Mis à jour de l'app Brésil: X a contourné sa suspension

ATS

18.9.2024 - 22:34

Une actualisation de l'application X pour téléphones mobiles, effectuée dans la nuit de mardi à mercredi au Brésil, lui permet de contourner le blocage décidé par la justice brésilienne, a annoncé une association de fournisseurs d'accès internet.

En bloquant X, le juge Moraes avait également menacé d'amendes de 50'000 reais (environ 7700 francs) par jour les personnes qui recourraient à des «subterfuges technologiques» pour contourner le blocage, comme l'usage de réseaux privés virtuels (VPN) (image d'illustration).
En bloquant X, le juge Moraes avait également menacé d'amendes de 50'000 reais (environ 7700 francs) par jour les personnes qui recourraient à des «subterfuges technologiques» pour contourner le blocage, comme l'usage de réseaux privés virtuels (VPN) (image d'illustration).
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Keystone-SDA

Certains Brésiliens ont eu mercredi la surprise d'avoir de nouveau accès à l'application mobile de l'ancien Twitter via réseau cellulaire et wifi. En revanche, pour d'autres, l'accès demeurait impossible, comme c'est le cas depuis la fin août.

Un juge de la Cour suprême, Alexandre de Moraes, avait ordonné la suspension de X, reprochant notamment à la plateforme du milliardaire américain Elon Musk d'avoir ignoré une série de décisions judiciaires liées à la lutte contre la désinformation.

Blocage contourné

«L'application X a été actualisée (...) durant la nuit, ce qui a abouti à un changement significatif dans sa structure», a indiqué dans un communiqué l'Association brésilienne des fournisseurs d'accès internet (Abrint).

Selon l'Abrint, le recours de X à Cloudflare, une entreprise de cybersécurité qui utilise des adresses IP changeant sans cesse, «rend le blocage de l'application beaucoup plus compliqué». Auparavant, les adresses IP (qui servent d'identifiants) étaient fixes et facilement susceptibles de blocage.

«Beaucoup de ces adresses IP sont partagées avec d'autres services légitimes, comme des banques et de grandes plateformes, rendant impossible de bloquer une IP sans affecter d'autres services», a expliqué l'Abrint.

«Les fournisseurs internet sont dans une situation délicate», a ajouté l'association, disant attendre une «orientation officielle» de l'Agence nationale des télécommunications (Anatel). Les autorités semblent avoir été prises par surprise.

Enquête ouverte

La Cour suprême «vérifie une information concernant l'accès à X de la part de certains usagers. Apparemment il s'agit seulement d'une instabilité dans le blocage de certains réseaux», a dit la haute juridiction dans un communiqué.

L'Anatel enquête sur «les cas rapportés» d'accès à X, soulignant qu'il n'y avait eu aucun «changement de décision» concernant le blocage. Le hashtag «Twitter est revenu» était l'un des plus utilisés mercredi au Brésil.

Elon Musk avait fustigé la suspension, traitant de «dictateur» le juge Moraes, de même que la droite brésilienne emmenée par l'ancien chef de l'Etat Jair Bolsonaro. La décision a en revanche été soutenue par le gouvernement du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva. Jair Bolsonaro n'a pas tardé à poster à nouveau sur X.

«Je félicite tous ceux qui ont fait pression pour défendre la démocratie au Brésil», a-t-il écrit, estimant qu'«en bannissant le plus grand réseau social du pays, ce n'est pas une entreprise qui a été punie, mais des millions de Brésiliens».

Large débat

D'autres usagers se sont amusés. «Juge Alexandre de Moraes: je n'ai pas utilisé de VPN pour entrer ici, j'ai simplement ouvert l'application pour mon rituel quotidien d'abstinence et j'ai vu qu'elle fonctionnait», a écrit un usager sur X. «Je n'ai pas 50K à payer pour cette plaisanterie», a-t-il ajouté.

En bloquant X, le juge Moraes avait également menacé d'amendes de 50'000 reais (environ 7700 francs) par jour les personnes qui recourraient à des «subterfuges technologiques» pour contourner le blocage, comme l'usage de réseaux privés virtuels (VPN).

La suspension de la plateforme au Brésil, où elle comptait quelque 22 millions d'usagers, a lancé un vif débat dans le plus grand pays d'Amérique latine, et au-delà, sur les limites de la liberté d'expression sur les réseaux sociaux.