Elina Svitolina «Les gens vivent des moments horribles en Ukraine»

ATS

12.7.2023 - 16:01

Quart de finaliste à Roland-Garros et maintenant demi-finaliste à Wimbledon, Elina Svitolina poursuit avec brio son retour fulgurant au top niveau du tennis mondial. Avec sa double casquette de porte-drapeau de l'Ukraine et des sportives revenant de maternité.

Elina Svitolina poursuit avec brio son retour fulgurant au top niveau du tennis mondial.
Elina Svitolina poursuit avec brio son retour fulgurant au top niveau du tennis mondial.
IMAGO/Offside Sports Photography

Avec sa victoire contre le no 1 mondial Iga Swiatek mardi en quart de finale, Elina Svitolina égale sa meilleure performance en Grand Chelem (demi-finales à Wimbledon et l'US Open en 2019), un peu plus de trois mois après son retour à la compétition.

Encore 192e avant Roland-Garros, elle est déjà assurée de réintégrer le top 30 du classement WTA, et fera encore mieux si elle bat la Tchèque Marketa Vondrousova (WTA 42) en demie jeudi. Et elle ne compte pas s'arrêter là.

«Pour moi, je dirais une place dans le top 10, probablement», avait-elle répondu quand on lui demandait son objectif de classement. «Cela peut paraître arrogant, mais j'ai toujours des ambitions très élevées», avait ajouté celle qui avait figuré entre la 3e et la 6e place mondiale de 2017 à 2021.

Au fil des matches, l'Ukrainienne de 28 ans a retrouvé toute la variété de son jeu qui lui permet, en s'appuyant sur une défense sans faille, de choisir son moment pour passer à l'attaque. Mais si sur le plan sportif tout roule pour Svitolina, la portée doublement symbolique de son parcours lui donne une aura toute particulière.

«Pression supplémentaire» contre Russes et Bélarusses

«Quand je me lève, je regarde toujours les infos. A chaque moment où je ne suis pas sur le court, je vérifie comment va ma famille, quelle est la situation en Ukraine», avait-elle raconté après sa victoire contre Venus Williams.

«Les gens vivent des moments horribles en Ukraine en ce moment et moi, je n'ai aucune excuse pour me plaindre parce que j'ai une vie extraordinaire. A bien des égards, cela me motive pour aller m'entraîner et devenir meilleure chaque jour», avait-elle ajouté.

Son quart de finale contre la Bélarusse Victoria Azarenka avait une saveur particulière de ce point de vue. «Quand je joue contre des Russes ou des Bélarusses, je ressens évidemment une pression supplémentaire pour gagner. C'est pour ça que ces victoires veulent tant dire pour moi. A ma façon, j'apporte une victoire, une petite victoire à l'Ukraine», avait-elle confié.

Mais Azarenka ayant elle aussi repris avec succès le fil de sa carrière après avoir eu un garçon, aujourd'hui âgé de six ans, leur match avait été aussi un message à toutes les sportives souhaitant concilier vie de famille et carrière.

«Je les respecte vraiment beaucoup. Cela doit être vraiment dur de trouver l'équilibre entre avoir un enfant et jouer au tennis (...) Je respecte vraiment qu'elles sachent y arriver et qu'elles y arrivent aussi bien», avait aussi souligné Aryna Sabalenka, une autre Bélarusse, sur les «mères-joueuses» en général.

Monfils papa-poule

«Cela me donne confiance sur le fait que si, un jour, je veux être mère, j'aurais encore la possibilité de revenir et jouer au tennis. Donc, merci pour tout ça!» avait-elle ajouté dans un sourire.

Svitolina a «la chance», à Wimbledon, que le père de leur fille Skaï, le Français Gaël Monfils, blessé, puisse assumer pleinement son rôle de père... avec un peu d'aide. «Il veut que je rentre parce qu'il est vraiment fatigué», avait souri Svitolina après avoir validé son billet pour la deuxième semaine du tournoi.

«Mais ça va (...) Il est à la maison avec nos deux mères, aussi. Il y a toute une équipe qui s'occupe de Skaï pour le moment», avait-elle ajouté.

Du haut de ses neuf mois, les exploits londoniens de sa maman laissent Skaï de marbre. «On s'est parlé en visioconférence après le match, mais elle était complètement distraite par une glace, donc je n'étais vraiment pas sa priorité. Elle est encore à un âge où elle se moque que je gagne ou que je perde», a admis Svitolina, après sa victoire contre Swiatek.

Probablement ne lui en voudra-t-elle pas trop non plus si elle reste un match ou deux de plus dans la capitale anglaise.