Le tant attendu toit rétractable sur le Court Philippe Chatrier ne sera certes disponible qu'en 2020. Mais la première phase de la mue de Roland-Garros peut déjà être considérée comme une réussite.
Cette édition 2019 offre un supplément de confort non négligeable pour l'exigeant public parisien, qui se sentait – à juste titre – de plus en plus à l'étroit dans les allées du complexe de la Porte d'Auteuil. Les claustrophobes peuvent désormais se permettre d'y déambuler sans crainte. «De 8,5 hectares, la superficie est passée à 11 hectares», souligne Xavier De Robien, directeur Logistique, Travaux & Sécurité à la Fédération française de tennis (FFT).
Les spectateurs ayant la chance de s'installer dans un Court Philippe Chatrier «relooké» après dix mois de travaux en ont également pour leur argent. Les nouvelles tribunes, construites désormais en couronnes, offrent ainsi une bien meilleure visibilité pour tous. Et, l'essentiel est d'ailleurs là, «on y joue au tennis de la même façon», comme l'a relevé lundi le maître des lieux, l'homme aux 11 sacres parisiens Rafael Nadal.
A elle seule, la reconstruction du Philipe Chatrier coûtera au total 160 millions d'euros (pour un investissement global de quelque 380 millions). Sa hauteur passera de 18 m avant le début des travaux à 31 mètres lorsque le toit – qui sera composé de onze ailes et pourra se déployer en 20 minutes – sera disponible. Les délais ont été pour l'heure respectés – il y a eu jusqu'à 1000 ouvriers par jour sur le chantier! -, même si le nouveau centre des médias ne sera finalement disponible qu'en 2020.
Un joli pied de nez
Autre innovation, le Court Simonne Mathieu, bijou architectural semi-enterré construit entre quatre serres présentant différentes plantes tropicales à l'extrêmité est du stade. «C'est un terrain magnifique. J'ai tout de suite adoré l'atmosphère qu'on a quand il y a du public, de l'ambiance, on sent que tout reste à l'intérieur», a jugé lundi Stan Wawrinka après son 1er tour victorieux.
Troisième court en termes de capacité (5000 places), ce véritable écosystème constitue une sorte de réponse aux opposants écologistes du projet de modernisation de Roland-Garros lancé en 2011. «Ce projet avait été énormément décrié au départ. Mais ses détracteurs ne peuvent que constater son harmonie. Les serres classées n'ont ainsi pas du tout été impactées», explique Xavier De Robien.
D'autres voix s'élèvent désormais, mais parmi les amoureux du tennis, en raison de la destruction du très apprécié court no 1, véritable arène de corrida qui fera place dès 2021 au Jardin des Mousquetaires. «Nous avons anticipé sa fin avec la construction du Simonne Mathieu, qui peut accueillir 5000 spectateurs contre 3800 pour le no 1. Je suis sûr que le Simonne Mathieu remplacera à merveille le no 1», assure M. De Robien.
Un toit également sur le Lenglen?
Roland-Garros dispose cette année de 15 courts homologués pour la compétition, le minimum syndical. Malgré la destruction du no 1, il y en aura 16 l'an prochain avec la reconstruction des courts no 2 et 3, qui ont «disparu» cette année. Pour l'heure, le Court Suzanne Lenglen, deuxième enceinte en termes de capacité (environ 10'000 places), est le seul à ne pas avoir subi de modification majeure.
Mais cela pourrait bien changer: ce stade sera en effet utilisé pour les épreuves de boxe des Jeux olympiques de 2024 et l'objectif est de le recouvrir pour l'occasion. Le Suzanne-Lenglen pourrait-il donc lui aussi être doté d'un toit dans un avenir proche? «Pour l'heure, on réfléchit simplement à la possibilité de le recouvrir également pour le tournoi de tennis», répond Xavier De Robien.
Des night sessions dès 2021
Le gros des travaux sera donc achevé pour l'édition 2020. L'an prochain, outre l'apparition d'un toit sur le Philippe Chatrier, des projecteurs seront installés sur les quatre courts principaux, et tous les terrains seront même équipés de lumière artificielle dès 2021. «Le seul but recherché, c'est de pouvoir terminer un maximum de matches en soirée», précise Xavier De Robien.
L'édition 2021 sera en effet également marquée par l'apparition de sessions nocturnes à Roland-Garros, qui se met donc là aussi au diapason des autres tournois du Grand Chelem. Ces «night sessions» seront réservées au seul Court Philippe Chatrier, assure Xavier De Robien, bien conscient que des dents pourraient à nouveau grincer parmi les détracteurs de Roland-Garros.