Un étudiant diplômé de l'Université virtuelle de Côte d'Ivoire, le 28 novembre 2019 à Abidjan
Les premiers diplômés de l'Université virtuelle de Côte d'Ivoire, lors de la cérémonie de remise de leurs diplômes, le 28 novembre 2019 à Abidjan
Le ministre ivoirien de l'Enseignement supérieur Albert Mabri Toikeusse (à gauche) remet son diplôme à un étudiant de l'Université virtuelle de Côte d'Ivoire, le 28 novembre 2019
Côte d'Ivoire: l'université virtuelle contre l'engorgement de l'enseignement supérieur
Un étudiant diplômé de l'Université virtuelle de Côte d'Ivoire, le 28 novembre 2019 à Abidjan
Les premiers diplômés de l'Université virtuelle de Côte d'Ivoire, lors de la cérémonie de remise de leurs diplômes, le 28 novembre 2019 à Abidjan
Le ministre ivoirien de l'Enseignement supérieur Albert Mabri Toikeusse (à gauche) remet son diplôme à un étudiant de l'Université virtuelle de Côte d'Ivoire, le 28 novembre 2019
Son salon est sa salle de cours. Diarra Bassirra, 20 ans, fait partie des 6.000 étudiants de l'Université virtuelle de Côte d'Ivoire (UVCI), un établissement créé en 2015 pour désengorger le système universitaire dans un pays où 43% de la population a moins de 15 ans.
Sa mère s'occupe à la cuisine tandis que Bassirra allume son ordinateur et se branche sur la plateforme de l'UVCI pour télécharger son cours.
«Au début, j'ai eu peur. Je voyais mes amies aller à l'école et je me disais: pourquoi moi je reste à la maison?«, explique-elle.
Trois ans plus tard, elle est titulaire d'une licence en Informatique et sciences du numérique, attaque un master et ambitionne de faire un doctorat, tout cela à l'université virtuelle.
«J'étudie quand je veux, je me repose quand je veux. Je peux m'arrêter et reprendre... Je n'ai pas le stress d'arriver à l'heure quelque part ni de temps de transport», dit-elle.
- «Pas livré à lui-même» -
«On n'a pas de transport à payer. Il n'y pas les problèmes de grèves. J'ai des amis qui sont à l’université +normale+, ils ont pris du retard en raison des grèves», ajoute-t-elle.
Le système universitaire ivoirien est secoué par de nombreuses crises. Il n'est pas rare que des cursus prévus en un an se prolongent sur deux ans alors que l'échec et les abandons sont fréquents en raison des pertubations.
«Le virtuel, c'est une bonne solution pour tout le monde. Il faut évoluer. Nous vivons dans le numérique. On pourrait élargir à d'autres domaines: droit, français, histoire... «, conclut-elle.
L'UVCI dispense des cours (pour le moment uniquement dans le numérique) grâce à internet qui a explosé en Côte d'Ivoire, où le nombre d'abonnés de la téléphonie mobile est passé de 30 à plus de 35 millions et le nombre d'abonnés à internet de 10 à 15 millions entre 2016 et 2018.
Les étudiants reçoivent des modules interactifs sur leur téléphone ou ordinateur et ne se rendent physiquement à l'université que pour les examens, une fois par semestre, le week-end.
«On conçoit les cours en studio. Les techniciens pédagogiques accompagnent les enseignants pour faire le montage des cours et les rendre les plus accessibles et interactifs» possible, explique Dr Yeo Kanigui, professeur de gestion de projets. «Vous avez plusieurs formats, des classiques (Powerpoint, Word, PDF...) aux formats vidéos ou liens vers des sites».
Outre ces cours, les étudiants sont rassemblés par groupes de 25 sous l'autorité d'un tuteur qu'ils peuvent interroger en cas de problème ou doute.
«Les tuteurs ont un rôle très important. L'étudiant n'est pas isolé, pas livré à lui-même. Il est dans une communauté virtuelle où les accompagnateurs savent ce qu'il fait», insiste le professeur.
«Ça marche bien», se félicite Elie Bouhossou, qui vient d'obtenir une licence 3 en Développement d'applications. «Chaque début de semaine nous recevons les cours. Nous bossons et chaque week-end nous avons des devoirs pour voir si nous maîtrisons. Nous sommes dans des groupes WhatsApp, Facebook... On échange entre nous».
- Le virtuel pour le secondaire? -
Mariam Kamaté, licenciée en bases de données, 23 ans, était réticente au début.
«J'ai failli ne pas m'inscrire même! Mais ils m'ont dit qu'il y aurait des débouchés et que, je pourrais m'occuper en faisant d'autres choses. Vu les difficultés pour venir à l'Université j'ai vu que c'était une bonne option», raconte-elle.
Elle habite dans le quartier populaire de Yopougon. Il lui faudrait normalement deux heures par jour dans des transports souvent bondés pour fréquenter l'université Houphouët-Boigny d'Abidjan.
Elle assure aussi que le mode de fonctionnement rend les étudiants plus autonomes. «Quand nous avons fait des journées en entreprise, d'autres étudiants disaient «+on ne peut pas faire ça, on n'a pas fait en classe+ alors que nous (étudiants UVCI) on fait ce qu'on nous demande. On est habitué à travailler sans aide».
L'UVCI répond «au défi de la massification dans l'enseignement», estime le ministre de l'Enseignement supérieur Albert Mabri Toikeusse, soulignant que l'Etat n'a pas les moyens d'accueillir physiquement tous ceux qui veulent faire des études supérieures. Le pays compte actuellement un peu moins de 250.000 étudiants et ce chiffre ne va cesser de grandir dans les années à venir.
«L'UVCI garantit l'inclusion dans le domaine de l'enseignement supérieur. Nous donnons à chacun la chance d'aller à l'école», ajoute le ministre.
«L'UVCI c'est une économie pour l'Etat mais aussi pour les ménages», souligne le ministre qui évoque le virtuel pour l'enseignement secondaire: «La Côte d'Ivoire pourra-t-elle mettre un collège» pour chaque élève, s'interroge-t-il, alors que la population africaine est appelée à doubler d'ici à 2050.
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