Les exhibitions semblent prendre de plus en plus d'envergure dans le calendrier des joueurs, Roger Federer et Stan Wawrinka en tête. En marge des Swiss Indoors de Bâle, les deux Suisses ont tenté d'expliquer ce qui les poussait à prendre part à ces matches de gala.
Alors que les Swiss Indoors de Bâle et le Vienna Open - deux tournois estampillés ATP 500 - battent leur plein, Novak Djokovic et Rafael Nadal ont disputé jeudi une exhibition au Kazakhstan. Le "Clash of the Titans" - comme a été nommée cette rencontre de gala remportée par le Majorquin (6-3 3-6 11-9) - a déclenché une polémique dans le monde de la petite balle jaune.
"Selon les règles érigées par l’ATP et Chris Kermode, son patron, il ne peut y avoir de matches d’exhibition alors qu’on joue des tournois ATP. Nous devons respecter cela", a rappelé Edwin Weindorfer, le directeur du tournoi de Vienne. "Je ne pense pas que cela soit une bonne chose d’organiser des exhibitions pendant les événements ATP. Les joueurs sont membres de l’ATP. Il y a une intersaison après le Masters de fin d’année et tout le monde peut jouer pendant cette période."
Ce sera d'ailleurs le cas de Roger Federer et de Stan Wawrinka. Après le tournoi des Maîtres, le Bâlois s'offrira une tournée en Amérique du Sud presque indigeste. En six jours (du 19 au 24 novembre), le Maestro jouera, en effet, à Santiago, Buenos Aires, Bogota, Mexico et Quito. Une dernière exhibition attendra encore le Suisse à Hangzhou à la fin du mois de décembre. De son côté, "Stan The Man" se rendra à Riyad du 12 au 14 décembre.
«J'ai disputé très peu d'exhibitions»
Ces nombreux matches visant à promouvoir le tennis ont-ils vraiment leur place dans le calendrier déjà surchargé des joueurs? "Si je regarde combien d'exhibitions j'ai joué par rapport au nombre d'opportunités que j'ai eu durant ma carrière, j'en ai disputé très très peu", souligne dans un premier temps Roger Federer.
Avant d'expliquer les raisons qui l'ont poussé à disputer cette tournée sud-américaine. "J'ai recommencé à faire des exhibitions ces derniers temps, notamment les 'Matches for Africa' pour ma Fondation. Nous avons pu constater que je remplissais facilement des stades dans des endroits où je n'avais pas l'habitude d'aller. La dernière fois que je me suis rendu en Amérique du Sud, en 2012, cela avait été une semaine extraordinaire. Je savais toutefois que je ne pourrais pas faire ce type de tournée chaque année, notamment avec mes enfants ou à cause de mes blessures. Mais je me sens très bien physiquement depuis près de deux ans. Le risque est donc moindre, même si la situation au Chili est délicate."
La crise sociale qui touche actuellement le pays est forcément suivie de près par le Maître. "Tout ceci nous préoccupe, évidemment. Ces événements touchent beaucoup de monde. Le pays n'est actuellement pas sûr. Nous espérons donc que les choses évolueront rapidement et que notre voyage n'en sera pas impacté."
De son côté, Stan Wawrinka ne débarquera pas dans un pays touché par l'instabilité géopoltique. L'Arabie saoudite et Riyad - qui ont en l'occurence bien d'autres soucis - accueilleront donc en décembre - outre le Vaudois - Daniil Medvedev, Fabio Fognini et David Goffin lors d'un tournoi de gala. Mais qu'est-ce qui a poussé le "Stanimal" à se rendre au Moyen-Orient?
«Attendre les offres et toucher l'argent»
"J'ai toujours essayé de garder la bonne balance entre les exihibitions et mon temps de préparation. Ce dernier est ma priorité afin que je puisse bien jouer sur le Tour", rappelle le triple vainqueur en Grand Chelem. "Ce tournoi en Arabie saoudite tombe bien dans mon programme car je serai au milieu de ma préparation. Il me donnera ainsi l'opportunité de jouer des matches contre de bons joueurs et de monter mon niveau de jeu. Ensuite, je retournerai terminer ma préparation avant la nouvelle saison."
Si les joueurs semblent donc retirer du positif de ces rencontres d'un point de vue tennistique, l'avantage est surtout financier. "Si Roger veut faire des exihibitions, il peut en faire partout et tout le temps. Il remplirait toujours le stade car il y aura toujours des villes qui voudront l'accueillir. C'est donc plutôt lui qui décide quand il veut en faire", détaille le Vaudois. "Nous, les autres joueurs, devons attendre les offres afin de pouvoir jouer des exihibitions et toucher de l'argent."
Ce sont bien les cachets distribués aux joueurs qui sont au centre des controverses et qui, parfois, font prendre les mauvaises décisions aux athlètes, ces derniers zappant toujours davantage leurs plages de repos. Et de payer les pots cassés en 2020?