Melbourne
Norman: "Diriger Stan m'emplit d'une immense fierté"

ATS

19.1.2020

«J'aurais bien voulu jouer aujourd'hui. Pas seulement pour le «prize money». Mais pour être simplement un meilleur joueur.» No 2 mondial en 2000, l'année de sa finale de Roland-Garros contre Gustavo Kuerten, Magnus Norman porte un regard envieux sur l'évolution du tennis. Il cultive un regret: celui d'être né vingt ans trop tôt.

Stan Wawrinka et Magnus Norman dégagent une bonne complicité.
Stan Wawrinka et Magnus Norman dégagent une bonne complicité.
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«A mon époque, la préparation physique se résumait à soulever des poids à la salle de musculation et à des footings au grand air, explique le coach de Stan Wawrinka. En vingt ans, l'entourage des joueurs s'est considérablement renforcé. Il est devenu beaucoup plus professionnel. Il leur permet d'être beaucoup plus fort.»

«Ce n'est pas humain»

Une autre différence de taille est apparue par rapport à la fin des années 90 et au début des années 2000: l'émergence du «Big Three». «Avant, les tournois du Grand Chelem étaient ouverts avec six, sept ou huit joueurs capables de le remporter, souligne Magnus Norman. Aujourd'hui, ils demeurent toujours et encore la chasse gardée de Federer, Nadal et Djokovic. Ce qu'ils ont réalisé et ce qu'ils réalisent n'est pas humain.»

Dans un coin de sa tête toutefois, Magnus Norman a toujours pensé qu'il était possible de troubler l'hégémonie du «Big Three». Lors de ses dix dernières années, seuls Andy Murray, Stan Wawrinka et Marin Cilic lui ont barré la route dans un tournoi du Grand Chelem. «A l'instant T, une chance peut s'offrir à un autre joueur. A lui de la saisir», poursuit le Suédois.

Magnus Norman a donc vu sa prophétie se réaliser avec Stan Wawrinka, victorieux de l'Open d'Australie en 2014, de Roland-Garros en 2015 et de l'US Open en 2016. «Diriger un joueur capable de battre non pas une fois le «Big Three» mais trois fois m'emplit d'une immense fierté, avoue le coach. Ce qu'a fait Stan, c'est tout simplement extraordinaire.»

Avec Robin Soderling, finaliste à Roland-Garros en 2009 devant Roger Federer et l'année suivante face à Rafael Nadal, Magnus Norman avait déjà emmené un joueur aux portes de l'exploit. «Robin Soderling était un formidable joueur. Mais par rapport à lui, Stan possède la faculté de jouer son meilleur tennis contre les grands joueurs dans les grands matches. A aucun moment, il n'a peur.»

«Stan peut gagner»

L'autre force du Vaudois qui entamera son Open d'Australie ce mardi contre le Bosnien Damir Dzumhur, réside, selon Magnus Norman, dans sa faculté à «s'évader» du tennis. «Durant un tournoi du Grand Chelem, je vois des joueurs qui n'arrivent jamais à lâcher la prise, dit-il. Ils pensent, ils mangent tennis 24 heures sur 24. Ils commencent ainsi à être inquiets s'ils perdent un set à l'entraînement ou s'ils ratent le dernier coup droit lors du day off entre deux matches. On ne peut pas gagner un titre avec un tel état d'esprit. Stan, lui, arrive à faire la part des choses. L'ouverture qu'il a sur le monde et les centres d'intérêt qui peuvent être les siens l'aident énormément.»

A la recherche d'un titre depuis sa double opération au genou en 2017, Stan Wawrinka peut, à bientôt 35 ans, écrire selon Magnus Norman encore de très belles pages dans le livre d'une carrière magnifique. «Il peut aller loin à Melbourne. Il peut gagner», souffle Magnus Norman qui veut croire que les leçons d'une année 2019 qu'il juge extrêmement positive, mais qui aurait pu être très belle, seront utiles. «L'an dernier, Stan s'est donné à Paris et à New York la possibilité de gagner, explique-t-il. Au final, il perd deux matches contre Federer et Medvedev qui auraient pu lui sourire. Seulement, j'ai le sentiment qu'il était encore, après sa blessure au genou, en manque de matches contre des grands joueurs dans des grands tournois pour évoluer à son meilleur registre.» Aujourd'hui, le coach espère que ces deux expériences vont servir son joueur au cas où...

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