Dans l'usine de Boeing à Renton le 27 mars 2019
Des ouvriers sous l'aile d'un Boeing 737 MAX dans l'usine de Renton, Washington le 27 mars 2019
La vie continue dans l'usine du Boeing 737 MAX... en apparence
Dans l'usine de Boeing à Renton le 27 mars 2019
Des ouvriers sous l'aile d'un Boeing 737 MAX dans l'usine de Renton, Washington le 27 mars 2019
La crise qui secoue Boeing depuis deux accidents meurtriers impliquant le 737 MAX en cinq mois semble s'être arrêtée aux portes de l'usine d'assemblage de cet avion à Renton, dans l'Etat de Washington, où la production se poursuit normalement ... en apparence.
En cette journée ensoleillée, les trois lignes de production, qui comprennent chacune dix stations de travail, sont occupées.
Parmi les échafaudages et les estrades provisoires installés autour de chaque avion en production, les employés, certains arborant une veste jaune pour bleu de travail ou bien des maillots de l'équipe de football américain locale, s'affairent autour de Boeing 737 MAX à la couleur verte. Les compagnies aériennes changent par la suite sa couleur.
Autour d'une grande table, certains employés planchent sur des dessins, tandis que d'autres devisent, souvent par petits groupes. Trois appareils sont prêts à quitter l'usine.
Une jeune femme et son collègue sont plongés dans une discussion sérieuse après avoir effectué des va-et-vient à l'intérieur d'un appareil auquel il manque encore de nombreuses pièces.
- Salariés muets -
Impossible de savoir ce qu'ils pensent de l'accident du 737 MAX d'Ethiopian Airlines qui a coûté la vie à 157 personnes le 10 mars, ni de celui de Lion Air (189 morts) en octobre.
Pourtant, une longue interdiction de vol de la flotte des 737 cloués au sol depuis deux semaines est susceptible d'affecter leur vie, comme le rappellent d'ailleurs de nombreux articles dans la presse locale.
Boeing a écarté pour l'instant toute suspension de la production ou mesures de chômage technique alors même que l'avionneur ne perçoit plus d'argent des compagnies aériennes à qui il a cessé de livrer pour l'instant ses 737 MAX tout en continuant de payer ses fournisseurs.
On ne pourra pas non plus interroger les salariés sur les pressions supposées que Boeing aurait imposées aux ingénieurs en 2011 pour concevoir l'avion au plus vite. Le constructeur aurait voulu empêcher d'être distancé dans le moyen-courrier par son rival Airbus, dont l'A320 NEO enregistrait déjà de grosses commandes.
Au bout de l'usine est suspendue une photo d'un 737 MAX avec l'inscription: «Bâtir notre avenir ensemble. Premier 737 MAX en 2015».
Cette visite fait partie de l'offensive de charme lancée par Boeing pour tenter de reprendre la main dans cette crise, qui a écorné son image et suscité des interrogations sur ses liens étroits avec les autorités de l'aviation américaine.
Ouverte à quelques journalistes, elle a duré une vingtaine de minutes avec des consignes strictes comme celle de ne pas poser de questions ni d'approcher les employés.
Elle est l'un des points d'orgue d'une journée au cours de laquelle, de façon inédite, Boeing a présenté à la presse le correctif demandé par les autorités américaines aux dysfonctionnements du système anti-décrochage équipant les 737 MAX. Ce logiciel a été mis en cause dans l'accident de Lion Air.
Ce jeu de la «transparence» aux règles codifiées a pour but de montrer que Boeing reste serein en dépit des difficultés et surtout n'a rien à cacher.
L'usine de Renton est située à environ une demi-heure en voiture au sud-est de Seattle (Etat de Washington, ouest) et emploie 12.000 salariés à temps plein. L'organisation du travail y est faite en trois-huit. On y entrevoit l'influence de l'automatisation dans l'aéronautique, les tâches les plus délicates étant confiées à des robots.
L'unité de production est le fief du 737 MAX, dont elle fabrique 52 exemplaires par mois même si Boeing prévoyait d'augmenter les cadences de production, à 57 exemplaires à partir de juin. Cette promesse paraît désormais mal engagée, ce qui serait un coup dur pour Boeing dont le 737 MAX représente plus de deux tiers du carnet de commandes.
Si les livraisons ont été suspendues, les avions assemblés ici sont stockés dans un hangar, ou bien transportés vers deux autres emplacements dont le «Boeing Field» («le champ de Boeing»), un aéroport à ciel ouvert, propriété de l'avionneur, situé entre Renton et Seattle.
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