Une raffinerie de terres rares à Boatou, en Mongolie intérieure, le 19 août 2012.
Un cycliste circule à proximité d'usines de raffinages de terres rares à Baotou, en Mongolie intérieure, le 21 avril 2011
Song Liuping, responsable juridique de Huawei, lors d'une conférence de presse à Shenzen le 29 mai 2019
Huawei, terres rares: les Chinois contre-attaquent face à Trump
Une raffinerie de terres rares à Boatou, en Mongolie intérieure, le 19 août 2012.
Un cycliste circule à proximité d'usines de raffinages de terres rares à Baotou, en Mongolie intérieure, le 21 avril 2011
Song Liuping, responsable juridique de Huawei, lors d'une conférence de presse à Shenzen le 29 mai 2019
Les Chinois répliquent à Donald Trump: le géant des télécoms Huawei a annoncé mercredi une saisie de la justice américaine contre l'administration, tandis que Pékin menace de réduire ses exportations de terres rares, des métaux vitaux pour l'industrie de l'oncle Sam.
La guerre commerciale s'est intensifiée depuis que Washington a augmenté début mai les droits de douane sur des produits chinois. Elle se double désormais d'une guerre technologique: l'administration Trump a interdit aux sociétés américaines de vendre des technologies à Huawei, numéro deux mondial des smartphones, mettant en péril l'approvisionnement crucial du chinois en puces électroniques.
Face à Trump, médias officiels responsables politiques chinois agitent désormais la menace d'une réduction des exportations de terres rares vers les Etats-Unis -- ce qui pourrait priver Washington d'une ressource cruciale pour la haute technologie.
Car la Chine assure plus de 90% de la production mondiale de cet ensemble de 17 métaux, indispensables aux technologies de pointe et que l'on retrouve dans les smartphones, les écrans plasma, les véhicules électriques mais aussi dans l'armement.
Interrogé pour savoir les terres rares pourraient constituer une arme de rétorsion envers les Etats-Unis, un responsable de la puissante agence de planification économique (NDRC) a publié mardi soir un communiqué au ton menaçant.
«Si quelqu'un veut utiliser des produits fabriqués à partir de nos exportations de terres rares pour freiner le développement de la Chine, alors je pense que (...) le peuple chinois sera mécontent», a-t-il mis en garde.
- «Comme une arme» -
Ces déclarations font suite à la visite remarquée du président Xi Jinping dans une usine de traitement de terres rares la semaine dernière – ce qui avait déjà été interprété comme une menace tacite juste après les menaces des Etats-Unis contre Huawei.
M. Xi avait fait valoir que «les terres rares sont une importante ressource stratégique». «Ce n'est qu'en possession d'une technologie indépendante (que nous) pourrons rester invincibles», avait-il ajouté, semblant faire le lien avec l'affaire Huawei.
Les médias de Pékin enfonçaient le clou mercredi. «En lançant une guerre commerciale contre la Chine, les Etats-Unis courent le risque de perdre un approvisionnement en matériaux vitaux pour leur puissance technologique», relevait l'agence officielle Chine nouvelle.
«Si les Etats-Unis tentent de bloquer le développement de la Chine, tôt ou tard elle se servira des terres rares comme d'une arme», avertissait le quotidien Global Times.
Des analystes estiment cependant que Pékin pourrait hésiter à utiliser le levier des minerais, afin de ne pas accélérer la recherche de solutions alternatives à ces matières premières.
«Si la Chine décide de bloquer les exportations de terres rares vers les Etats-Unis, cela pourrait provoquer des conséquences compliquées, y compris des pertes pour la Chine elle-même», reconnaissait le Global Times, au ton souvent nationaliste.
«La Chine sait toutefois très bien que ce sont les Etats-Unis qui en souffriront le plus».
- «Tyrannique» -
De son côté, Huawei, leader planétaire de la 5G, la cinquième génération de réseaux mobiles, attaque sur le terrain judiciaire: il a annoncé qu'il avait demandé à un tribunal américain d'annuler l'interdiction «tyrannique» faite l'an dernier aux agences fédérales d'acheter ses équipements.
Mis à l'index par Washington qui le soupçonne d'espionnage potentiel au profit de Pékin, le groupe avait déjà déposé plainte en mars au Texas contre cette loi, jugeant que le Congrès des Etats-Unis n'avait jamais pu justifier les restrictions «anticonstitutionnelles» visant la compagnie.
«Le gouvernement américain n'a fourni aucune preuve montrant que Huawei représente une menace pour la sécurité. Il n'y ni arme, ni fumée. Uniquement des suppositions», a déclaré lors d'une conférence de presse Song Liuping, le responsable juridique de l'entreprise, depuis son siège de Shenzhen (sud).
Plus tôt dans la journée, cité par la télévision étatique CCTV, il avait dénoncé la volonté «évidente» de l'administration Trump de «chasser Huawei du marché américain» et l'interdiction «tyrannique» visant les achats de ses équipements par les organes fédéraux.
Rare signe d'apaisement dans la tension croissante entre les deux côtés du Pacifique, le Trésor américain a reconnu mardi qu'aucun des grands partenaires commerciaux des Etats-Unis --y compris la Chine, donc-- n'avait manipulé sa devise pour en tirer un avantage indu.
L'accusation de manipulation du yuan était l'une des plus utilisées jadis par Donald Trump pour affirmer que Pékin exerçait une concurrence déloyale vis-à-vis des entrepreneurs américains.
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