Steve Mollenkopf (D), Pdg de Qualcomm, lors d'une conférence économique à Washington le 7 décembre 2017
Qualcomm éconduit Broadcom
Semi-conducteurs: Qualcomm éconduit encore Broadcom mais ouvert au dialogue
Steve Mollenkopf (D), Pdg de Qualcomm, lors d'une conférence économique à Washington le 7 décembre 2017
Qualcomm éconduit Broadcom
Le groupe américain de semi-conducteurs Qualcomm a rejeté jeudi, pour la deuxième fois, une offre hostile record de rachat lancée par son concurrent Broadcom tout en proposant de le rencontrer, ouvrant ainsi une porte à des discussions.
Cette offre --relevée lundi à plus de 120 milliards de dollars hors dette, un record pour le secteur technologique-- "sous-évalue" Qualcomm, estime le groupe, selon lequel, l'offre ne répond pas "aux engagements réglementaires stricts qu'exigerait le conseil d'administration" de Qualcomm, écrit ce dernier dans une lettre à Broadcom, basé à Singapour, rendue publique par le groupe américain.
"Toutefois", poursuit Qualcomm, "le conseil est déterminé à explorer toutes les options" qui seraient profitables aux actionnaires. "Nous serions donc prêts à vous rencontrer pour vous permettre de vous expliquer sur la façon dont vous pourriez répondre" aux interrogations soulevées, en matière de montant et de règles de la concurrence, poursuit le groupe basé en Californie (ouest).
Un rachat de Qualcomm, qui fabrique notamment des composants pour Apple, créerait un mastodonte dans un secteur en pleine consolidation face au développement de technologies liées aux véhicules autonomes et à la 5G. L'examen d'une telle opération par les autorités de la concurrence se révèlerait long et ardu. Parfois, le régulateur pose des conditions --comme des cessions d'actifs-- avant de donner un éventuel feu vert.
"Quel est le vrai prix maximum auquel vous seriez prêt à acheter Qualcomm ? Est-ce à 82 dollars l'action ou davantage ?", demande noir sur blanc le président du conseil de Qualcomm Paul Jacobs au PDG de Broadcom Hock Tan, qui, lui, avait affirmé lundi que son offre était "sa meilleure et dernière".
Précisément, poursuit M. Jacobs, cette proposition ne prend pas en compte le fait que Qualcomm est en train de racheter son concurrent néerlandais NXP ou encore "les perspectives importantes" que va permettre l'arrivée de la 5G, l'internet mobile ultrarapide.
L'offre "est inférieure à nos perspectives en tant que groupe indépendant et est très inférieure" aux montants pratiqués dans le secteur des semi-conducteurs, argue-t-il encore.
- Concurrence -
Autre question à laquelle Qualcomm souhaite que son concurrent réponde lors d'une rencontre : "est-ce que Broadcom est prêt à s'engager à prendre toute action nécessaire pour s'assurer que la transaction proposée aille à son terme"?
Car "il est indiscutable qu'il y a des obstacles importants en termes de régulation dans la transaction proposée", écrit M. Jacobs.
"Si Qualcomm s'engageait dans un accord de rachat et qu'après un long délai d'examen par les autorités de régulation, l'opération ne se faisait pas, Qualcomm subirait des dégâts très importants et irréparables", dit-il encore.
Broadcom avait proposé le 6 novembre de racheter Qualcomm pour un montant total de près de 105 milliards de dollars et la reprise de 25 milliards de dollars de dette.
Devant le refus de Qualcomm, il avait relevé lundi son offre d'une vingtaine de milliards de dollars, tout en affirmant que, sans accord d'ici l'assemblée annuelle des actionnaires prévue début mars, il retirerait sa proposition.
Qualcomm fait face à de nombreux contentieux en matière de concurrence dans le monde et vient notamment de se voir infliger une amende de près d'un milliard d'euros par la Commission européenne pour avoir évincé des concurrents.
Une autre enquête européenne est en cours contre le groupe, qui s'est soldée par une amende de 770 millions de dollars en 2017 à Taïwan.
En outre, Qualcomm est engagé dans un long et complexe contentieux juridique avec Apple, à propos de soupçons de violations de brevets.
Broadcom est né du rachat en 2015 du groupe américain du même nom par le groupe américano-singapourien Avago Technologies. La nouvelle entité avait conservé le nom de Broadcom mais le siège avait été établi à Singapour. Cependant, après une rencontre avec le président américain, Donald Trump, en novembre, le groupe avait indiqué qu'il comptait se relocaliser aux Etats-Unis.
Qualcomm pour sa part a son siège à San Diego (Californie).
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