Rafael Nadal a dû demander à un proche de brûler un cierge à l'église Notre-Dames des Douleurs chez lui à Manacor. Un cierge pour que le tirage au sort de l'Open d'Australie agendé ce jeudi lui soit clément.
Absent des courts depuis son abandon en demi-finale de l'US Open en septembre dernier, Rafael Nadal survivra-t-il à un premier tour face à Stan Wawrinka, à Andy Murray, à Tomas Berdych, à Jo-Wilfried Tsonga ou à Nick Kyrgios, les joueurs les plus redoutables qui n'ont pas le rang de tête de série ? Il est permis d'en douter pour le Majorquin qui, à 32 ans, a peut-être trop "signé des chèques en blanc sur sa santé" comme l'avait prophétisé Andre Agassi en 2007.
Une victoire et deux abandons
Les chiffres sont implacables. L'an dernier, Rafael Nadal n'a pu s'aligner que sur trois tournois en dur. Il a gagné le titre à Toronto, mais il a dû abandonner à Melbourne et à l'US Open. En Australie, c'est la cuisse qui avait lâché, le genou à l'US Open. Et alors qu'il était prêt à signer un énième come-back, il se blesse le 28 décembre à Abu Dhabi lors d'une exhibition contre Kevin Anderson au quadriceps gauche !
Contraint de déclarer forfait au tournoi de Brisbane, Rafael Nadal a disputé lundi soir à Sydney en indoor une autre exhibition face cette fois à Nick Kyrgios. Mercredi à Melbourne Park, il s'est livré à une séance d'entraînement avec Kyle Edmund. Au cours du quart d'heure ouvert à la presse, il s'est jeté comme un mort de faim sur les amorties du Britannique comme pour signifier qu'il était prêt à engager le combat.
Le champion aux milles vies
"Il ne faut jamais enterrer Rafael Nadal !" Novak Djokovic a rappelé la semaine dernière à Doha la faculté du Majorquin de revenir de nulle part pour déjouer tous les pronostics. Mais l'affirmation du no 1 mondial aura-t-elle encore un sens la semaine prochaine à Melbourne ? Comment un joueur qui n'a pas livré un seul match officiel depuis plus de quatre mois et dont la préparation a été altérée par une nouvelle blessure pourra-t-il tenir le choc si son tableau est miné d'entrée de jeu ? Mais Rafael Nadal, le champion aux mille vies, entre-t-il dans cette "logique" de mauvais augure ?
Sans le claironner sur les toits au même titre que Novak Djokovic, le no 2 mondial entend contester le rang de GOAT - "Greatest Player of All Time" pour le meilleur joueur de tous les temps - à Roger Federer. Avec ses dix-sept couronnes, il accuse trois titres du Grand Chelem de retard sur le Bâlois. S'il égale un jour Roger Federer dans les tournois majeurs, se posera alors la question de savoir si une médaille d'or individuelle aux Jeux olympiques, que Rafael Nadal a cueillie en 2008 à Pékin, pèsera plus lourd qu'un succès au Masters...
Le souvenir de 2009
Mais un tel débat sera peut-être superflu dans trois semaines si Roger Federer réussit le hat-trick parfait à Melbourne. A 21-17, le "match" deviendra presque injouable pour Rafael Nadal même s'il demeure le grandissime favori à Roland-Garros pour les deux ou trois années à venir.
Rafael Nadal n'ignore pas que l'Open d'Australie est le seul tournoi du Grand Chelem qu'il n'a remporté qu'à une seule reprise. Il s'était imposé en 2009 face à Roger Federer dans une finale qu'il n'avait pas failli jouer en raison de son incroyable marathon de l'avant-veille contre Fernando Verdasco. Ce jour-là, Rafael Nadal avait été cherché on ne sait où ses dernières forces pour barrer la route à son meilleur ennemi. C'est dans le souvenir de cette victoire que Rafael Nadal entend puiser pour croire en ses chances malgré tous les astres aussi défavorables auxquels il est confronté de gagner à nouveau à Melbourne dix ans plus tard.