Excédé par les critiques récurrentes de la presse suisse à son encontre, Stan Wawrinka est monté au front mercredi lors d'une conférence de presse en marge des Swiss Indoors. Une réaction que Marc Rosset comprend. Interview.
Marc Rosset, quel regard portez-vous sur la mise au point musclée effectuée mercredi par Stan Wawrinka?
"Je partage son opinion dans le sens où il a réussi son année. Etant donné que Stan revient de blessure, il y avait deux ou trois passages importants à bien négocier cette année, notamment les points qu'il a engrangé à Madrid et qui lui ont permis d'être tête de série à Roland-Garros. C'était la première fois qu'il se retrouvait dans cette position depuis sa blessure. Nous avons d'ailleurs pu voir qu'avec ce nouveau statut, il a pu aller plus loin à Paris. Ce bon parcours lui a ainsi permis de remonter au classement. Il y avait donc cette étape importante de revenir rapidement dans les 32 premiers mondiaux. La prochaine serait qu'il finisse l'année parmi les 16 meilleurs afin d'être encore mieux positionné dans les tableaux des tournois, notamment ceux des Grand Chelem. Actuellement, il joue du bon tennis, il n'a pas de gros pépins physiques - à part ces douleurs aux pieds - et il est bien classé à l'ATP. Il est donc en position idéale avant d'entamer la prochaine saison, lors de laquelle il pourrait briller en Grand Chelem. Je suis aussi d'accord lorsqu'il dit que les retours de Federer et de Nadal sont des exceptions. Normalement, cela prend plus de temps."
Pensez-vous que la presse est trop dure avec lui?
"Moi qui suis un peu plus vieux et qui ai été un joueur, je trouve que la presse est quand même plus sympa en 2019. Elle est même moins méchante que ce que j'ai pu connaître à mon époque. Je peux comprendre qu'il le prenne mal, car ce n'est jamais agréable de se faire critiquer. Il faut parfois être un peu en-dessus et s'en foutre. Le plus important est qu'il fasse sa carrière comme il le souhaite. De toute manière, les journalistes changent très vite d'avis. Quand j'ai perdu avant les Jeux olympiques en 1992, j'étais une m****! Après les avoir gagnés? J'étais le fils de Guillaume Tell! Ça peut donc changer en 24 heures. Il n'y a pas non plus eu d'articles horribles à son encontre. Je peux comprendre que Stan puisse parfois être un peu frustré, car il est quand même 15e mondial. Nous avons tendance à banaliser certains trucs car Stan et Roger (Federer) ont réalisé des trucs exceptionnels. Nous pensons donc qu'être 15e mondial n'est pas si bien alors que c'est quelque chose de monstrueux."
Stan Wawrinka s'est aussi plaint que la presse suisse ne ressortait que le négatif, notamment sur sa vie privée. Par exemple, il n'a pas forcément apprécié que ses fêtes à Monte-Carlo soient reprises par les médias...
"Du moment que des choses paraissent sur les réseaux sociaux, tu ne peux pas empêcher que certaines personnes les reprennent et les tournent à leur sauce. Concrètement, c'est un choix que tu fais en étant sur les réseaux sociaux. En 2019, n'importe quelle petite phrase peut être mal prise et peut déclencher une polémique. Ce qui est dommage dans ce cas-là, c'est que ce n'est pas Stan qui a publié la vidéo. Ce n'était pas très intelligent de la part de Marcel Desailly (ndlr: le Français a posté la vidéo), sachant que lui-même a été sportif professionnel. Mais, personnellement, les réseaux sociaux ne m'intéressent pas du tout."