"Relation de maître à esclave"
Et si la serviette subissait une révolution sur les courts de tennis ?

ATS

10.11.2018

La serviette au coeur d'une mini-révolution sur le circuit mondial de tennis? A première vue anodine, la règle testée lors du Next Gen à Milan laissant les joueurs, et non les ramasseurs, gérer leur si précieux essuie-main, fait beaucoup parler.

Rafael Nadal et les autres joueurs du circuit professionnel devront-ils bientôt s'occuper eux-mêmes de leurs serviettes?
Rafael Nadal et les autres joueurs du circuit professionnel devront-ils bientôt s'occuper eux-mêmes de leurs serviettes?
Getty Images

La serviette n'est finalement pas un objet si banal. En tout cas pour les joueurs de tennis. Depuis près d'une semaine, au NextGen de Milan, ce Masters réunissant les huit meilleurs espoirs du circuit de moins de 22 ans, elle prend en tout cas beaucoup de place.

Depuis le début de la semaine, pas de ramasseurs au service des joueurs pour leur amener prestement leur serviette, ce qu'ils font normalement sur le circuit, mais un simple casier à serviettes posée au fond du court. A priori pas vraiment une tâche insurmontable pour les joueurs. Et pourtant...

"Sur le court, je ne veux penser qu'au tennis, pas m'occuper de savoir où j'ai laissé ma serviette. Ca c'est un boulot pour les ramasseurs de balles", a par exemple estimé le Grec Stefanos Tsitsipas, 15e mondial. "Pour jouer votre meilleur tennis, vous ne devez pas avoir à vous demander où et quand vous allez prendre votre serviette. Je n'ai pas tellement aimé ça. Je devais tout le temps courir pour la prendre, j'avais ça en tête tout le temps", a-t-il raconté.

«Bonne idée»

Le Russe Andreï Rublev (68e mondial) n'est pas un adepte non plus: "A chaque fois je devais me rappeler de la prendre au changement de côté. Il y a eu un moment où je l'ai oubliée et après m'être assis, j'ai dû me relever pour aller la chercher". Seul l'Américain Francis Tiafoe (40e mondial) a lui jugé que c'était une "bonne idée" à importer sur le Circuit, théâtre, depuis une quinzaine d'année, de cet usage qui a pris des allures de dérive.

Cette mode s'est en effet peu à peu généralisée, devenue presqu'un toc pour certains joueurs. Peu importe que le point ait duré près de deux minutes, ou 10 secondes, des joueurs et joueuses se retournent instinctivement vers les ramasseurs de balles en pointant leur serviette. Le signal pour que le ramasseur rapplique avec le précieux essuie-mains, qui va servir à essuyer le bras, le visage, parfois les deux.

Cette pratique n'a pas changé grand chose au script des matches, mais a en revanche alourdi le cahier des charges des ramasseurs, au service des joueurs le temps de leur match. Et parfois les joueurs dérapent. Fin septembre au tournoi de Shenzen en Chine, l'Espagnol Fernando Verdasco s'en est pris à un jeune ramasseur de balles, pas assez prompt selon lui à lui apporter son indispensable serviette.

Respecter les ramasseurs

Une séquence largement commentée sur les réseaux sociaux, avec notamment ce tweet de la mère du Britannique Andy Murray: "Et pourquoi pas une règle qui obligerait les joueurs à gérer eux-même leurs serviettes? Et les ramasseurs qui ne s'occuperaient que des balles..."

Quelques jours plus tard, la Biélorusse Aryana Sabalenka, 12e mondiale, en a remis une couche au tournoi de Pékin en jetant de rage une bouteille d'eau par terre parce qu'un ramasseur de balle tardait à lui ramener sa serviette.

La joueuse s'est excusée un mois plus tard pour ce geste d'humeur. Mais la scène est restée. Interrogé sur le sujet, Roger Federer avait rappelé début octobre une évidence. "Évidemment, vous voulez toujours respecter les ramasseurs de balles, notamment pour leur super travail, mais ce n'est pas évident pour chaque joueur de contrôler ses émotions", avait-il lâché.

Le patron de l'ATP Chris Kermode a lui pris fait et cause pour une évolution de la règle: "Je n'ai jamais vraiment aimé que les ramasseurs s'occupent de la serviette. Ca ressemble à une relation de maître à esclave", a-t-il jugé dans le Daily Telegraph. Parfois des détails n'en sont pas tant que ça...

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