Stan Wawrinka, qui débutera dimanche son 19e Roland-Garros, est à 39 ans le doyen du tournoi, mais le Suisse, triple vainqueur en Grand Chelem, affirme que la «passion» l'anime toujours et que gagner un Grand Chelem n'est pas «la fin d'une histoire».
Ancien 3e mondial aujourd'huit 97e au classement ATP, Wawrinka raconte à l'AFP sa vision du circuit, ses sources de motivation, et ses souvenirs de Rafael Nadal qui pourrait jouer cette année son dernier Roland-Garros.
Arrivé sur le circuit en 2002, il a remporté l'Open d'Australie en 2014, Roland-Garros en 2015 et l'US Open en 2016. Seul Andy Murray, son adversaire dimanche au premier tour, a également remporté trois Majeurs durant le règne du Big 3 (Federer, Nadal, Djokovic).
Après tant d'années sur le circuit et des blessures, avez-vous encore cette envie de vous entraîner, de travailler, de jouer au tennis ?
«C'est un joli travail quand même d'aller taper dans une balle sur un terrain de tennis. Ça demande beaucoup de discipline et beaucoup de sacrifices par rapport aux choses de la vie, mais ça reste une passion. Quand j'étais jeune, mon rêve c'était de pouvoir jouer à Roland-Garros. Aujourd'hui, j'y suis. J'espère que ce n'est pas mon dernier, donc l'envie et la passion sont toujours là.»
Comment faites-vous et comment font ou ont fait Federer, Nadal et Djokovic pour se remotiver après autant de victoires ?
«Une victoire en Grand Chelem n'est pas la fin d'une histoire. On joue au tennis pour monter le plus haut possible, pour gagner des tournois si on peut, peu importent les catégories. Mais on ne joue pas pour gagner UN tournoi et basta ! La motivation est encore plus facile quand tu gagnes un gros titre: tu as envie de plus, tu as envie de continuer, tu as la chance de te dire +voilà, j'ai réussi à gagner un titre avec tous les efforts que j'ai faits+ donc forcément tu as encore plus envie. Je pense que c'est plus dur quand les résultats ne viennent pas.»
Noah n'a plus trouvé la motivation après son titre à Roland-Garros 1983, Thiem ne s'est pas remis de son titre à l'US Open 2020...
«Des exemples où des personnes ont perdu la motivation après avoir gagné un Grand Chelem, je ne pense pas qu'il y en ait beaucoup. Au contraire : gagner un tournoi, c'est pour ça qu'on joue, donc c'est le retour de tous les entraînements, tous les sacrifices. Donc j'y vois plutôt une aide à une motivation future.»
Quel souvenir vous revient en premier de vos affrontements avec Rafael Nadal ?
«La finale 2017 à Roland-Garros où je n'ai eu aucune chance (défaite 6-2, 6-3, 6-1, ndlr). Pourtant, j'étais vraiment au meilleur de ma forme, mais ça a été super compliqué.»
Et plus généralement ?
«J'en ai énormément... J'ai regardé pratiquement toutes ses finales. Des moments historiques qu'il a créés dans le sport, il y en a beaucoup et ça a toujours été impressionnant.»
Vous avez évolué au coeur de la domination du Big 3. Quel regard portez-vous sur cette période ?
«J'ai eu la chance de pouvoir les côtoyer, les jouer, et les battre de temps en temps... Forcément, le seul moyen de gagner un Grand Chelem, c'était de progresser. Comme dans toutes les générations, que ce soit eux, que ce soit Sampras avant, ou Agassi, quand on veut battre les meilleurs, on est obligé de progresser.»
Comment expliquer la longévité de ce règne à trois, le niveau général a-t-il baissé ces dernières années ?
«C'est leur qualité. Leur niveau, leur professionnalisme, leur façon de se préparer dans les moments importants. Pendant 10-15 ans, ils étaient en demi-finales et finales de tous les tournois. C'était vraiment impressionnant. Le mental se travaille comme tout. L'expérience peut aider un peu, mais quand on a de l'expérience, on a vécu les choses plusieurs fois et on peut se poser beaucoup plus de questions aussi...»
Sinner et Alcaraz sont-ils capables de régner comme le Big 3 ?
«En tout cas ils sont déjà très impressionnants à leur âge et au niveau de leurs résultats. C'est un gros challenge de les jouer. Je n'ai pas eu la chance de jouer Alcaraz, mais Sinner c'est très lourd ce qu'il fait, il joue très vite des deux côtés. Quant à savoir s'ils pourront régner, l'avenir nous le dira.»