Affaire Nikles
"C'était la jungle avant, c'est encore pire maintenant!"

Chris Geiger, à Genève.

21.5.2019

Bien malgré lui, Johan Nikles a défrayé la chronique cette semaine au Geneva Open. Le Genevois (ATP 666) s'est vu retirer par les organisateurs sa wild card pour les qualifications au détriment de Grigor Dimitrov. Le droitier (22 ans) avait pourtant gagner son invitation sur les courts de Bienne lors d'un tournoi de pré-qualification. Il a toutefois pu fouler mardi les terrains des Eaux-Vives en double. Maigre consolation.

Johan Nikles: "Le nouveau système de l'ATP est très frustrant."
Johan Nikles: "Le nouveau système de l'ATP est très frustrant."
Keystone

Johan Nikles, vous essuyez une défaite sèche (6-4 6-2) contre la paire Garin/Londero. Quel sentiment vous habite?
"Je ne suis pas un spécialiste de double, ce n'était donc pas un match facile. On s'est fait breaker deux fois à égalité lors du premier set. Le double se joue sur pas grand chose, sur deux-trois points. Il faut donc tout le temps être présent et remporter les points importants. On n'a jamais vraiment réussi à faire douter nos adversaires. Ces derniers ont, en effet, réussi à faire rapidement le break dans chaque manche. Comme ils jouaient bien, ils ont ainsi rapidement pu faire la différence."

Vous dites ne pas être un spécialiste de double. Peut-on donc conclure que l'invitation que vous ont accordé les organisateurs était un cadeau empoisonné?
"Non, je ne dirais quand même pas ça. Mon partenaire, Nenad Zimonjic, a été numéro 1 mondial et a remporté trois titres en Grand Chelem en double (ndlr: Wimbledon 2008 et 2009, Roland-Garros 2010). Il possède donc une grosse expérience (ndlr: le Serbe fêtera ses 43 ans en juin). Il a ainsi pu me délivrer de bons conseils lors de nos entraînements. Il m'a aidé notamment d'un point de vue technique à la volée, afin d'être plus constant et plus performant. Nenad m'a aussi expliqué comment me positionner au filet ou comment anticiper les coups de l'adversaire. Je ne prêtais pas forcément attention à ce genre de choses, il m'a fait prendre conscience de leur importance."

Si vous avez été invité en double, c'est parce que les organisateurs vous ont retiré votre wild card pour les qualifications du simple - pourtant gagnée sur le terrain lors du tournoi de pré-qualification de Bienne - afin de privilégier Grigor Dimitrov. Comment avez-vous accueilli la nouvelle? 
"J'ai su directement après ma finale remportée à Bienne que je n'aurais pas la wild card. C'était clair, je n'ai donc pas vraiment eu le temps de me faire des films. J'étais bien-sûr très déçu car ça me tenait à coeur de revenir au Geneva Open. J'avais joué ici en qualifications en 2016 et j'avais passé un tour. J'étais très motivé de rejouer ici. La preuve, j'ai pris deux semaines de mon calendrier pour peut-être avoir une wild card... Malheureusement, je ne l'ai pas obtenue. Je comprends toutefois les organisateurs et la situation spéciale dans laquelle ils se trouvaient. Je les remercie tout de même d'avoir trouvé une solution. Mais je ne sais pas si je rejouerai le tournoi de pré-qualification l'année prochaine. J'espère surtout revenir sans wild card."

Pour cela, il vous faudra gagner de précieux points ATP. Vous auriez d'ailleurs pu en récolter ici en cas de succès lors des qualifications. Le sentiment d'injustice est-il encore plus grand?
"Le nouveau système de l'ATP est de toute manière déjà très frustrant. C'était déjà la jungle avec l'ancien système, c'est encore pire maintenant. Avec mes résultats actuels, je devrais être dans le top 400. Je me retrouve finalement 666e au classement, avec un seul point ATP. Ce système est un peu démotivant et n'est pas du tout bénéfique aux joueurs. Il devrait cependant prochainement rechanger, ce qui constitue une bonne nouvelle. C'est donc pour cette raison que les éventuels points ATP que j'aurais pu gagner en qualification m'auraient permis de monter au classement, d'entrer dans d'autres tableaux et d'être tête de série sur le circuit ITF Future. A la place de cela, je risque de perdre mon point ATP en septembre et donc de me retrouver sans classement. Comment expliquer cela aux gens alors que je joue mieux et que je progresse?"

A l'image de Bâle et de Gstaad, les tournois suisses semblent vouloir aider les joueurs helvétiques. Ce n'est toutefois pas le cas du Geneva Open, comment l'expliquez-vous?
"A la base, le tournoi n'était pas installé en Suisse, mais à Düsseldorf. Les organisateurs ne sont donc pas forcément du cru. Ils sont simplement venus s'implanter ici et ont peut-être une autre vision des choses. A Bâle et à Gstaad, c'est différent car les organisateurs sont Suisses. Ils ont donc envie d'aider les joueurs locaux. Une politique qui fait du sens lorsqu'on est organisateur suisse d'un tournoi suisse. Au Geneva Open, les dirigeants font ce qu'ils veulent avec leur tournoi... De mon côté, j'espère qu'on pensera à moi du côté de Gstaad et de Bâle dans les prochains mois."

D'ici-là, quel sera votre programme?
"Je serai en Roumanie la semaine prochaine pour un tournoi ITF Future à 25'000$. Il s'agit d'un bon tournoi qui pourrait me permettre de gagner quelques points ATP. Ensuite, j'irai m'entraîner une semaine à l'Académie de David Ferrer, avant d'enchaîner plusieurs tournois à 25'000$ en Espagne."

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