Techno Et vous, vous seriez prêts à voyager dans un avion sans pilote ?

AFP

21.6.2019 - 12:19

Les avancées technologiques rendent envisageable des avions autonomes mais les écueils restent nombreux
Les avancées technologiques rendent envisageable des avions autonomes mais les écueils restent nombreux
Source: AFP/Archives

Et si la réponse à la question «y a-t-il un pilote dans l'avion ?» était: «plus pour longtemps». Les avancées technologiques rendent envisageable «à moyen terme» des avions autonomes mais les écueils restent nombreux... Et le public pas forcément très chaud.

«Je conçois bien de monter un jour dans un avion sans pilote à bord... Mais je ne voudrais pas être le premier !» Même quand on travaille dans l'industrie du drone, comme Stéphane Morelli, responsable «Compliance officer et public affairs» chez Azur Drones, on préfère être quand même «rassuré d'entendre la voix du pilote» une fois installé dans son siège d'avion.

«En cas de problème technique, le pilote essaiera de sauver sa peau, mais je ne sais pas ce que fera l'ordinateur qui pilote l'avion !«, dit le PDG de Drone Volt, Olivier Gualdoni. «Il faut qu'une acceptation du public se fasse», ajoute-t-il en prenant l'exemple récent des déboires du Boeing 737 Max : «si les passagers se sentent en insécurité, ils ne monteront pas dans l'avion».

- «Millenials» enthousiastes -

Ansys, éditeur américain de logiciels spécialisé en simulation numérique, a pourtant réalisé un sondage auprès de plus de 22.000 personnes dans le monde selon lequel «plus de deux tiers des consommateurs se déclarent prêts à voyager à bord d'un avion autonome».

En outre, «les 18-24 ans sont les plus enthousiastes, 83% espèrent voler un jour à bord d'un avion autonome, tandis que ce chiffre tombe à 45% pour la catégorie des 65 ans et plus», selon l'étude commandée par cette entreprise.

«Les résultats de cette étude sont encourageants pour l'ensemble de l'industrie aéronautique», commente Eric Bantegnie, vice-président et directeur général de l'unité System Business d'Ansys.

Les constructeurs n'ont pas attendu cette étude pour se pencher sur la question.

«Techniquement, le niveau d'automatisation des opérations, que ce soit le décollage, la navigation, l'atterrissage», est déjà avancé, estime Stéphane Morelli auprès de l'AFP, entre deux démonstrations du Skeyetech, un drone de surveillance pré-programmé qui équipe «une petite dizaine d'entreprises».

«Sur des zones isolées et pour des missions un peu moins complexes comme les transports de colis, on a déjà des solutions qui fonctionnent même si elles ne sont pas encore généralisées», complète Stéphane Morelli. Mais «quand vous transportez des personnes, vous avez la nécessité de vous conformer de la manière la plus stricte aux normes aéronautiques. Ce ne sont pas les mêmes gammes de coûts, ni les mêmes sociétés» qui vont pouvoir supporter ces investissements.

Jérôme Bouchard, expert du cabinet de conseil en stratégie Oliver Wyman, anticipe à «un horizon 2040» de «premiers vols commerciaux autonomes à grande échelle», dit-il à l'AFP.

- «Laisser un peu de temps» -

«Sur un très long terme, ça me semble être une évidence» d'aller vers les avions autonomes, complète Oliver Gualdoni. «Mais je pense que pendant cette période, la technologie et les mentalités auront le temps d'évoluer». Parce qu'entre répondre à un sondage et effectivement monter dans un avion sans pilote, il y a une marge.

Et un avion autonome électrique ? «Oulah ! On n'en est pas encore là...«, répond Jean-Louis Rassineux, responsable aéronautique et défense pour le cabinet d'études Deloitte. «Pour faire décoller un A320 par exemple il faudrait, avec la technologie qu'on a actuellement, le même poids que l'avion en batteries».

«L'évolution de l'électrique va se faire sur des petits engins et quand la technologie va progresser, notamment sur la capacité des batteries, on ira vers quelque chose un petit peu plus semblable à du transport de masse, mais on n'y est encore pas du tout», observe-t-il.

Airbus, Boeing, ADP : plusieurs géants du secteur travaillent sur cette thématique des nouvelles mobilités et ont communiqué sur le sujet à l'occasion du salon du Bourget, mais avec des véhicules transportant moins de 10 personnes.

L'avion électrique sans pilote, «ce sera une réalité, tous les constructeurs y travaillent, mais il faut laisser un peu de temps à la technologie de progresser», conclut M. Rassineux. Un peu de temps pour se faire à l'idée, aussi.

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