Techno La 5G et l'environnement sont compatibles, affirme le régulateur des télécoms

AFP

6.3.2020 - 08:40

La technologie n'est pas l'ennemie de l'environnement, assure à l'AFP le patron du régulateur des télécoms (Arcep) Sébastien Soriano, appelant au dialogue après le rejet de recours contre la procédure d'attribution des fréquences 5G pour des motifs environnementaux et de santé publique.

Saisie en référé par les associations Agir pour l'Environnement et Priartem, le Conseil d'Etat a estimé qu'il n'y «avait pas d'urgence justifiant la suspension des textes relatifs au déploiement de la 5G», la nouvelle norme de téléphonie mobile qui doit être lancée cette année, et se prononcera sur le fond du dossier avant l'été 2020.

QUESTION: Le débat sur l'utilité et les conséquences de la 5G n'aurait-il pas du être lancé plus tôt, alors que l'attribution des fréquences est imminente?

REPONSE: «A partir du moment où le Conseil d'Etat ne suspend pas la procédure, on ne peut qu'inviter les associations qui ont déposé des recours et celles qui le souhaiteraient à venir dialoguer avec les pouvoirs publics. Nous pensons fondamentalement qu'il faut qu'il y ait une discussion collective pour faire de la 5G une technologie qui soit bonne pour les Français, qui respecte nos valeurs.

L'enjeu n'est pas d'être pour ou contre la technologie, ni d'opposer la 5G à la question environnementale, mais de construire les conditions pour que la technologie, qui est la plupart du temps neutre, se développe dans le sens que l'on veut. La clé, c'est de savoir ce qu'on veut en faire.

Or, nous voulons pouvoir parler de quelque chose qui est réel, et ne pas avoir une discussion seulement théorique. Nous sommes dans le bon tempo: la 5G va se déployer de manière progressive, commencer à être utilisée, on va commencer à voir se développer des usages. C'est le bon moment pour avoir ces discussions».

Q: La 5G est-elle vraiment nécessaire, au regard de son impact sur l'environnement ?

R: «Une partie importante des conséquences environnementales des télécoms vient des équipements et des terminaux. Il y a aussi des pratiques plus énergivores que d'autres. On pourrait interroger la manière dont les opérateurs poussent ou non à l'achat de nouveaux téléphones, à certains comportements des plateformes de streaming comme la fonctionnalité de lecture continue (autoplay) de Netflix. Du côté de l'utilisateur, il faut sans doute mieux l'informer sur ses usages. C'est l'objectif d'applications comme Carbonalyser, de l'organisation The Shift Project (qui permet de visualiser la consommation électrique liée à la navigation internet).

Mais dans la 5G, il peut aussi y avoir certains usages aux conséquences positives pour l'environnement, qui vont permettre par exemple d'économiser un certain nombre de déplacements.

Et désormais, on arrive à saturation sur la 4G».

Q: Jamais le lancement d'un réseau mobile n'a été aussi critiqué. Comment analysez-vous votre rôle dans ce contexte ?

R: «Le regard de la société change, c'est évident. L'Occident est en train de refermer une séquence techno-enthousiaste dans laquelle on pensait que, par définition, la technologie était fondamentalement bonne, alors que ce présupposé existe encore beaucoup en Asie.

Il y a également l'idée que la technologie est poussée par le marché, dans son propre intérêt. De ce changement de regard, on en tire un changement de posture, indépendamment des contentieux en cours. Nous pensons que le régulateur va être celui qui va mettre des limites au marché, ce qui passera le cas échéant par la loi. Le politique pourrait être amené à prendre ses responsabilités.»

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