En un an, ils sont devenus incontournables dans les tournois du Grand Chelem, comme leur héros, Jannik Sinner : les «Carota Boys», six jeunes Italiens habillés en... carottes, sont à Roland-Garros pour soutenir bruyamment le no 2 mondial.
De Revello, petite ville du Piémont, à Paris, Londres, New York et Melbourne: c'est l'itinéraire - «fou et incroyable», de leur propre aveu - de Gianluca Bertorello, Enrico Ponsi et de leurs quatre copains, tous âgés entre 25 et 30 ans. Amateurs de foot et de tennis, ils se sont pris de passion pour Sinner, «un mec jeune, simple, qui vient comme nous d'une petite ville». Et ce qui était un simple hobby est en train de devenir un métier à temps plein.
«Tout a commencé comme une blague. Il y a tout juste un an, on a décidé de se faire un week-end à Rome pour assister aux Internationaux d'Italie», raconte à l'AFP Gianluca en marge de l'édition 2024 du Masters 1000 romain. «Comme on voulait faire quelque chose de différent, on s'est habillé en carottes. On avait des billets pour un seul jour du tournoi et on a eu la chance que Jannik joue ce jour-là et qu'il gagne son match», rigole Enrico.
Une carotte au changement de côté
Plus que la nette victoire de Sinner, alors 8e joueur mondial, face à l'Australien Thanasi Kokkinakis (6-1, 6-4), ce que beaucoup ont retenu de ce match s'est passé en tribunes.
«On l'a beaucoup encouragé, on avait nos costumes et des drapeaux italiens, cela a créé une ambiance sympa. Mais après le match, c'est devenu complètement fou: tout le monde voulait nous prendre en photos, il y a eu plein d'articles sur nous, de mentions sur les réseaux sociaux. Toute notre histoire part de là», poursuit Enrico, qui interrompt son récit jusque là enjoué pour faire une mise au point.
«Les carottes, assure-t-il, ce n'est pas en référence à la chevelure (rousse) de Jannik. C'est parce qu'on avait trouvé amusant et incroyable qu'un joueur de son niveau mange une carotte à un changement de côté lors du tournoi de Vienne en 2019.»
De retour chez eux, ils sont contactés par le torréfacteur Lavazza, dont Sinner est l'un des ambassadeurs, qui les emmène à Roland-Garros. Suivront Wimbledon, l'US Open, les Masters ATP à Turin et en début d'année l'Open d'Australie où Sinner est entré dans une nouvelle dimension en remportant son premier titre du Grand Chelem et en mettant fin à 47 ans de disette pour le tennis italien masculin.
Tee-shirts, casquettes et livre
Ils ont également fini par rencontrer leur idole qui, sans surprise et fidèle à l'image qu'il renvoie, «est quelqu'un de tranquille, sympa»: «On a un groupe WhatsApp avec lui où on s'échange des messages, certains d'entre nous ont joué au tennis avec lui», sourit Gianluca, habillé sans surprise en orange quand il ne porte pas son costume de carotte.
A mesure que Sinner, qui peut devenir à 22 ans no 1 mondial à l'issue de Roland-Garros, a grimpé au classement ATP, les «Carota Boys» ont vu leur courbe de popularité s'envoler. Ils se sont structurés avec un compte Instagram suivie par 135’000 abonnés, sont représentés par deux sociétés de relations publiques, ont lancé des produits dérivés, comme des tee-shirts et casquettes orange et même publié un livre.
«Cela nous permet de financer nos voyages, car cela coûte cher et commence à prendre beaucoup de notre temps», explique Enrico qui, comme les cinq autres membres du groupe, n'est pas marié et travaille à son compte, lui dans la vente en gros de viande et charcuterie. Ils sont désormais reconnus par les autres grosses légumes du circuit: «Djokovic, Nadal, Alcaraz nous disent bonjour», s'enthousiasme Enrico.
«Notre rêve, c'est que Jannik gagne tous les titres importants, et que tous les stades où il joue dans le monde aient des tribunes orange», espère-t-il. C'est déjà bien parti à Rome. Même si Sinner, blessé à une hanche, a fait l'impasse sur le tournoi romain cette année, l'orange était la couleur dominante dans les allées du Foro Italico.