Techno Arbitrage et vidéo: le foot est plus juste, mais la confusion règne encore

AFP

12.10.2017 - 12:56

Berlin (AFP)

L'assistance vidéo (VAR) limite le nombre d'erreurs d'arbitrage, mais n'empêche absolument pas les polémiques, constatent les Allemands et les Italiens, qui testent le système depuis deux mois dans leurs championnats respectifs.

La FIFA, qui doit décider d'introduire ou non la VAR lors du Mondial-2018 en Russie, observe de très près ces expériences, et va s'apercevoir que si l'idée a été globalement bien accueillie, sa mise en œuvre n'est pas si simple qu'il y paraît.

. Qui est responsable de quoi?

Le rodage des arbitres et la définition du rôle de l'assistant vidéo prend beaucoup de temps. Après sept journées de Bundesliga et de Serie A, on en est toujours à débattre des circonstances dans lesquels les assistants vidéo peuvent, doivent ou ne doivent pas intervenir.

Pour l'entraîneur de la Juventus Turin Massimiliano Allegri, la VAR est utilisé "dans des cas où les décisions sont subjectives. Et à mon avis, ce n'est pas bon pour le football".

"Pour moi, dit-il, la VAR ne devrait être utilisée que pour les cas objectifs: faute à l'intérieur ou à l'extérieur de la surface, hors-jeu ou pas, but ou pas but. En cas d'interprétation, je pense que c'est l'arbitre qui doit décider."

"Il n'est pas possible qu'un assistant vidéo interprète son rôle différemment d'un autre vidéo assistant", fait écho Christian Heidel, directeur sportif de Schalke.

Dans un dossier tirant un premier bilan, Kicker, la Bible allemande du foot, estime qu'il s'agit d'une "bonne idée, mais mal appliquée, parce que plus personne ne sait qui s'appuie sur qui".

Il ne faudrait surtout pas, résume Kicker, que les arbitres de champ prennent l'habitude d'attendre la décision de l'assistant vidéo, au risque de refuser leur propre responsabilité.

. Le rythme du match

C'est en Italie surtout que les interruptions du jeu ont été très longues, notamment parce que les arbitres de champ se déplacent pour aller revoir les images, ce que leurs homologues allemands font plus rarement.

Lors du match Inter-Spal, il a fallu presque cinq minutes pour transformer (justement) un coup franc en penalty. On a eu sur la 2e journée au moins trois matches (Spal-Udinese, Milan-Cagliari et Genoa-Juve) où le temps additionnel a été spectaculaire: +5 en première période pour Genoa-Juve, +7 en fin de match pour Spal-Udinese et +9 pour Milan-Cagliari.

"La VAR ne me plaît pas", avait lancé en début de saison le grand Gianluiggi Buffon: "J'ai l'impression de jouer au water-polo (un sport où les arrêts de jeu sont très fréquents, ndlr). On ne peut pas s'arrêter toutes les trois minutes".

"Ca va devenir comme le base-ball aux Etats-Unis", a renchéri son entraîneur Allegri: "On reste 10 heures au stade, on mange des cacahuètes, il y a une action tous les quarts d'heure..."

. "Des hommes, pas des robots"

Selon Roberto Rosetti, responsable de la mise en place de la VAR en Serie A, la vidéo a permis en moyenne "de corriger trois erreurs lors de chaque journée de championnat".

En sens inverse, le Corriere dello Sport a compté cinq cas où l'intervention de la VAR a été erronée.

Hellmut Krug, l'homologue allemand de M. Rosetti, admet qu'il "reste des zones grises, car ce sont toujours des hommes qui agissent, pas des robots, mais" assure-t-il, "la qualité des décisions s'améliore globalement"

Karl-Heinz Rummenigge, le patron du Bayern Munich, parle lui de "maladies infantiles" du système. "A la fin "tout le monde y trouvera son compte", pronostique-t-il: "Ca bégaie un petit peu, mais c'est tout de même une révolution dans le football".

Après deux mois de test, les entraîneurs des deux championnats sont cependant majoritairement favorables à cette nouveauté, à condition que ses modalités d'application soient précisées et unifiées.

. Et le Mondial?

Gianni Infantino, président de la Fifa, est partisan d'utiliser la VAR dès le Mondial-2018, mais les expériences en cours incitent à la prudence.

"Il n'y a aucune urgence à prendre une décision aussi importante", a affirmé à l'AFP début octobre un porte-parole de l'International Board (Ifab), garant des lois du jeu. "Il y a la possibilité que si les résultats des tests menés actuellement dans les championnats ne sont pas satisfaisants, l'expérimentation soit prolongée pour une nouvelle période".

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