Vidéos TikTok Le mythe de la mère parfaite (enfin) déconstruit 

Relax

12.5.2023 - 15:44

La mère parfaite n'existe pas, et les influenceuses sont aujourd'hui nombreuses à vouloir faire voler en éclats les injonctions qui entourent la maternité et le quotidien des jeunes mamans. Aux clichés Instagram idéalisés des 'mom influencers' irréprochables – en apparence – répondent désormais des vidéos TikTok bien plus authentiques faites de désordre, de fatigue, et autres 'imperfections'. De quoi déculpabiliser les jeunes parents.

Les mères non parfaites prennent leur revanche sur les réseaux sociaux en faisant l'unanimité auprès d'utilisateurs en quête d'authenticité.
Les mères non parfaites prennent leur revanche sur les réseaux sociaux en faisant l'unanimité auprès d'utilisateurs en quête d'authenticité.
tatyana_tomsickova / Getty Images

ETX Studio

Connaître les coulisses de la multitude de clichés qui pullulent sur Instagram ne suffit pas à faire retomber la pression, et ce dans de nombreux domaines. Il y a ces corps parfaits qui laissent penser que l'on se néglige, ces vacances de rêve qui renvoient à un quotidien fait de routine et de grisaille, ces vêtements de luxe qui rappellent l'état de nos propres finances, mais aussi ces intérieurs parfaitement rangés et ces enfants sages et soignés qui renvoient à notre incapacité de 'tenir' une famille et un foyer. Ce quotidien idéalisé auquel tout utilisateur de réseau social fait face ponctuellement ou régulièrement compte parmi les effets néfastes de ces nouveaux médias sur la santé mentale, d'autant plus lorsque cela touche à la famille, l'éducation, et plus encore au fameux mythe de la mère parfaite.

Une image fantasmée

Le sujet n'est pas anecdotique. Ces clichés et vidéos se comptent par milliers sur certains réseaux sociaux, et ce depuis des années. On y découvre des intérieurs parfaitement rangés, sans jouets au sol (ni ailleurs), des repas préparés à l'avance, des enfants souriants tirés à quatre épingles qui s'adonnent à des activités créatives dans le plus grand des calmes, et des mamans tout aussi soignées et détendues qui profitent de cette vie rêvée – ou idéalisée. Car si ces mamans existent sans doute, il ne faut pas omettre le fait que ces instants de vie partagés sont le plus souvent mis en scène, et totalement irréalistes, ne participant finalement qu'à culpabiliser et pressuriser des jeunes mamans déjà épuisées physiquement et émotionnellement.

Un problème que des créatrices de contenus TikTok, toutes jeunes mamans, ont décidé de prendre à bras-le-corps, avec des vidéos sans filtres et sans mises en scène, mettant en lumière un quotidien plus authentique et imparfait – ou plus exactement un quotidien en phase avec leur réalité. Exit les cuisines éclatantes de propreté, les jouets dissimulés dans des coffres fermés à double tour, et des quotidiens uniquement rythmés par des activités ludiques et pédagogiques, place au désordre, aux retards, aux tâches qui s'accumulent, et à la possibilité d'être fatiguée, de saturer, et même – soyons fous – de craquer. Sans tomber dans l'excès – il n'est pas question non plus de transformer le quotidien d'une maman en véritable cauchemar – il s'agit de déculpabiliser la majorité des femmes qui font de leur mieux au quotidien et de leur montrer que cette fameuse mère parfaite n'est bel et bien qu'un mythe.

La perfection dans l'imperfection

Parmi les hashtags qui ne cessent de monter sur le réseau social chinois, figurent #nonaestheticmom, qui cumule plus de cinquante millions de vues et se décline également en #nonaesthetichouse et #nonaestheticlife, et #hotmessmoms, qui a déjà généré plus de vingt millions de vues. Dans les deux cas, il s'agit de montrer le quotidien authentique de mamans non parfaites – de mamans tout court – à l'opposé des mamans instagrammables qui ne dévoilent qu'une vision idéalisée de leur vie. Et bien sûr, les utilisatrices s'y retrouvent tout de suite plus facilement. Intérieur en désordre, tenues et coiffures parfois négligées, tâches à accomplir tout au long de la journée, et enfants pas toujours accommodants rythment ces vidéos de quelques minutes qui prêtent à sourire avec bienveillance plus qu'elles ne culpabilisent.





L'Américaine Emily Jeanne (@emilyjeanne333) compte parmi les influenceuses qui se revendiquent aujourd'hui comme des 'mères non parfaites'. Suivie par plus d'un million d'abonnés sur TikTok, la jeune maman se filme au milieu des jouets, de linge non repassé, en pleine réflexion sur les nombreux repas à préparer, et plus généralement sur un quotidien qui est loin d'être toujours rose. Elle le précise elle-même dans ses vidéos, son objectif est de «normaliser le normal», et de faire déculpabiliser les mères, et plus largement les parents, qui s'estiment imparfaits. Au regard des commentaires postés sous les vidéos, on peut dire que nombre d'utilisateurs lui en sont reconnaissants: «Thank you for normalizing what's normal!» ("Merci de normaliser ce qui est normal!"), «Glad it’s not just me» (Heureuse de constater que je ne suis pas la seule dans ce cas», ou «Thank you for this very real narration of my own home» ("Merci pour cette narration très réelle de ma propre maison"), peut-on lire.

Cette jeune maman américaine est loin d'être la seule à tenter de déconstruire le mythe de la mère parfaite, comme on peut le voir sur le réseau social chinois. Le phénomène ne cesse de prendre de l'ampleur dans le monde, répondant à la volonté du plus grand nombre de ne plus être confronté à des idéaux inaccessibles. On le voit également dans la fiction avec des séries comme «Little Fires Everywhere» qui participent à faire voler en éclats les injonctions liées à la famille et à la maternité.