Alexandre Prevault, sur Alpo, son tracteur électrique, photo du 18 juillet 2018
Alexandre Prevault et sa femme Laure Osmani Prevault sur leur tracteur électrique Alpo, photo du 18 juillet 2018
Alexandre Prevault sur son tracteur électrique Alpo, photo du 18 juillet 2018
En Auvergne, un agriculteur "Géo Trouvetou" invente le tracteur de demain
Alexandre Prevault, sur Alpo, son tracteur électrique, photo du 18 juillet 2018
Alexandre Prevault et sa femme Laure Osmani Prevault sur leur tracteur électrique Alpo, photo du 18 juillet 2018
Alexandre Prevault sur son tracteur électrique Alpo, photo du 18 juillet 2018
Le vieux tracteur diesel bientôt remisé dans la grange ? Un jeune maraîcher auvergnat, également ingénieur en mécatronique, a inventé un engin électrique polyvalent et respectueux des sols, qui se conduit à l'aide d'une simple manette de pilotage.
Design épuré, châssis en tôle mécano-soudée, siège pivotant à 360 degrés pour conduire dans les deux sens, arceau de sécurité... Alpo ne ressemble en rien à son équivalent thermique. La manette à six boutons permet de le manœuvrer facilement, d'une seule main, tandis que deux batteries au lithium offrent en moyenne huit heures d'autonomie, pour une heure et demie de temps de charge.
"Avec ses 25 chevaux, on réalise les mêmes opérations culturales qu'avec un tracteur thermique de 40 chevaux. On a la juste puissance agronomique nécessaire pour semer, désherber, récolter, manutentionner... autant d'opérations qui ne nécessitent pas énormément d'énergie", assure Alexandre Prévault, qui a co-fondé sa société "Sabi Agri" avec Laure Osmani, sa conjointe, une ancienne avocate.
Pour lui, la puissance sous le capot n'est pas toujours gage d'efficacité en agriculture. Et le poids plume de son invention - 450 kilos contre 1,5 tonne pour un tracteur classique - en fait un outil pour l'agro-écologie, en favorisant la bonne santé de la terre.
"Avec le pétrole, on a créé des tracteurs puissants allant profondément dans le sol. Or, plus on le tasse, plus on l'asphyxie et plus la microfaune et la microflore disparaissent, ce qui est une source d'infertilité. C'est un cercle vicieux", explique ce jeune homme de 30 ans.
Après des études à l'Institut français de mécanique avancée (IMFA) de Clermont-Ferrand, aujourd'hui SIGMA-Clermont, ce fils de paysans auvergnats a "roulé sa bosse" comme technicien agricole en France et en Suède dans l'élevage, l'arboriculture et le maraîchage. Avant de s'installer comme exploitant dans la plaine de Limagne.
- "Couteau suisse" -
Et c'est dans ses champs plutôt que dans un bureau d'études que cet ingénieur imagine, en 2016, les premiers plans de son ovni agricole. "La mécanique doit être au service de l'homme", aime à répéter ce bricoleur né, qui a appris tout seul la programmation à l'adolescence.
Dès lors, ce "Géo Trouvetou" conçoit son invention comme "un couteau suisse", permettant d'atteler le matériel agricole habituel à l'avant comme à l'arrière du tracteur. Un gain de temps - il faut habituellement rentrer au hangar changer les machines - mais aussi de confort et d'énergie. Certaines opérations comme la plantation et le binage ne nécessitent plus forcément d'être deux.
A l'heure où la robotique s'invite de plus en plus dans le monde agricole, cet outil est "un maillon entre le tracteur traditionnel et la robotique pure et dure. Silencieux, il apporte des réponses en termes de bruit mais aussi de pollution et d'automatisation potentielle", juge Roland Lenain, de l'Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture (IRSTEA).
La commande, aujourd'hui manuelle, pourra ainsi prochainement être automatisée. De là à voir ce robot œuvrer dans les champs en totale autonomie, il n'y a qu'un pas: "c'est à ce stade un robot +sans cerveau+. Demain, les ordres pourront être donnés par commande vocale, via un algorithme de navigation. Tout un tas d'options seront possibles. On peut l'imaginer rentrer tout seul au hangar, une fois sa tâche terminée", assure l'inventeur, qui a déjà reçu plusieurs prix.
"Dans le débat du glyphosate, il faut trouver des alternatives. Cela signifie plus de travail mécanique dans les champs avec des passages plus fréquents de herses, l'usage répété de produits de bio-contrôle. Une fois autonome, ce type de machine pourra véritablement éviter la pénibilité et faciliter le travail de l'agriculteur", abonde Roland Lenain.
Pour l'heure, la gamme est déclinable en deux ou quatre roues motrices. Un autre modèle, dit "enjambeur", est conçu pour la viticulture. Les premières machines seront livrées dans les prochains mois.
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