Techno Des drones au dessus des stades ? Vous ne verrez plus les matches de la même manière

AFP

15.10.2020 - 11:24

Des drones bientôt au dessus des stades ? Une jeune entreprise lyonnaise fondée par des passionnés de rugby a mis au point un engin garanti anti-chute, qui pourrait bouleverser la manière de filmer les évènements sportifs.

«La réglementation interdit pratiquement de faire évoluer un drone dans les zones avec du public», en raison des risques en cas de panne, explique à l'AFP l'un des fondateurs d'Hyperion 7, l'universitaire Philippe Grandjean.

Sa jeune startup a donc développé un drone équipé d'une mini-aile volante (comparable à celle d'un parapente), déclenchée par un système pyrotechnique pour empêcher le plongeon de l'engin en cas d'avarie. Le drone, attaché à un câble de 200 mètres de long, peut alors être délicatement ramené à son point de départ grâce à un treuil.

Le géologue Philippe Grandjean s'intéresse depuis longtemps aux drones pour les contributions qu'ils peuvent apporter à l'étude des sols. Au point de devenir le «monsieur drone» du CNRS et de consacrer désormais tout son temps à ces vrombissantes machines.

A ce titre, il avait déjà des contacts réguliers avec la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), l'organisme chargé de superviser la sécurité aérienne.

«Dès le départ, on a avancé main dans la main avec la DGAC», relève Olivier Nier, un autre des sept fondateurs.

Ancien arrière et actuel dirigeant du CS Vienne Rugby (Fédérale 1), M. Grandjean connaissait depuis longtemps le sociologue Olivier Nier, autre enseignant à l'Université Lyon 1 riche d'une longue carrière d'entraîneur de rugby (Romans, Massy, Aix, Oyonnax...) et de sélectionneur (Roumanie, Suisse).

Lors d'un pot donné par Jérôme Pineau, qui fut longtemps «la voix du rugby» chez Canal+, ils rencontrent Laurent Daum, réalisateur de matches du Top14 pour la chaîne cryptée. Et de cette soirée naquit l'idée de se lancer dans ce projet un peu fou.

Un industriel dans les automatismes, un spécialiste du montage de dossiers et un auditeur financier – tous rugbymen – viendront compléter l'équipe.

Aujourd'hui, la jeune société de quatre salariés se finance via sa participation à des projets de recherche. Dirigée par M. Nier, de loin son premier actionnaire, elle ne prévoit pas d'ouvrir son capital avant 2023 et la vente de ses premiers systèmes.

L'avantage du drone d'Hyperion 7 ? Selon ses promoteurs, il serait trois fois moins cher à l'usage que les «spidercams», actuellement utilisées pour offrir des vues plongeantes lors des matches retransmis à la télévision.

Et surtout, il peut être mis en œuvre, en un temps très court, sur n'importe quel évènement sportif, y compris ceux tenus en dehors des stades, comme les compétitions de ski... ou les courses de chameaux (un autre des marchés explorés par la startup).

- Top 14 -

Mais la DGAC a fait prendre conscience aux fondateurs d'Hyperion 7 que les applications de leurs machines pourraient être bien plus vastes que ce qu'ils avaient imaginées. Notamment dans le domaine de la sécurité.

Le câble peut servir à alimenter le drone pendant des heures. Avec l'intégration d'une fibre optique, il peut être dirigé sans risque d'être «hacké».

La fibre permet aussi de récupérer les informations recueillies par les caméras et autres capteurs installés sous le drone.

Hyperion 7 a ainsi été retenu dans le cadre d'un projet européen pour étudier comment son drone pourrait emporter les antennes d'un radar lourd de type SAR, alors que l'installation de traitement du signal resterait au sol. Un tel équipement, capable de «lire» le sous-sol, pourrait être mis en œuvre lors d'une future exploration de Mars pour tenter d'y découvrir de l'eau.

«On va mener des tests dans des zones très sèches comme le Maroc, le Botswana, la Namibie...«, indique M. Grandjean.

Mais pour l'heure, l'actualité immédiate d'Hyperion 7 est bien plus terre-à-terre: la retransmission d'un match du Top 14. Idéalement avant la fin de l'année, dans l'antre de Gerland du LOU Rugby, rêvent les fondateurs.

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