Jugés impensables il y a trois mois au plus fort de la pandémie de COVID-19 qui a dévasté New York, les trois coups de l'US Open seront bien donnés ce lundi à Flushing Meadows. Les enjeux économiques sont tels qu'ils ont pris le pas sur le risque sanitaire que peut susciter un tel tournoi.
La Fédération américaine (USTA), qui a déjà adopté au cœur de l’été un premier plan social, ne pouvait pas laisser échapper les 70 millions de dollars que lui rapporte le contrat des droits de télévision négocié il y a déjà sept ans avec ESPN, quitte à confiner les joueurs dans une bulle et à leur imposer des règles extrêmement strictes qui ne souffriront d'aucune exception.
Par ailleurs, une grande partie des 248 joueurs et joueuses en lice dans les tableaux du simple n’a pas les moyens de snober un «prize money» qui assure 61'000 dollars aux perdants du premier tour et 100'000 aux 124 qui auront le bonheur d’entamer victorieusement le tournoi.
Un label qui ne se discute pas
Bien sûr, les absences des deux tenants du titre, Rafael Nadal et Bianca Andreescu, mais aussi de Roger Federer, bien sûr, de Stan Wawrinka, de la no 1 mondiale Ashleigh Barty, de Simona Halep, et de Belinda Bencic sont regrettables.
Mais elles ne signifient pas que cet US Open 2020 ne mérite pas le label de Grand Chelem comme ce fut le cas pour l’Open d’Australie au début des années quatre-vingt lorsque les meilleurs joueurs du monde n'avaient aucune envie d'entreprendre le long voyage vers les Antipodes.
Les deux champions qui seront couronnés dans deux semaines ne seront pas des vainqueurs au rabais auxquels il conviendrait d'ajouter un astérisque pour rappeler dans les livres d'histoire que l’édition 2020 de l’US Open ne comptait pas vraiment.
Titré en janvier dernier à Melbourne au terme d’une finale rocambolesque contre Dominic Thiem, Novak Djokovic sera, bien sûr, l'homme à battre. Le Serbe entend cueillir à New York son dix-huitième titre majeur pour revenir à deux longueurs de Roger Federer et de Rafael Nadal. Même si le huis clos peut le désavantager dans la mesure où il s'est si souvent nourri de l’hostilité du public pour se sublimer, le Serbe semble avoir une belle longueur d'avance.
Il a également été très favorisé par le sort avec un haut du tableau qui ne comporte qu'un seul joueur à l'avoir battu ces vingt derniers mois en la personne de Stefanos Tsitsipas. Mais qui peut assurer que le Grec sera bien présent au rendez-vous des demi-finales où Novak Djokovic l'attend?
L'énigme Medvedev
La partie basse du tableau est bien plus relevée. Elle est emmenée par Daniil Medvedev, qui avait offert une réplique extraordinaire à Rafael Nadal en finale l'an dernier. Seulement, le Russe n'a pas encore apporté cette année la confirmation attendue.
Battu par Stan Wawrinka en huitième de finale de l'Open d'Australie, il vient de s'incliner contre le métronome Roberto Bautista Agut lors du Masters 1000 de Cincinnati qui est, on le sait, délocalisé à Flushing Meadows. Mais malgré son tempérament qui peut être parfois volcanique, on veut croire que la distance des cinq sets l'avantagera.
L'intérêt du simple dames résidera bien sûr dans la quête de Serena Williams. Dans un pays en proie à des tensions raciales qui n'ont sans doute jamais été aussi exacerbées, l'Américaine rêve d'égaler enfin le record des 24 titres de Margaret Court derrière lequel elle court depuis 2018.
On rappellera qu'elle a perdu les quatre dernières finales qu'elle a disputées, contre Angelique Kerber et Simona Halep à Wimbledon, Naomi Osaka et Bianca Andreescu à Flushing Meadows. Depuis le restart, elle a concédé deux défaites, devant Shelby Rogers à Lexington et Maria Sakkari dans le cadre du tournoi de Cincinnati, qui ont démontré qu'elle n'était pas encore prête pour tenir les premiers rôles. Chacun de ses déplacements s'apparentait à une souffrance infinie.