Le no 1 mondial Jannik Sinner, seul cador à avoir tenu son rang, sera favori de sa première finale de l'US Open dimanche. Mais Taylor Fritz aura le soutien inconditionnel du bouillonnant Stade Arthur Ashe qui attend depuis 2003 un successeur à Andy Roddick, dernier Américain à avoir inscrit son nom au palmarès d'un Majeur.
«Cela ne fait aucun doute, le public sera plutôt de son côté, mais c'est normal, prédit Sinner. Alors je vais l'accepter, sachant que j'ai derrière moi mon équipe et des gens qui me sont proches. Et je garde à l'esprit qu'il y a beaucoup de monde qui me regarde à la télévision en Italie et qui me soutient», ajoute-t-il.
L'Italien de 23 ans et l'Américain de 26 ans, 12e mondial qui gravite autour de la 10e place depuis plus de deux ans avec une pointe au 5e rang en février 2023, ne se sont affrontés qu'à deux reprises, à Indian Wells.
Ils en sont à une victoire chacun. Mais la dernière fois qu'ils ont croisé le fer remonte à quasiment un an et demi, en 2023. Jannik Sinner s'était alors difficilement imposé en quart de finale.
Autre planète
Mais ça, c'était avant. Car depuis, l'Italien a changé de planète: il a remporté son premier titre du Grand Chelem en janvier à l'Open d'Australie, est devenu no 1 mondial et prétendant au titre de tous les tournois auxquels il participe.
Ce qui n'est pas le cas de Fritz dont le palmarès est aussi sobre que le joueur: huit titres au total depuis 2019, dont deux cette année. Son trophée le plus prestigieux est celui du Masters 1000 d'Indian Wells remporté en 2022.
Cette année à Flushing Meadows, Sinner n'a pas eu à affronter, dans une demie qui s'annonçait épique, son principal adversaire générationnel du circuit Carlos Alcaraz, qui a perdu dès le 2e tour. Mais il s'est défait avec assurance en quart d'un autre prétendant, le Russe Daniil Medvedev, vainqueur du tournoi en 2021.
Et l'Italien, sans jouer son meilleur tennis, a fait preuve d'une grande maîtrise en demie face à Jack Draper qu'il a écarté en trois sets. Le seul moment tendu du match est intervenu dans le deuxième set lorsque Sinner est tombé sur son poignet gauche.
«Après l'intervention du physio, qui m'a immédiatement fait du bien, la douleur est partie en jouant. On verra comment ce sera demain (samedi) à froid, mais je suis relativement confiant parce que si ça avait été grave, je l'aurais senti sur le coup», a raconté le droitier qui pourrait être handicapé pour son revers à deux mains.
Des finales «différentes»
Fritz n'a pas encore soulevé de trophée du Grand Chelem, mais il a joué au total 14 finales sur le circuit ATP. Comme pour commencer son travail de sape psychologique, Sinner prévient: «en Grand Chelem, les finales sont un peu différentes. On ressent énormément de tension».
Lui, il est à 100% de réussite en finale de Grand Chelem: une jouée et gagnée. Et il souhaite terminer la saison des Majeurs comme il l'a commencée, avec un titre, synonyme de partage des titres du Grand Chelem avec Alcaraz, vainqueur à Roland-Garros et Wimbledon.
La nervosité, Fritz l'a déjà longuement combattue en demie pour battre son compatriote Frances Tiafoe en cinq sets. «Nous étions tous les deux nerveux en arrivant sur le court, mais il s'est détendu plus vite que moi. J'ai eu du mal à avaler la perte du premier set parce que je menais avec un break d'avance et je le lui ai donné à cause de fautes liées à ma nervosité», souligne-t-il.
Fritz a fini par reprendre le contrôle de ses nerfs avant d'écraser quelques larmes sous l'ovation du public. «Quand je suis très heureux, je pleure. C'est comme ça», explique l'Américain.
«Le public m'acclamait, j'ai réalisé que je venais de me qualifier pour la finale de l'US Open... C'est le rêve d'une vie qui se réalise. J'ai travaillé toute ma vie pour arriver là», développe-t-il, persuadé que «le niveau affiché» lui permettra de remporter le titre.
Il n'est plus qu'à une marche. Une marche de géant pour lui et pour toute l'Amérique.