Coupe Davis
"Avec Noah, on n'est jamais à l'abri de surprises"

Bugnon Michaël

22.11.2018

Rencontré dans les couloirs de l'O2 Arena de Londres dans le cadre du Masters, Quentin Moynet, reporter tennis pour "L'Equipe", nous a donné son avis sur la finale de la Coupe Davis qui débute ce vendredi. Selon lui, la France ne part pas favorite face au très gros morceau qu'est la Croatie.

Les joueurs français espèrent bien soulever le trophée dimanche à Villeneuve-d'Ascq.
Les joueurs français espèrent bien soulever le trophée dimanche à Villeneuve-d'Ascq.
Keystone

L’équipe de France part-elle favorite face à cette équipe de Croatie ?

"Je pense que depuis l’arrivée de Noah, c’est le match le plus difficile qui attend la France. Ce sera plus compliqué que contre la Belgique l’année dernière qui avait un gros numéro 1 (ndlr: Goffin) mais pas grand chose derrière. Cette fois, les deux joueurs de simple de la Croatie (ndlr: Cilic et Coric) ont un meilleur classement que les Français et leur double est au niveau avec plusieurs paires possibles. Ils sont légèrement favoris en simple tandis que la France est favorite en double. Ça s’annonce donc très serré. Après, c’est en France et le choix de la terre battue affaiblit la Croatie. Donc pour moi. c’est du 50-50."

Comment expliquer l’absence de Gilles Simon, peut-être LE joueur en forme en cette fin de saison ?

"La terre battue n’est pas la surface favorite de Simon. Et surtout, Noah et Simon l’ont tous les deux expliqué, ils ont une façon de travailler différente. Pour l’esprit de groupe, Noah préférait donc pouvoir s’appuyer sur des gars avec qui il a un bon feeling."

A contrario, la sélection de Jo-Wilfried Tsonga a-t-elle surpris en France ?

"Un peu. Avant Bercy, je ne pensais pas qu’il serait pris. Mais il fait un bon match contre Raonic, c’est un leader dans un groupe et ça reste le meilleur joueur français depuis 10 ans. Après j’ai du mal à croire que Noah le prenne mais qu’il ne le fasse pas jouer… D’ailleurs avec Noah, c’est toujours difficile de savoir qui va jouer et on n’est jamais à l’abri de surprises. L’année dernière, il avait sorti Mahut du double à la dernière minute à la surprise générale…" (ndlr: Yannick Noah a d'ailleurs décidé de titulariser Jérémy Chardy et Jo-Wilfried Tsonga pour les deux premiers simples de vendredi, préférés à Lucas Pouille)

Plus généralement, au vu des résultats personnels, on ne peut pas dire que le tennis français se porte bien…

"C’est clair, mais c’est quelque chose qui était assez prévisible. On savait qu’il  allait y avoir un creux de génération. On a quand même eu quatre joueurs dans le top 15, et ça c’était monstrueux. Je pense que certains n’ont pas réalisé qu’on a eu cette génération dorée. Mais ces joueurs ont maintenant 32-33 ans et la génération d’après a plus de peine. Pouille devrait prendre la relève, même s’il n’a pas confirmé cette année. En général, ça s’annonce quand même plus dur pendant quelques années…"

Comment le public français réagit à ces contre-performances ? Le tennis reste-t-il un sport bien suivi en France ?

"Les suiveurs ont été déçus, ils attendaient certainement un Grand Chelem de Tsonga ou Monfils. Mais j’ai l’impression que les Français restent très intéressés par le tennis, et c’est aussi parce qu’il y a des gars comme Federer ou Nadal. Mais si le tennis français ne devient pas plus performant au moment où ces stars arrêteront, j’ai un peu peur qu’il y ait aussi un creux à ce niveau-là avec un tennis moins attractif donc moins de licenciés, moins de jeunes joueurs et moins de suivi…"

D’ailleurs, est-ce qu’en France, au vu des résultats, on ne supporte pas plus facilement un Roger Federer qu’un joueur français ?

"Ah oui, presque. En tout cas à Roland-Garros, quand Federer joue un Français, c’est quasiment du 50-50, ce qui peut paraître fou. Bon, en même temps, c’est partout pareil avec Federer…"

Retour à la page d'accueilRetour au sport