Même Federer s’en est mêlé «Très, très lent» - Une controverse refait surface au Masters de Paris

Nicolas Larchevêque

31.10.2025

Lente, trop lente ? Volontairement ralentie par les organisateurs, la vitesse des courts du Masters 1000 de Paris fait débat depuis le coup d'envoi de la première édition du tournoi dans sa nouvelle enceinte.

Alexander Zverev n’apprécie guère la vitesse de jeu des courts au Masters 1000 de Paris. 
Alexander Zverev n’apprécie guère la vitesse de jeu des courts au Masters 1000 de Paris. 
KEYSTONE

Agence France-Presse

Avant que le dernier Masters 1000 de la saison ne quitte Bercy pour le nord-ouest de la capitale, son directeur, Cédric Pioline, avait annoncé la couleur: pour s'aligner sur le Masters de Turin (9-16 novembre), la surface de jeu serait «légèrement» ralentie par rapport à l'édition 2024.

Un changement loin de ravir le tenant du titre, Alexander Zverev. «Par le passé, j'avais hâte de disputer ce tournoi car j'ai toujours eu l'impression que c'était l'un des plus rapides de l'année, c'était encore le cas l'an dernier», a estimé le no 3 mondial.

Mais la résine sur bois posée sur la pelouse synthétique de La Défense Arena est «très, très lente», juge l'Allemand, plus convaincant jeudi soir en huitième de finale face à Alejandro Davidovich (6-2, 6-4) que pour son entrée en lice, la veille, contre Camilo Ugo (6-7 (5/7), 6-1, 7-5).

«Quand tu envoies une frappe puissante, tu n'es pas vraiment récompensé, la balle s'arrête presque», insistait Zverev après son premier match, lui qui avait déjà regretté début octobre à Shanghai l'uniformisation supposée des surfaces de jeu. Comme l'éternel débat sur la qualité des balles ou la surcharge du calendrier, la vitesse des courts est un sujet que les stars du tennis remettent régulièrement sur la table.

«Les plaintes qu'il peut y avoir» émanent «souvent des joueurs qui ne performent pas», a tranché Pioline, ex-5e mondial, à la veille du tournoi, assumant de «faire le tri» dans les critiques. Mais, comme pour le contredire, c'est l'un des défenseurs les plus enthousiastes du ralentissement des courts parisiens, le no 1 mondial Carlos Alcaraz, qui a pris la porte dès son entrée en lice mardi.

Les critiques de Roger Federer

Avec une surface moins rapide, s'était réjoui l'Espagnol samedi, «on peut voir du vrai tennis, qui ne se limite pas à un service, ou un service puis un retour». Trois jours plus tard, le tournoi perdait prématurément l'une de ses têtes d'affiche, vaincue en trois sets par le coriace Britannique Cameron Norrie (31e).

«D'habitude, quand Carlos frappe un de ses coups droits dont il a le secret, son adversaire est sur la défensive», a commenté Zverev au lendemain de l'élimination du no 1 mondial. Or contre Norrie, a-t-il observé, «ça n'était pas le cas».

En septembre, Roger Federer s'était mêlé au débat en critiquant ce qu'il perçoit comme une uniformisation croissante de la vitesse des courts. «Aujourd'hui, tout le monde joue de la même façon car la vitesse des courts et des balles sont les mêmes quasiment chaque semaine», avait déploré l'ex-no 1 mondial, retraité du circuit depuis 2022. «Tu peux gagner Roland-Garros, Wimbledon et l'US Open en jouant de la même façon», avait ajouté la légende suisse.

Qualifié pour les quarts de finale à Paris, l'Américain Ben Shelton (7e) confirme que «la surface est plus lente qu'en 2024». «Mais ça ne me dérange pas du tout. Je pense que ça fait partie du circuit, tu dois être capable de t'adapter d'une semaine à l'autre à des balles différentes, des surfaces différentes. C'est ce qui rend le tennis intéressant», développe le gaucher de 23 ans, guère convaincu que la vitesse des courts se soit uniformisée ces dernières années.

«Combinaison de facteurs»

Affirmant que ce sont les joueurs eux-mêmes qui jugeaient les courts de Bercy trop rapides en 2024, Cédric Pioline souligne que la vitesse d'une surface de jeu résulte d'une «combinaison de facteurs» comme l'altitude, la marque de balles utilisée ou encore la nature du terrain sur lequel le court est posé.

«Très rugueux quand il vient juste d'être fait», le revêtement des courts de La Défense Arena va «se lisser un peu» au fil du temps, pressent le directeur du Masters 1000 de Paris. «Entre le début du tournoi et une dizaine de jours après, il y a une vraie différence, cela s’accélère un peu», soutient Cédric Pioline.