Les titres majeurs demeurent-ils la chasse gardée du «Big Three»? Telle est la grande question que soulève le premier tournoi du Grand Chelem des années 2020, le 208e de l'ère Open.
Depuis le sacre de Stan Wawrinka à New York en 2016, Rafael Nadal (5 victoires), Novak Djokovic (4) et Roger Federer (3) n'ont plus rien lâché. «Et ils ne lâcheront rien en 2020», prédit le Vaudois. A ses yeux, l'Espagnol, le Serbe et le Bâlois conservent toujours une longueur d'avance. Leur jeu, leur mental et leur physique leur permettent, il est vrai, de retarder la relève de la garde malgré le poids de années qu'ils ne peuvent pas ne pas ressentir.
Septuple vainqueur à Melbourne Park, Novak Djokovic aborde le tournoi dans la peau du grandissime favori. En Australie, il retrouve une surface qui se marie parfaitement avec son jeu, comme il l'a encore démontré la semaine dernière avec le rôle déterminant qu'il a tenu dans la victoire de la Serbie à l'ATP Cup.
Dimanche à Sydney, Novak Djokovic a prouvé de la plus belle des manières qu'il n'a toujours pas perdu la main face à Rafael Nadal, son adversaire l'an dernier dans une finale de l'Open d'Australie qui avait tourné à la démonstration (6-3 6-2 6-3). Victorieux cette fois 6-2 7-6, il a cueilli face au Majorquin un septième succès de rang sur dur sans perdre un set. Autant dire que sur cette surface, un monde sépare aujourd'hui les deux hommes.
Deux matches pour se régler
En lice pour la... 21e fois à Melbourne et la 79e fois dans un tournoi du Grand Chelem, Roger Federer entend bien sûr empêcher une troisième finale de l'Open d'Australie entre ses deux meilleurs ennemis, après celles de 2012 et du 2019. On le sait, le Bâlois a fait le choix, pour la première fois depuis 2013, d'entamer directement sa saison à Melbourne. Son premier tour lundi contre l'Américain Steve Johnson (ATP 81) semble, sur le papier, idéal pour bien lancer son tournoi. Dans des conditions de jeu apparemment plus lentes que l'an dernier, il devra trouver les ajustements nécessaires avant ce troisième tour – théorique – de tous les dangers contre le Polonais Hubert Hurkacz (no 31).
Même s'il s'en défend et s'il s'en défendra toujours, le Bâlois entrevoit l'oeil noir la possibilité que l'un de ses deux rivaux égalise ou batte son nombre de victoires dans les tournois du Grand Chelem alors qu'il est toujours en activité. La donne est connue: avec 20 titres, Roger Federer mène d'une courte tête devant Rafael Nadal (19) tandis que Novak Djokovic (16) règle doucement sa mire. Les deux balles de match galvaudées par le Bâlois devant Novak Djokovic lors de la finale du dernier Wimbledon risquent de peser très lourd. A moins que Roger Federer ne s'impose une septième fois le 2 février sur la Rod Laver Arena pour reprendre le large.
Un avantage qui perdure
Comme leurs homologues des trois autres tournois du Grand Chelem, les organisateurs de l'Open d'Australie s'efforcent d'offrir aux trois représentants du «Big Three» les meilleures conditions pour s'exprimer. Ils seront toujours et encore avantagés par une programmation que leurs rivaux ont parfois raison de qualifier de «déloyale». Mais leur aura et leur palmarès sont tels que les télévisions du monde entier souhaitent qu'ils évoluent le plus souvent en «night session».
Le fait d'avoir commis la lourde erreur de laisser dérouler mardi la première journée des qualifications alors que les autorités de Melbourne avaient enjoint les gens à rester chez eux en raison de la fumée des incendies qui a altéré considérablement la qualité de l'air ne modifiera en rien leur postulat. Pour Craig Tiley et Tennis Australia, rien ne doit altérer la domination sans partage du «Big Three».
L'énigmatique Daniil Medvedev et le Champion du Masters Stefanos Tsitsipas seront les deux joueurs les plus menaçants pour le «Big Three». Mais le Russe traverse parfois des moments de folie qui ne pardonnent pas dans un tel tournoi. Quant au Grec, si solide en novembre dernier à Londres, une gêne au coude suscite un petit doute sur ses capacités physiques à gagner sept matches au meilleur des cinq sets. Un peu plus en retrait, Dominic Thiem, David Goffin, Andrey Rublev et pourquoi pas Stan Wawrinka qui sait, lui, comment faire pour gagner un titre à Melbourne depuis son magnifique parcours de 2014, ont également les moyens de troubler le jeu. Un jeu qui paraît toutefois encore bien fermé. Mais qui s'en plaindra?