17 ans quand elles ont remporté leur premier Grand Chelem. Belinda Bencic elle-même avait dix-sept ans quand elle a atteint la première fois les quarts de finale à l'US Open, en 2014
A l'image de la Canadienne Leylah Fernandez, qui brille aussi à cet US Open à 19 ans tout juste, le «clan» Raducanu mise sur l'auto-persuasion autant que sur le travail. «Le ciel est la limite», déclare l'entraîneur Nigel Sears, par ailleurs beau-père d'Andy Murray.
L'ascension d'Emma Raducanu - qui reste cependant à confirmer - arrive à point pour un tennis britannique en quête d'émotions fortes, et dont les meilleurs éléments (Johanna Konta, Heather Watson, Daniel Evans, Cameron Norrie, Kyle Edmund, Andy Murray) sont soit en fin de carrière, soit sans génie.