Les puristes de Twitter réclament un retour aux bons vieux 140 caractères
Chaque innovation apporte avec elle son lot de nostalgiques qui souhaitent un retour en arrière, et Twitter n’échappe pas à la règle: les messages de protestation des "twittos" se multiplient mercredi sur le réseau social, au lendemain du passage aux 280 caractères.
Ces irréductibles internautes, qui résistent encore et toujours aux envahisseurs en 280 signes, se sont notamment regroupés autour du mot-dièse "#140forlife", signifiant "140 (caractères) à vie", en référence à l'ancienne taille maximale des tweets.
Ils craignent que Twitter, connu pour la brièveté de ses messages, ne soit dénaturé par ce bouleversement profond de son ADN qui a eu lieu mardi. Fini la recherche de la concision et de la précision: tout le monde pourra maintenant s'étendre en 280 signes.
Bernard Pivot, président de l'académie Goncourt et célèbre ancien animateur de l'émission "Apostrophes", a ainsi dénoncé "une réaction déviationniste" de Twitter dans une interview accordée mercredi au Figaro.
"Certes avec ces 280 signes, nous ne sommes pas encore dans la logorrhée de Facebook, mais nous ne sommes déjà plus dans la rigueur janséniste de la maxime", a déclaré ce grand utilisateur du réseau social, en regrettant "la facilité" maintenant offerte par les 280 signes.
A ses questionnements philosophiques, les journalistes et développeurs du site américain Slate ont apporté une réponse technologique: ils ont mis au point une extension téléchargeable sur le navigateur Google Chrome qui permet d'"amputer de leur surplus tous les tweets de votre feed qui excèdent l'ancienne limite", explique la version française du pure player.
Les utilisateurs qui ont téléchargé ce "plug-in", sobrement intitulé "140",voient donc les messages réduits à 140 caractères, jusqu'à ce que Twitter "trouve un moyen de rendre l'extension obsolète", craint Slate.
- De J.K. Rowling à Tchekhov -
Cela n'empêchera pas les nostalgiques d'échanger leurs souvenirs sur ce qui deviendra sûrement la bonne époque des 140 signes. Les évolutions des réseaux sociaux sont souvent accueillies avec méfiance par leurs utilisateurs. Le remplacement du bouton "Fav" par la fonctionnalité "J'aime" sur Twitter en novembre 2015 avait notamment provoqué une levée de boucliers.
"Twitter, et si on faisait un compromis... Vous donnez à chacun UN (tweet à) 280 caractères par jour ? 140 c'était une forme d'art, 280 va permettre à tout le monde d'écrire un discours de Gettysburg (célèbre discours de l'ancien président Abraham Lincoln, ndlr) que l'on ne veut pas lire", a pour sa part écrit le fils du président, Donald Trump Jr.
Ce goût de la brièveté l'a momentanément rapproché de Stephen King, pourtant farouchement opposé à son président de père. Le célèbre écrivain américain a ainsi résumé avec simplicité la pensée de beaucoup: "280 caractères ? Ta mère".
Dans un registre plus soutenu, J.K. Rowling s'est mêlée de cette querelle des Anciens et des Modernes à l'heure des réseaux sociaux: "Twitter a détruit sa raison d'être. Le but, selon moi, était de voir à quel point les gens pouvaient être inventifs sur cette plate-forme concise #Twitter280characters".
En Allemagne, où la mini-révolution pourrait être appréciée en raison de la longueur des mots dans la langue de Goethe, le porte-parole du gouvernement a appelé l'écrivain russe Anton Tchekhov à la rescousse: "Tchekov: +La brièveté est soeur du talent+. Valable aussi sur Twitter".
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