La métropole de Bordeaux avait déjà adopté fin septembre une motion demandant au gouvernement un moratoire sur cette technologie
La maire de Lille Martine Aubry, lors du premier conseil municipal de son nouveau mandat, le 3 juillet 2020
Une antenne de téléphonie mobile 5G dans une rue de Pékin, le 28 avril 2020
Le conseil municipal de Lille vote un moratoire sur le déploiement de la 5G
La métropole de Bordeaux avait déjà adopté fin septembre une motion demandant au gouvernement un moratoire sur cette technologie
La maire de Lille Martine Aubry, lors du premier conseil municipal de son nouveau mandat, le 3 juillet 2020
Une antenne de téléphonie mobile 5G dans une rue de Pékin, le 28 avril 2020
Le conseil municipal de Lille a adopté dans la nuit de vendredi à samedi un moratoire sur le déploiement de la 5G, un pas de plus dans la fronde d'élus locaux contre la nouvelle génération de réseaux mobiles.
La motion adoptée prévoit de sursoir, sur le territoire de la commune, «à toute autorisation d’implantation ou d'allumage d'antennes +test+ liées à la technologie 5G» jusqu'à la publication au printemps 2021 d'un rapport attendu de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).
«Parce que nos doutes persistent tant du point de vue sanitaire que de la sobriété numérique sur le déploiement de la 5G, nous avons voté (...) un moratoire. Il est urgent d’attendre !«, a déclaré dans un tweet la maire de Lille Martine Aubry.
«Avant de pouvoir affirmer que la 5G représente à coup sûr un progrès pour nos villes et leurs habitants, il nous semble que plusieurs zones d’ombre (...) doivent encore être éclaircies», expliquent les élus dans la motion, présentée par la majorité municipale, le groupe Lille en commun.
«Les rapports officiels publiés ces derniers mois (...) ne permettent toujours pas aux instances les plus compétentes d'exclure tout risque réel sur les populations en lien avec l’exposition à cette nouvelle technologie», arguent-ils.
Les élus s'interrogent aussi sur «le haut niveau des investissements induits», dans le «contexte financier difficile» lié à l'épidémie de Covid-19, ou encore sur «l'utilité réelle» de cette technologie qui contraindra particuliers et professionnels «à renouveler leurs produits électroniques en dépit de toute considération liée à leur durabilité».
- Dialogue possible ? -
«La majorité se cache derrière les peurs et critique le gouvernement en gesticulant plutôt que d'argumenter et d'écouter nos scientifiques Lillois. Un moratoire de posture, sans effet juridique», a tweeté dans la soirée l'une des principales opposantes à Martine Aubry au conseil municipal, Violette Spillebout (ex-candidate LREM à la mairie).
Contactée par l'AFP, Mme Spillebout en veut pour preuve que la mairie de Lille a déjà rendu «20 avis défavorables au passage d'antennes de la 4G à la 5G l'année dernière», qui sont restés sans effet car seulement consultatifs.
Une commune n'a pas la compétence de «réglementer de façon générale l'implantation des antennes relais de téléphonie mobile», pouvoir réservé aux autorités nationales, avait établi le Conseil d'Etat en 2011.
«Le principe de précaution ne permet pas à une autorité publique d'excéder son champ de compétence», affirmait également le juge administratif.
Toutefois, le gouvernement et le principal opérateur français ont donné des gages ces derniers mois, assurant qu'ils prendraient en compte les réticences locales.
«Les maires vont avoir la possibilité de demander davantage de mesures concernant l'exposition aux ondes», avait déclaré fin septembre Cédric O, le secrétaire d'Etat chargé du numérique dans un entretien au Figaro.
Contacté samedi par l'AFP, le secrétariat d'Etat a annoncé un déplacement lundi de M. O pour détailler cet engagement.
«On ne va pas forcer les Français, et les maires en particulier, à accepter quelque chose dont ils ne veulent pas», avait de son côté assuré en juillet le patron d'Orange Stéphane Richard.
«Orange prends acte de ce vote que nous allons étudier», a indiqué samedi l'opérateur à l'AFP. «Pour autant, dans le cadre de la loi et de ses engagements (...), l'opérateur se doit de préparer au mieux l'arrivée de la 5G et souhaite continuer à travailler en bonne intelligence avec les collectivités locales pour engager les déploiements», a-t-il poursuivi.
«Je crois qu'un dialogue est encore possible entre les élus locaux, les opérateurs, et les ONG», a réagi Sébastien Soriano, le président du régulateur des télécoms, auprès de l'AFP. Selon lui, l'Arcep, l'ANFR (régulateur des fréquences) et l'Anses ont les éléments de réponses pour répondre aux interrogations des élus, mais le rapport attendu en 2021 «ne doit pas présenté comme un couperet».
La décision du conseil municipal de Lille arrive après une première motion votée fin septembre par la métropole de Bordeaux, qui reprenait l'idée avancée par 70 élus de gauche et écologistes d'un moratoire sur la 5G.
L’exécutif l'avait rejeté et les enchères ont finalement été lancées le 29 septembre, rapportant pour l'attribution des premières fréquences 2,786 milliards d'euros à l'Etat.
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